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“La Nuit imaginaire”, le second roman sensuel de Hugo Lindenberg

“La Nuit imaginaire”, le second roman sensuel de Hugo Lindenberg



La Nuit imaginaire est rédigée comme un rapport de police. “Elle a marché jusqu’à l’horloge de la gare de Lyon, la nuit du changement d’heure. Là, elle a avalé des barbituriques et s’est couchée sur la voie.” Elle, c’est la mère du narrateur, étudiant parisien d’une vingtaine d’années, engourdi dans ses chimères jusqu’à ce que sa tante lui révèle la singularité de ce suicide à double détente. Quinze années ont passé, il avait six ans au moment des faits. Il décide d’en comprendre les raisons et les déraisons. Un fardeau qui à la fois l’enlise dans une nouvelle biographie et lui donne des ailes, le met en mouvement autant qu’il le glace.

Il enquête, craignant ce qu’il va découvrir. Un secret ? Un trou noir qui pourrait l’engloutir ? D’abord rien. Les vieilles amies de sa mère parlent plus d’elles ou de lui que la défunte. Des informations inédites s’allument alors dont il s’approche en espérant que leur brûlure le consumera, et dont il s’éloigne parce leur lumière est froide. Dans le labyrinthe de cette quête se dessinent d’autres pistes qui n’ont apparemment rien à voir avec le chemin tracé. Les pistes de la nuit. Qu’il arpente avec son amie Mona au hasard de fêtes stupéfiantes ou qu’il parcourt en solitaire dans les recoins d’une boîte gay où tous les coups, bons ou mauvais, sont permis. “Muet parmi mes frères. La nuit est une berceuse sans fin, je lui prête mon corps avide d’être désiré. Heureux de ne plus porter mon nom.”

Plonger dans le grand bain de la vie

Roman de désapprentissage, le deuxième livre de Hugo Lindenberg après Un jour ce sera vide (Prix du livre Inter en 2021) est une cartographie prodigieuse de toutes les frontières entremêlées : celle qui sépare l’enfance de la maturité, celles plus secrètes, voire invisibles, qui balisent les rues de Paris. Autant de lignes d’ombre telles que décrites par Joseph Conrad, à la fois crépuscule et aurore : “On referme derrière soi la petite porte de la simple enfance — et l’on pénètre dans un jardin enchanté. Ses ombres mêmes brillent de promesses. Chaque détour du sentier a son attrait.”

Sortir la tête de l’eau, selon l’expression consacrée, c’est aussi plonger dans le grand bain de la vie, quoiqu’on en dise. À l’heure où, tous azimuts, la maladie de l’épanchement narcissique se propage, ce roman sensuel criblé d’échappées poétiques discrètement rimbaldiennes témoigne au contraire d’une grande santé qui pulvérise le petit commerce du sentimentalisme.

La Nuit imaginaire, de Hugo Lindenberg, (Flammarion), 240pp., 21€. En librairie.



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Author : Gérard Lefort

Publish date : 2023-10-25 12:43:03

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