*.*.*
close

Bulgarie : cette taxe sur le gaz russe qui agite l’Europe de l’Est

Bulgarie : cette taxe sur le gaz russe qui agite l'Europe de l'Est




Parfois, les pays les plus discrets peuvent créer la surprise. La Bulgarie, nain énergétique, donne pour une fois le tempo. Sans crier gare, Sofia a imposé un prélèvement sur le gaz russe qui transite sur son territoire avant d’atteindre la Serbie et la Hongrie. Le 13 octobre, le Parlement a voté pour imposer une nouvelle taxe de 10,20 euros (20 leva) pour chaque mégawattheure de gaz russe transitant par la section bulgare du TurkStream. Ce gazoduc a été inauguré en 2020 par le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. Sa fonction : relier les champs gaziers russes à la Turquie puis l’Europe via la Bulgarie.Une mesure qui vise à “réduire les profits” du géant russe Gazprom, “et donc l’argent entrant dans les caisses du Kremlin pour financer la guerre en Ukraine”, selon le gouvernement bulgare. Si Sofia n’importe plus de gaz russe pour sa propre consommation, elle reste “une plaque tournante pour son acheminement via le gazoduc Turkstream”, précisent nos confrères de La Tribune.La Bulgarie peut décider comment elle utilisera les recettes provenant de la taxe de 10 €/MWh sur les importations de gaz russe transitant par le territoire bulgare, a confirmé dans la foulée la Commission européenne. “Les frais facturés par la Bulgarie pour le transit du gaz russe vers la Serbie, la Hongrie et la Macédoine du Nord constituent une mesure nationale et c’est donc à la Bulgarie de décider où allouer les revenus”, avait déclaré à la presse le porte-parole de la Commission, Tim McPhie. La Bulgarie attend entre 1,2 et 1,5 milliard d’euros de recettes annuelles grâce à cette nouvelle taxe. Si le pays exploite la situation géopolitique en Europe pour gonfler son budget, ses voisins y voient un acte inamical.”Un gros problème pour nous”La Bulgarie s’est attiré les foudres de la Hongrie et de la Serbie, qui dépendent du gaz russe transporté via le prolongement du TurkStream. Le président serbe Alexander Vucic a estimé, samedi 14 octobre, au journal Politika que cette décision constituait “un gros problème pour nous, elle entraînerait une augmentation drastique du prix du gaz, de 100 euros supplémentaires pour 1 000 mètres cubes de gaz”. “Cela ne devrait pas s’appliquer à la Serbie”, a renchéri le chef de l’Etat serbe, ajoutant qu’il s’entretiendrait avec le président bulgare Rumen Radev.L’inquiétude de la Serbie a trouvé un écho en Hongrie. “C’est inacceptable. Qu’un Etat membre de l’UE mette en péril l’approvisionnement en gaz d’un autre Etat membre de l’UE est tout simplement contraire à la solidarité européenne et aux règles européennes”, a fustigé, lundi 16 octobre, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto. Il a décrit cette décision comme une nouvelle tentative visant à rendre impossible la coopération énergétique entre la Hongrie et la Russie.Et du côté de la Bulgarie ? Silence radio. La décision a été adoptée sans aucune déclaration majeure de la part du gouvernement, au pouvoir depuis juin et composé de deux forces opposées : le duo réformateur “Nous poursuivons le changement” et la Bulgarie démocratique d’un côté, et de l’autre le GERB au pouvoir en Bulgarie, soutenu depuis longtemps par les Forces Démocratiques Unies.Cette taxe va-t-elle porter ses fruits et se concrétiser ? La Bulgarie s’attend à ce que les recettes de la nouvelle redevance soient payées le 14 novembre, mais certains experts énergétiques bulgares doutent que le pays reçoive cet argent. En effet, le gazoduc peut difficilement être certifié comme étant russe, car il combine plusieurs sources, a expliqué l’expert en énergie Kaloyan Staykov à Euractiv.Une prise de distance avec la Russie ?Gazprom n’a pas encore commenté publiquement la nouvelle taxe sur l’énergie, et il n’est pas encore clair s’il a l’intention de la payer. Le ministre bulgare des Finances, Asen Vassilev, a déclaré que si Gazprom refusait de payer, ses garanties financières provenant de contrats en Bulgarie ou ses actifs dans le pays seraient saisis.Une chose est sûre : la Bulgarie choisit progressivement de se détacher de la Russie. Sofia a approuvé, mercredi 25 octobre, la construction de deux premiers réacteurs nucléaires américains, s’affranchissant ainsi davantage de Moscou. Ils seront de type AP1000, technologie mise au point par l’américain Westinghouse, selon un communiqué du gouvernement. S’il s’agit de remplacer les centrales à charbon qui doivent fermer d’ici à 2038, selon les engagements pris par Sofia sous la pression de Bruxelles, ce projet vise surtout à diminuer la dépendance quasi-totale de la Bulgarie à la Russie en matière d’énergie.En juillet dernier, Sofia mettait fin à la concession de la compagnie russe Lukoil sur le terminal pétrolier de Rosenets, près de la ville côtière de Bourgas, dans le sud-est du pays et à l’ouest de la mer Noire. Un symbole de l’ingérence russe. Le pays russophile est-il en train de marquer un tournant ?



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/bulgarie-cette-taxe-sur-le-gaz-russe-qui-agite-leurope-de-lest-FME3RJW4O5FCHJF3QHOBU56PFY/

Author :

Publish date : 2023-11-02 13:05:54

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags :L’Express

..........................%%%...*...........................................$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$--------------------.....