Beaucoup de bruit pour pas grand-chose. De la banlieue sud de Beyrouth jusqu’à Nabatiyé, dans le sud, des milliers de partisans du Hezbollah étaient réunis vendredi 3 novembre sous les drapeaux jaunes, dans l’attente d’un seul mot d’ordre… qui n’est pas venu. Car le discours tant attendu du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, censé bouleverser la donne, s’est révélé au final bien tiède. Le chef du parti chiite, protégé de Téhéran, resté silencieux depuis le 7 octobre, a clairement mis un frein à un engagement plus large de sa milice dans la séquence en cours.On l’attendait en commandant en chef de “l’Axe de la Résistance”, du nom donné par l’Iran aux groupes et Etats qui s’opposent à Israël. Il a, au contraire, tout fait ou presque pour éviter d’enfiler le costume, niant toute implication dans l’attaque sanglante du Hamas et se contentant de menaces assez vagues à l’intention d’Israël et des Etats-Unis. S’il a haussé le ton en déclarant que toutes les options sont sur la table, il a lié une potentielle action de plus large ampleur à l’évolution de la situation à Gaza ou à une offensive israélienne sur le Liban.Son discours pourrait ainsi être résumé en deux idées : “Je ne ferai la guerre que si elle m’est imposée” ; “le Hamas a réalisé un exploit mais je n’y suis pour rien”. Preuve de sa volonté de se distancier de l’opération menée par son allié palestinien, Hassan Nasrallah est allé jusqu’à reprendre les thèses complotistes qui accusent Tsahal d’être responsable de la mort des civils israéliens.La peur d’une escaladeHassan Nasrallah et son parrain iranien ont-ils peur d’une escalade qui pourrait les placer dans le viseur direct des Etats-Unis ? Probablement. Le parti a déjà perdu 57 combattants en moins d’un mois dans une guerre qui ne dit toujours pas son nom. Mais ce n’est pas la seule raison qui explique sa relative retenue. Le sayyed sait que les Libanais ne veulent pas d’une nouvelle guerre et pourraient ne pas le lui pardonner. Il sait aussi que, pour le moment, l’Iran est en position de force et qu’il n’a pas intérêt à prendre des risques qui pourraient lui faire perdre beaucoup plus que les gains engendrés jusqu’à maintenant. Il estime en outre que l’armée israélienne ne pourra pas atteindre ses objectifs à Gaza et que le piège du Hamas est en train de se retourner contre elle.Hassan Nasrallah doit trouver un équilibre délicat entre son soutien à la cause palestinienne, l’essence de la “Résistance”, et sa volonté de ne pas fragiliser ses acquis au Liban et dans la région. Il veut exister, sans être en première ligne. Pour le moment, la stratégie est plutôt payante. Il peut se vanter de contraindre Israël à mobiliser une partie de son armée à sa frontière nord. Il peut sentir que le monde arabe est en ébullition et que lui et son parrain iranien pourront surfer des années sur cette colère.Mais le pari de Hassan Nasrallah repose sur le fait que l’armée israélienne va échouer. Et s’il avait tort ? Et si Tsahal parvenait à détruire le Hamas à Gaza, que ferait Hassan Nasrallah ? Et s’il était pris à son tour à son propre piège ?
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Publish date : 2023-11-03 18:46:12
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