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Ukraine : Zelensky et le dilemme de l’élection présidentielle 2024

Ukraine : Zelensky et le dilemme de l’élection présidentielle 2024




L’élection présidentielle ukrainienne se tiendra-t-elle en 2024 ? C’est la question qui se pose à l’approche de la fin du quinquennat du président Volodymyr Zelensky, élu au suffrage universel direct en 2019. Le ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a admis, ce vendredi 2 novembre en marge de la World Policy Conference à Abou Dhabi (Emirats Arabes Unis), “peser le pour et le contre” de l’organisation de ce scrutin, malgré la guerre et les nombreux “défis” pratiques. Bien que la pression occidentale concernant le maintien ou non de cette élection augmente, il faudrait notamment changer la législation, la loi martiale mise en place depuis le début de l’invasion russe interdisant toute élection.Ce qui ne semble pas être un obstacle pour Volodymyr Zelensky. Début septembre, lors de la conférence annuelle Yalta European Strategy à Kiev, il s’est dit “prêt” à organiser des élections dans son pays en temps de guerre, “si le peuple en a besoin”. “Pour le président ukrainien, la tenue des élections est techniquement possible. Il n’y a pas d’opposition de principe dessus “, affirme à L’Express Alexandra Goujon, maîtresse de conférences à l’Université de Bourgogne et auteure de L’Ukraine : de l’indépendance à la guerre (Editions Le Cavalier bleu). Or l’invasion russe et les combats compliquent évidemment le processus. “Ce n’est pas une question de démocratie”, mais “uniquement de sécurité”, avait encore assuré le président Zelensky en septembre, soulignant qu’il y avait “beaucoup” de problèmes à régler.Nombreuses inconnuesParmi ceux-ci, le vote des soldats qui combattent dans les tranchées, ou encore la venue d’observateurs internationaux dans une zone de guerre, avait-il expliqué. Une liste à laquelle Dmytro Kouleba a ajouté, vendredi, l’organisation du scrutin pour les 8 millions d’Ukrainiens se trouvant à l’étranger et le risque que les bureaux de vote en Ukraine ne deviennent “des cibles parfaites pour les missiles et drones russes”. Pour permettre aux réfugiés de voter, il faudrait par exemple installer des bureaux de vote dans toute l’Europe. Or les pays étrangers ne sauraient accepter des bureaux hors des représentations ukrainiennes.Autres inconnues : le déroulement de la campagne électorale, alors que les rassemblements sont interdits, et son financement. En temps de paix, organiser des élections coûte 5 milliards de hryvnias (125 millions d’euros), a relevé Volodymyr Zelensky. Il a dit ignorer quel serait ce budget en temps de guerre. Quoi qu’il en soit, le président ukrainien a exclu la possibilité de “prendre l’argent des armes pour le donner aux élections”.L’Ukraine, une “démocratie en guerre”Le dilemme sur l’organisation d’élections en temps de guerre a fait son retour dans les discussions politiques fin août, lorsque le sénateur américain Lindsey Graham (républicain), en déplacement à Kiev, a appelé les autorités à organiser des scrutins “libres et équitables”, malgré la poursuite des attaques russes. Volodymyr Zelensky a rétorqué que le vote pourrait notamment se tenir si les Etats-Unis et l’Union européenne partageaient les coûts pour le mettre en place.”À l’heure actuelle, il y a consensus sur l’absence de nécessité d’élection présidentielle. Ce sujet est peu clivant. Pour les Ukrainiens, la priorité c’est la guerre et la victoire c’est tout”, tient à préciser Alexandra Goujon. Pour autant, il ne serait pas pertinent pour le pouvoir d’affirmer d’ores et déjà que l’élection ne se tiendra pas : “D’un côté, on ne peut pas prédire ce qu’il se passera dans les prochains mois sur le terrain notamment, ce qui pourrait être de nature à changer la donne. De l’autre, si le pouvoir admet déjà que l’élection ne se tiendra pas, le risque est que l’opinion publique s’insurge, admet la spécialiste de l’Ukraine. Cela voudrait dire qu’on est plus en démocratie. Or l’Ukraine veut se montrer comme une démocratie malgré la guerre.”Débat de politique intérieure relancéLes choses pourraient-elles toutefois changer ? Si Zelensky n’a pas clairement dit s’il briguerait un deuxième mandat, un de ses anciens conseillers, Oleksiy Arestovitch, tombé en disgrâce peu après le début de la guerre, a déjà annoncé ses ambitions présidentielles. “Dans certains scénarios, j’ai toutes les chances d’être le prochain président de l’Ukraine “, a-t-il affirmé ce 3 novembre au journal russe en exil Meduza. Oleksiy Arestovitch est partisan d’une solution temporaire, suggérée par le diplomate américain Henry Kissinger, pour faire cesser les hostilités : laisser la Crimée et le Donbass aux mains des Russes, en attendant que les successeurs à Vladimir Poutine soient nommés. “Je suis persuadé qu’ils seront plus sains d’esprit que lui et son entourage.”Pour l’universitaire Alexandra Goujon, la volonté d’Oleksiy Arestovitch de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle, “renforce encore plus l’idée du risque à préparer une élection pour les Ukrainiens”. Selon un sondage mené en septembre 2023, Arestovitch faisait partie des personnalités politiques à l’égard desquelles s’exprimait une large défiance (plus de 70 % des personnes interrogées).”La seule chose qui pourrait faire évoluer les choses aujourd’hui serait que le président ukrainien prenne une décision que réprouve le peuple comme, par exemple, s’asseoir à la table des négociations à moins d’y apporter une justification imparable”, estime Alexandra Goujon. La discussion autour du maintien ou non de la présidentielle relance en tout cas le débat de politique intérieure. Reste à savoir sur quoi il se fondera : quel est l’objectif de ce scrutin ? Mieux gagner la guerre ? Que pourrait faire de plus celui qui remportera l’élection ? Une chose est sûre : la priorité reste aujourd’hui la victoire face à la Russie.



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Publish date : 2023-11-04 16:52:06

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Tags :L’Express

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