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CMA-CGM, Maersk… Le gros trou d’air des géants du fret maritime

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Ralentissement du commerce mondial, surcapacité, baisse significative des taux de fret : les géants du transport maritime connaissent un recul important de leurs bénéfices. Vendredi 10 novembre, l’armateur français CMA-CGM a publié ses résultats financiers du troisième trimestre 2023 : 388 millions de dollars, soit 18 fois moins que sur l’année 2022. “La normalisation de notre secteur [NDLR : du transport et de la logistique] se poursuit au troisième trimestre, avec un retour à des conditions de marché que nous connaissions avant la pandémie”, a commenté le PDG, Rodolphe Saadé, dans un communiqué.Le groupe connaît une importante baisse du chiffre d’affaires de ses activités maritime : 7,6 milliards de dollars, soit 51,8 % de moins qu’à la même période l’an passé. Et il n’est pas le seul : les résultats des autres géants du secteur, publiés ces derniers jours, sont venus souligner un brutal retour sur terre après les superprofits des années Covid. Le groupe danois Maersk, deuxième compagnie mondiale, a ainsi vu son bénéfice divisé par 17 au troisième trimestre comparé à 2022. Et il a annoncé la suppression de 3 500 emplois en 2024.Baisse de la consommation mondialeCette fonte des revenus des géants du transport maritime est en grande partie liée à l’effondrement des taux de fret entre mars et décembre 2022, jusqu’à retrouver leurs niveaux d’avant la crise sanitaire. Ils s’étaient envolés avec la pandémie de Covid-19 et l’explosion de la demande de matériel médical, mais aussi de biens de consommation, alors que les restrictions sanitaires à travers le monde avaient poussé les ménages à réorienter leurs dépenses vers des équipements, meubles et autres biens matériels faute de dépenser en voyages et sorties. “Le ralentissement de l’économie mondiale devrait continuer à peser sur notre industrie dans la période à venir, mais les volumes transportés demeurent solides”, a tempéré Rodolphe Saadé.L’acheminement par bateau d’un conteneur standard de 40 pieds ne coûte désormais plus que 1 216 dollars, selon le Freightos Baltic Index, contre 11 109 dollars en septembre 2021. Plusieurs routes maritimes atteignent d’ailleurs à peine le seuil de rentabilité. Comme le flux transpacifique – entre l’Asie et l’Amérique du Nord – qui est le “principal flux mondial de porte-conteneurs”, d’après Arthur Barillas de Thé, directeur général du commissionnaire de transport Ovrsea. “C’est le flux qui est monté le plus haut pendant le Covid et c’est aussi celui qui s’est effondré le plus vite”, explique-t-il auprès de l’AFP. Même le flux transatlantique, traditionnellement plus profitable, a très largement baissé.SurcapacitésLes indicateurs économiques mondiaux n’incitent pas à l’optimisme. “Il est probable que les dépenses de consommation stagnent dans un environnement de taux d’intérêt plus élevés” dans les grandes économies mondiales, souligne Jonathan Roach, analyste spécialiste du transport de conteneurs pour Braemar. Le PDG de CMA-CGM, a dit vendredi s’attendre à une croissance atone du commerce mondial pendant toute l’année 2024.Autre conséquence liée à la baisse des échanges internationaux : des flottes en surcapacité. Grâce aux profits phénoménaux engrangés en 2021 et 2022, les grandes compagnies ont en effet investi dans des centaines de nouveaux navires. Vincent Clerc, directeur général d’AP Møller-Maersk, s’est ainsi inquiété “qu’une mauvaise situation soit aggravée par le grand nombre de navires commandés par des concurrents au cours des années de boom et qui devraient être livrés cette année et en 2024”, a-t-il indiqué au Financial Times.De son côté, Braemar prévoit une croissance annuelle moyenne de la flotte d’environ 5 % à 5,5 % entre 2023 et 2027. L’offre excédentaire de navire devrait alors atteindre 20 % par rapport à 2020. Il ne s’agit pas pour autant d’une crise, insiste auprès de l’AFP Niels Rasmussen, analyste en chef pour Bimco, principale association mondiale de transporteurs maritimes. En 2008, avant la crise financière, le carnet de commandes de nouveaux navires équivalait à 60 % de la flotte mondiale en service. “Aujourd’hui, il est de 27 %”, précise-t-il.”La frénésie des armateurs à acheter de nouveaux navires en période de prospérité, pour les voir arriver en période de vaches maigres, est une histoire aussi vieille que l’industrie du transport maritime elle-même”, relativise quant à lui Daniel Richards, analyste de MSI. Les grandes compagnies sont aussi “beaucoup plus saines financièrement car elles ont bénéficié des très forts profits” des années Covid et se sont diversifiées dans la logistique notamment, relève Camille Egloff, spécialiste du transport maritime au Boston Consulting Group.



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Publish date : 2023-11-11 15:02:50

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