Les dirigeants de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), réunis à Riyad lors d’un sommet conjoint, ont rejeté ce samedi 11 novembre l’argument israélien de “légitime défense” dans la bande de Gaza, et exigé l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans ce territoire.La déclaration finale du sommet indique que les membres de la Ligue arabe et les pays musulmans “refusent de qualifier cette guerre de légitime défense ou de la justifier sous quelque prétexte que ce soit”. Ces pays ont également demandé au Conseil de sécurité des Nations unies d’adopter “une résolution décisive et contraignante” pour mettre fin à “l’agression” israélienne dans la bande de Gaza, cinq semaines après l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre, lors de laquelle 1 200 personnes ont été tuées.”Israël responsable”, selon Mohammed ben SalmaneL’Arabie saoudite “tient les autorités d’occupation (israéliennes) pour responsables des crimes commis contre le peuple palestinien”, a déclaré le prince héritier Mohammed ben Salmane, à l’ouverture du sommet. “Nous sommes certains que le seul moyen de garantir la sécurité, la paix et la stabilité dans la région est de mettre fin à l’occupation, au siège et à la colonisation”, a-t-il ajouté.Le président iranien, Ebrahim Raïsi, en visite pour la première fois en Arabie saoudite depuis le rapprochement des deux pays en mars, a demandé aux pays islamiques de désigner l’armée israélienne comme une “organisation terroriste”. La Ligue arabe et l’OCI devaient au départ tenir leurs réunions séparément, mais le ministère saoudien des Affaires étrangères a annoncé tôt samedi que les deux sommets seraient tenus en commun.”Rompre les liens économiques”Certains pays, notamment l’Algérie et le Liban, ont proposé de rompre les liens économiques et diplomatiques avec Israël et de cesser d’approvisionner en pétrole ce pays et ses alliés, selon des diplomates. Toutefois, au moins trois pays parmi lesquels les Emirats arabes unis et Bahreïn, qui ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020, ont rejeté cette proposition.De son côté, le Jihad islamique, allié du Hamas à Gaza, a dit ne “rien” attendre de cette réunion. “Nous ne plaçons pas nos espoirs dans de telles réunions” qui n’ont jamais donné de résultats, a déclaré vendredi Mohammad al-Hindi, secrétaire général adjoint du groupe, lors d’une conférence de presse à Beyrouth. “Le fait que cette conférence se tienne après 35 jours (de guerre)” est une indication claire, a-t-il ajouté.Israël et son principal allié, les Etats-Unis, ont jusqu’à présent rejeté les demandes de cessez-le-feu. “Il est honteux que les pays occidentaux, qui parlent toujours des droits de l’homme et des libertés, restent silencieux face aux massacres en cours en Palestine”, a déclaré pour sa part le président turc, Recep Tayyip Erdogan.Les divergences de position ont été clairement affichées lors de la dernière visite du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken dans la région, et de celle du ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, jeudi à Riyad, où il a rencontré certains de ses homologues arabes. “Ce que nous avons dit, c’est qu’il est compréhensible de demander un cessez-le-feu, mais nous reconnaissons également qu’Israël prend des mesures pour assurer sa propre stabilité et sa propre sécurité”, a déclaré James Cleverly.Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a quant à lui souligné que Washington avait “la plus grande influence sur Israël” et “portait (en conséquence) la responsabilité de l’absence de solution politique” au conflit. Le président syrien Bachar al-Assad a, lui, estimé que l’absence de mesures punitives contre Israël rendrait le sommet “insignifiant” et prôné de ne pas engager de processus politique avec Israël jusqu’à l’obtention d’un cessez-le-feu à Gaza.Eviter l’embrasement régionalIl faut des “mesures de persuasion pour stopper les crimes de guerre” a déclaré pour sa part l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, dont le pays est impliqué dans les efforts visant à obtenir la libération des otages israéliens et étrangers retenus à Gaza.La monarchie saoudienne, qui entretient des liens étroits avec les Etats-Unis et qui envisageait avant la guerre de normaliser ses relations avec Israël, craint d’être prise pour cible, estiment les analystes cités par l’AFP. Vendredi, le prince héritier et dirigeant de facto du royaume, Mohammed ben Salmane, a dénoncé les “violations continues du droit humanitaire international par les forces d’occupation israéliennes”, dans sa première déclaration publique sur la guerre.”Les Saoudiens espèrent que le fait de ne pas avoir encore normalisé leurs relations et de disposer d’un canal (de communication) avec les Iraniens leur donne une certaine protection”, a affirmé Kim Ghattas, auteure d’un livre sur la rivalité irano-saoudienne, lors d’une table ronde organisée par le Arab Gulf States Institute à Washington. “Et je pense que les Iraniens espèrent que le fait qu’ils soient en contact avec les Saoudiens […] leur offre aussi une certaine protection”, a-t-elle ajouté.Combats autour des hôpitauxCe sommet d’urgence se tient dans un contexte d’intensification des combats autour d’hôpitaux à Gaza notamment celui d’al-Shifa, le plus important du territoire, entre les troupes israéliennes et des combattants du Hamas. L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a évoqué, ce samedi matin, une situation “catastrophique” à l’intérieur de l’établissement.🔴UPDATE:
Over the last few hours, the attacks against Al-Shifa Hospital have dramatically intensified. Our staff at the hospital have reported a catastrophic situation inside just few hours ago https://t.co/FSWagVTYF5.— MSF International (@MSF) November 11, 2023″Tous les hôpitaux de la ville de Gaza ont été visés” vendredi par l’armée israélienne, a assuré le directeur de l’hôpital al-Shifa, Mohammed Abou Salmiya. Devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a renouvelé ses appels à un cessez-le-feu, soulignant que le système de santé de la bande de Gaza est “à genoux”.L’armée israélienne n’a pas commenté ces affirmations, mais a assuré vendredi qu’elle “tuerait” les combattants du Hamas “qui tirent à partir des hôpitaux” à Gaza. Elle a dit dans la soirée avoir éliminé “environ 150 terroristes”. Au total, 20 des 36 hôpitaux du territoire ne sont plus opérationnels, selon l’agence onusienne chargée de la coordination humanitaire (Ocha), alors même que le nombre de blessés croît quotidiennement.Le président français Emmanuel Macron a, quant à lui, “exhorté Israël à cesser” les bombardements tuant des civils, dans un entretien à la BBC. “Ces bébés, ces femmes, ces personnes âgées sont bombardés et tués.” Il n’y a “aucune justification” et “aucune légitimité à cela”, a-t-il estimé.Pilonné sans relâche depuis plus d’un mois et soumis à un siège total, le petit territoire palestinien où 1,6 des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés, selon l’ONU, est plongé dans une situation humanitaire catastrophique. Israël a accepté de faire des “pauses” humanitaires quotidiennes pour permettre aux civils de fuir vers le sud du territoire, davantage épargné, via un “corridor”.
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Publish date : 2023-11-11 17:08:13
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