L’État persiste sur le choix du site de surf des Jeux olympiques de Paris 2024. Vendredi 10 novembre, en marge du dévoilement du parcours de la flamme paralympique à Saint-Denis, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra l’a assuré : le site de Teahupo’o, en Polynésie, reste bien “l’option centrale” pour les épreuves de surf aux JO 2024.Les tensions sont pourtant fortes entre Papeete et Paris, alors que de nouvelles discussions sont prévues “ce week-end” entre la ministre et le président de cet archipel français autonome. Car à neuf mois de la compétition, la population et le gouvernement local critiquent fortement le projet d’installation d’une nouvelle infrastructure au milieu du lagon de ce site naturel.Des critiques centrées sur une nouvelle tour en aluminiumUn site choisi au départ pour de bonnes raisons. Dans sa dernière déclaration, Amélie Oudéa-Castéra a rappelé la qualité de ce “site extraordinaire de Teahupo’o, où il y a cette vague inouïe, absolument unique au monde”. Or le comité organisateur des JO prévoit d’installer, pour les juges, une nouvelle tour en aluminium de 14 mètres de haut, en plein lagon. Le coût de cette infrastructure, déjà construite, est estimé à plus de 4 millions d’euros. Elle remplacerait ainsi l’actuelle tour en bois, habituellement utilisée pour les compétitions internationales mais qui n’est plus aux normes.Ce projet d’installation est pourtant vivement critiqué depuis plusieurs semaines par des riverains, des surfeurs et des militants écologistes. Il faudrait en effet remplacer les fondations marines de la vieille tour de juges par de nouvelles, ce qui risquerait, selon eux, de détériorer le corail du site.Une tension locale qui atteint la sphère politiqueUne polémique s’est récemment superposée à ces tensions latentes : celle du voyage de la maire de Paris, Anne Hidalgo, dans l’archipel. Après un déplacement fin octobre en Nouvelle-Calédonie puis en Polynésie française, l’opposition de droite au conseil municipal a dénoncé quelques jours plus tard l’usage de deniers publics et le coût écologique de cette “vadrouille aux frais des Parisiens”. Une visite officielle pourtant validée ce samedi 11 novembre par la commission de déontologie de la ville de Paris, et qui avait notamment pour but d’évoquer l’épreuve de surf sur le site tahitien.Or la réponse de la mairie à cette polémique a souligné la délicatesse du sujet entre la métropole et l’archipel : Anne Hidalgo a reconnu ne pas s’être rendue en personne sur le site de surf, laissant la place à son adjoint aux Sports, Pierre Rabadan. Un choix fait “à la demande du président polynésien” Moetai Brotherson, du fait des “tensions locales”.Si le président de la Polynésie française a d’abord tenté de rassurer les opposants au projet, l’homme politique indépendantiste a finalement rejoint leur demande de changer de site de surf. Mercredi 8 novembre, il indiquait à l’AFP ne pas voir “où on pourrait faire passer la barge [de la foreuse] […] sans exploser du corail”.Des alternatives encore incertainesCe revirement récent n’arrange en rien le Comité d’organisation des JO, le Cojo, qui négocie depuis plusieurs semaines avec le gouvernement autonome polynésien pour trouver une alternative. Le président Moetai Brotherson envisage désormais de déménager l’épreuve sur un autre spot : celui de Taharuu, moins renommé mais plus facile d’accès que Teahupo’o, sur la côte ouest de Tahiti. Le site serait selon lui “doté de toutes les infrastructures à terre”, ce qui éviterait de construire une tour de juges au large. Une option pourtant écartée lors de l’organisation des épreuves de surf, mais “qu’on pourra réviser”, avance Moetai Brotherson.D’autres solutions sont malgré tout avancées pour maintenir les épreuves à Teahupo’o. S’il est trop tard pour construire une nouvelle tour en bois semblable à celle prévue en aluminium, une autre option envisagée serait d’installer la tour métallique déjà construite sur les fondations en bois de l’ancienne tour, selon une source proche du dossier à l’AFP. Mais la possibilité est “techniquement” incertaine, d’après cette même source.Le temps est pourtant compté : la proximité de ce débat avec le début des JO 2024 dans neuf mois rend peu probable l’hypothèse d’un déménagement. L’État français pourrait donc imposer son choix contre l’avis du gouvernement local, au risque de donner du grain à moudre au mouvement indépendantiste au pouvoir. Depuis 2013, la Polynésie française est considérée par l’ONU comme territoire non-autonome à décoloniser.
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Publish date : 2023-11-11 16:55:53
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