*.*.*
close

Marche contre l’antisémitisme : accueillie sans heurts, Marine Le Pen fait profil bas

logo




La place Salvador Allende, à deux pas des Invalides à Paris, commence à se remplir. Sous les arbres alourdis par la pluie, se pressent les élus du Rassemblement national et les membres de Reconquête (le parti d’Eric Zemmour). Les deux partis d’extrême-droite participent, ce dimanche 12 novembre, à la grande marche contre l’antisémitisme. Mais les élus des différents bords ont prévenu : ils ne souhaitent pas marcher à leurs côtés. Pas de place pour Marine Le Pen dans le cortège de tête, obligée de faire son entrée en paria, flanquée malgré elle de ses meilleurs ennemis zemmouristes. Un cadre se prend à rêver : “On pourrait défiler tous ensemble, Marine Le Pen, Éric Zemmour, Marion Maréchal et Jordan Bardella, ça aurait de la gueule !” Les lepénistes goûtent peu à cette main tendue. “Rappelez-moi déjà, qui est Reconquête ?”, lâche dédaigneusement le secrétaire général du groupe RN à l’Assemblée Renaud Labaye.Trêve de plaisanterie. Marine Le Pen arrive, accompagnée de Jordan Bardella. La presse se précipite pour la questionner. Se sent-elle à sa place dans cette manifestation ? Comprend-elle, au regard de l’histoire de son parti, et des déclarations antisémites passées de Jean-Marie Le Pen, que certains protestent contre sa présence ? “Nous sommes exactement là où nous devons être, tranche-t-elle. Et si certains politiques n’ont pas la grandeur de s’élever au-dessus de l’événement et continuent à faire de la petite politique politicienne, ça en dit plus long sur eux que sur nous.”Un accueil partagé”Vous n’avez pas honte ?” ajoute la députée du Pas-de-Calais à un journaliste dont la question se fait un peu pressante. Agacée, elle tourne le dos à la nuée de micros pour rejoindre ses camarades. Ces derniers commencent à scander son nom en rythme. “Marine, Marine, Marine !” Elle coupe court. “Je vous en prie, ce n’est absolument pas le moment.” L’élue ne tient pas à se faire remarquer. Elle ajoute : “Bon, je vais me mettre avec vous, parce que vu le niveau de bassesse de la presse, je suis atterrée.” La foule elle-même est partagée. En marge, deux quinquagénaires échangent. Le premier ne se remet pas de la scène qui se déroule devant lui. “Je suis un juif d’extrême-gauche, et voir ces fascistes défiler ici, ça me donne la nausée.” La seconde rétorque : “Monsieur, les temps ont changé, il y a une recomposition politique, nous sommes tous là pour une même cause, leur présence est légitime.”La marche débute. Premier comité d’accueil : le collectif Golem, revendiqué par des juifs de gauche, mené par l’avocat Arié Alimi, qui proteste à grand renfort de cris contre la présence des frontistes. Ils sont contenus par les forces de l’ordre. L’incident est maîtrisé, le cortège se joint à la foule. Les réactions varient. En passant devant le cortège RN, une femme d’une quarantaine d’années lance, excédée : “Vous n’avez rien à faire ici, c’est honteux !” Elle est huée par des militants qui rétorquent : “La honte, c’est LFI !” – le parti de Jean-Luc Mélenchon n’a pas souhaité se joindre à la manifestation. Sur le côté, des marcheurs espagnols frappent frénétiquement dans leurs mains au passage des élus. Un jeune homme les informe : il s’agit de Marine Le Pen. L’applaudissement est stoppé net. A quelques mètres de là, Eric Zemmour et Marion Maréchal bénéficient d’un accueil plus chaleureux. Autour d’eux, quelques sifflets, mais surtout des militants venus prendre des selfies et féliciter le candidat déçu à la présidentielle. L’un d’eux pronostique : “Le Pen, elle se couchera, c’est sûr, c’est Zemmour ou rien.””Qu’est-ce que tu veux que je te dise… au moins elle est là”Marine Le Pen, elle, continue d’avancer à pas de fourmi. En queue de comète, elle est accompagnée par les maires, députés et eurodéputés RN, dans un cortège soudé. Les critiques se font plus rares à mesure que la foule avance. Précédés par le cortège de la Ligue de Défense Juive (LDJ), un groupuscule d’extrême-droite connu pour ses actions violentes, Marine Le Pen et Jordan Bardella sont de plus en plus acclamés. Des manifestants se pressent pour la féliciter. Tour à tour, les membres de la LDJ scandent des “Mélenchon, connard” et des “Marine, présidente !”. Ils sont rappelés à l’ordre : Marine Le Pen ne veut pas que le ton monte.La tête de cortège est bien avancée, mais le RN se plaît sur l’esplanade des Invalides où la marche s’enlise un peu. La délégation frontiste est figée, les passants se pressent pour la prendre en photo, façon musée Grévin. “Marine, c’est Marine !”, scandent les passants en sortant leur smartphone. Quelques-uns arborent encore un regard désapprobateur. D’autres se résignent, comme cet électeur juif de droite, qui n’a jamais voté RN. Il s’approche de la fille de Jean-Marie Le Pen et la félicite : “Bravo, je suis fier de vous.” Et se tourne vers son ami, l’air désolé : “Qu’est-ce que tu veux que je te dise… au moins elle est là.”



Source link : https://www.lexpress.fr/politique/rn/marche-contre-lantisemitisme-accueillie-sans-heurts-marine-le-pen-fait-profil-bas-SDMT5CQYMVGN3GOHW6IRKJFXII/

Author : Marylou Magal

Publish date : 2023-11-12 18:49:47

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags :L’Express

..........................%%%...*...........................................$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$--------------------.....