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Au Portugal, la gauche rattrapée par ses démons

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Les vieux démons socialistes se réveillent au Portugal. Neuf ans après le placement en détention de l’ancien Premier ministre José Socrates pour fraude fiscale, un événement resté comme un traumatisme dans la mémoire de la gauche lusitanienne, c’est au tour d’Antonio Costa, chef du gouvernement en exercice, de quitter la scène politique sous l’action de la justice.Soupçons de corruptionL’image de la brigade financière débarquant le 7 novembre au palais de São Bento, à Lisbonne, a sidéré le pays. A la tête de l’exécutif depuis 2015, le chef du PS est cité dans l’”Opération influenceur”, une enquête portant sur des soupçons de corruption, trafic d’influence et prévarication dans l’attribution d’un grand projet d’hydrogène vert à Sines, à 150 kilomètres au sud de Lisbonne, et de deux concessions de mines de lithium dans le nord du Portugal, là où se situent les plus grandes réserves européennes de ce métal essentiel à la fabrication des batteries de voitures électriques.Un comble pour cette personnalité phare de la vie politique portugaise, qui se voulait le champion de la décarbonation et se voyait même reprocher de vouloir aller trop vite dans ce domaine. “C’est une énorme surprise, d’autant qu’Antonio Costa n’avait jamais été mêlé à des histoires pareilles. Au contraire, il avait réussi à faire oublier les affres de la période Socrates. Et voilà que sa famille politique replonge dans les scandales”, observe Antonio Costa Pinto, professeur de sciences politiques à l’université de Lisbonne.Écoutes téléphoniquesAncien ministre de la Justice d’Antonio Guterres au tournant des années 2000, lorsque l’actuel secrétaire général de l’ONU dirigeait le Portugal, Antonio Costa le sait, ses tourments ne font que commencer. “Ce tremblement de terre sera suivi de répliques”, prédit l’historien Yves Léonard, professeur à Sciences Po. Pour ce fin connaisseur du Portugal, “une tonalité de lassitude” entourait Antonio Costa depuis sa reconduction au pouvoir, en janvier 2022, après une victoire surprise qui lui avait donné la majorité absolue, sans même l’appui de la gauche radicale. Usure du pouvoir ? Relâchement moral ? Le leader socialiste était en tout cas sur écoute téléphonique depuis décembre 2020, selon la procureure générale de la république Lucília Gago, nommée à ce poste en 2018 sur proposition… de son gouvernement.Si, pour l’instant, Costa a échappé à la mise en examen, la liste de ses proches sous le feu des enquêteurs donne le tournis. A commencer par Diogo Lacerda Machado, un ami intime. Cet avocat et consultant aurait été le cerveau du projet d’hydrogène vert de Sines et, en particulier, de la construction d’un énorme centre de données alimenté à l’énergie solaire. Evalué à 3,5 milliards d’euros, ce marché aurait été attribué à une entreprise, Start Campus, en échange de pots-de-vin, via un montage financier imaginé par João Tiago Silveira, ex-porte-parole du PS et ancien collaborateur d’Antonio Costa. Les dirigeants de Start Campus ont été arrêtés, tout comme le maire socialiste de la commune, Nuno Mascarenhas.75 800 euros en liquideAutre personnalité sur la sellette, João Galamba, l’actuel ministre des Infrastructures et Secrétaire d’Etat à l’Energie au moment des faits, qui aurait, lui aussi, trempé dans ce dossier et enfreint le code des marchés publics lors de l’attribution des mines de lithium du nord du pays, avec la complicité du président de l’Agence portugaise de l’environnement, Nuno Lacasta. Les deux hommes sont mis en examen.Encore plus gênant, le propre chef de cabinet de Costa aurait fait le lien entre tous ces protagonistes. Les enquêteurs auraient saisi 75 800 euros en liquide dans son bureau de São Bento. Il a été placé en détention provisoire.Face à ce grand déballage, le président de la République de centre droit, Marcelo Rebelo de Sousa, a prié le gouvernement de faire voter le prochain budget de l’Etat d’ici à la fin novembre, après quoi il prononcera la dissolution de la chambre des députés. Déjà, le jeune parti d’extrême droite Chega se frotte les mains. Son leader, André Ventura, promet depuis des années le “grand nettoyage” d’une démocratie corrompue. Des législatives anticipées auront lieu le 10 mars, juste avant les célébrations du cinquantenaire de la révolution des Oeillets qui avait mis fin à la dictature salazariste, en avril 1974. Triste symbole.



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Publish date : 2023-11-13 14:13:24

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