Décidément, depuis l’attaque sanglante du Hamas du 7 octobre, les Insoumis multiplient les sorties de route. Quelques jours après avoir opposé une fin de non-recevoir à l’appel des deux présidents du Parlement, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, à marcher contre l’antisémitisme dimanche 12 novembre, les voilà qu’ils confinent avec le révisionnisme.Et cette fois-ci, c’est David Guiraud qui est sous le feu des critiques. Non sans raison, le député insoumis du Nord ayant lâché lors d’un événement organisé à Tunis : “Le bébé dans le four, ça a été fait, en effet, par Israël”. Et de poursuivre avec assurance : “La maman éventrée ça a été fait, c’est vrai, par Israël.” Retour sur une polémique en cinq actes.Acte I : Tunis, le dérapageVendredi 10 novembre, David Guiraud s’envole direction la Tunisie. Accompagné par le militant et ancien candidat de La France insoumise aux législatives de 2017 Taha Bouhafs, et l’activiste pro-palestinienne Rima Hassan, le député insoumis est invité à un événement intitulé “Peut-on encore défendre les Palestiniens en France”.Pendant près d’une heure trente, les discussions s’articulent autour “des horreurs” et des “mensonges commis par l’Etat israélien depuis des années”, en passant également par “le soutien inconditionnel du parti présidentiel à l’Etat d’Israël”. Sans oublier bien sûr, un point sur les “discours racistes et islamophobes” qui tournent “en boucle” dans les médias français.Et alors que les critiques sur la marche contre l’antisémitisme de dimanche vont bon train, David Guiraud s’égare en se lançant dans un parallèle pour le moins déconcertant : une comparaison entre le conflit Israël-Hamas et les massacres de Sabra et Chatila de 1982, affirmant que “le bébé dans le four, ça a été fait, en effet, par Israël, et la maman éventrée ça a été fait, c’est vrai, par Israël”.L’Insoumis fait référence à un épisode figurant parmi les plus sombres de l’histoire récente du Proche-Orient, lors duquel des phalanges chrétiennes libanaises ont méthodiquement assassiné des milliers de Palestiniens dans ces deux camps de la partie ouest de Beyrouth. Nous sommes en alors mi-septembre 1982, et le pays du Cèdre est au beau milieu d’une guerre civile au cours de laquelle ces milices se sont alliées à l’armée israélienne. Depuis, l’Etat israélien est régulièrement pointé du doigt pour ne pas avoir empêché ces massacres.Acte II : la vague d’indignationMais quand bien même. Comparaison ne vaut pas raison. Et bien que prononcés à 2 000 kilomètres de Paris, les propos de David Guiraud n’ont pas tardé à avoir un écho en France. D’autant qu’à ce renvoi maladroit aux massacres commis en 1982, s’ajoutent des propos pour le moins ambigus sur la montée de l’antisémitisme en France. Au sujet des tags antisémites découverts sur les façades d’immeubles, David Guiraud ironise : “On nous a dit, la preuve de la montée de l’antisémitisme, c’est ça.”De quoi susciter l’indignation d’une large partie de la classe politique et de nombreux acteurs de la société civile. Un des premiers à être monté au créneau est le résident du CRIF, dont les relations avec La France Insoumise ne cessent de se dégrader. “Le député LFI David Guiraud prouve qu’il est possible de faire du révisionnisme un mois à peine après un évènement filmé et diffusé en direct sur les réseaux sociaux !”, tance Yonathan Arfi depuis son compte X (anciennement Twitter).En marge d’un déplacement dans son fief du Pas-de-Calais, Marine Le Pen dénonce quant à elle des propos qui “choquent tout le monde”. Et de tacler : “Il y a un concours semble-t-il à la France insoumise sur celui qui sera le plus abject. Pour l’instant, il vient de monter sur la première marche, mais il pourrait être détrôné, le connaissant, par un autre de ses collègues.”Même son de cloche du côté des Républicains (LR). “La France insoumise se couvre chaque jour un peu plus de honte et de déshonneur. L’Histoire retiendra que des députés français ont pris le parti des terroristes du Hamas”, a estimé sur X le chef de fille des sénateurs LR, Bruno Retailleau.Acte III : le mea culpa tardifMais alors qu’il aurait suffi d’un mea culpa pour faire redescendre la tension, l’Insoumis persiste et signe sur ses réseaux sociaux. Au lendemain de la conférence, il écrit depuis son compte X : “Je maintiens mes affirmations. L’Etat israélien fabrique tant de mensonges pour justifier les pires crimes”. Avant de surenchérir : “Il s’agit des éléments factuels que j’ai cité lors de mon intervention”. Et de défier “quiconque de (le) contredire”.Ce n’est qu’après une série de tweets intempestifs que David Guiraud finit par essayer de s’expliquer dans un “thread” pour le moins prolixe. “Que ce soir clair je n’ai jamais douté du massacre, ni de l’atrocité des actes commis sur des civils.” Selon ses dires, il ne faisait qu’évoquer “les mensonges de l’Etat israélien à travers l’histoire jusqu’à aujourd’hui” et “sur le degré de désinformation qu’il apporte dans le débat public”.Acte IV : la justice saisieMais les mots ont été prononcés, et le mal fait. Ce dimanche 12 novembre, la députée Renaissance Violette Spillebout a ainsi annoncé dans La Voix du Nord avoir saisit le procureur de la République suite aux propos formulés par David Guiraud lors de la conférence à laquelle il a participé à Tunis.Son collègue apparenté LR Meyer Habib a quant à lui fait savoir qu’une dénonciation serait faite “au procureur de Paris en vertu de l’article 40 du code de procédure pénale” à son encontre “pour apologie du terrorisme et incitation à la haine raciale”.Du côté de La France insoumise, on ne se bouscule pas pour venir à la rescousse du député du Nord. Interrogé par BFM TV ce dimanche sur la polémique, le patron de LFI, Manuel Bompard a déclaré ne pas comprendre “pourquoi (il sanctionnerait) une personne qui a rappelé un contexte historique dans lequel se sont inscrites les horreurs du 7 octobre”. Ce, malgré “l’erreur factuelle” commise par son député.Acte V : vers une levée de son immunité parlementaire ?Sollicitée par de nombreuses personnalités, au premier rang desquelles le président du Crif Yonathan Arfi qui demande que des sanctions soient prises à l’Assemblée nationale “pour ces propos ignobles et mensongers “, la présidente de la chambre basse a rappelé ne pas être en mesure de prendre des sanctions “pour des faits ayant été commis en dehors de l’enceinte l’Assemblée nationale”. Et d’ajouter que “la levée de l’immunité parlementaire intervient exclusivement à la demande de la justice”.Si celle-ci vient à prendre des mesures coercitives à l’endroit de David Guiraud, en le plaçant en garde à vue, ou en décrétant sa mise en examen par exemple, une demande de levée d’immunité parlementaire sera formulée. Une délégation du Palais Bourbon présidée par un député de l’opposition devra ainsi se prononcer, et rendre un avis qui sera transmis au bureau de l’Assemblée nationale, seul organe compétent pour statuer sur l’accord ou non de la levée de l’immunité parlementaire.Face à l’indignation collective provoquée par les propos de David Guiraud, Yaël Braun-Pivet s’est montrée rassurante dans l’hypothèse d’un déclenchement de la procédure. “Depuis que je suis présidente de l’Assemblée nationale, nous en avons eu quelques-unes, qui ont été acceptées à l’unanimité par le bureau”, a-t-elle déclaré ce lundi sur CNews. Sans manquer de rappeler que les députés ont tous “un mandat” qui “oblige à une exigence de vérité, de gravité, de responsabilité”.
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Publish date : 2023-11-13 13:14:34
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