Il est de tradition d’intimer aux absents qu’ils ont toujours tort. Mais ce dimanche 12 novembre, ce sont eux qui fanfaronnent et montrent du doigt les participants à la marche contre l’antisémitisme, organisée à l’initiative de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet et de son homologue du Sénat, Gérard Larcher.”Toute la droite et l’extrême droite pourtant unies ont échoué à reproduire les mobilisations générales du passé”, tance ainsi Jean-Luc Mélenchon depuis son compte X (anciennement Twitter). Sans surprise aucune, l’un de ses plus fidèles, qui lui a succédé à la fois dans sa circonscription des Bouches-du-Rhône et à la tête de La France insoumise (LFI), Manuel Bompard, embraie : il dénonce là un “appel politicien” qui “n’aura finalement servi qu’à blanchir l’extrême droite et déchaîner des expressions de la haine contre les musulmans”.La mauvaise excuseIl faut dire que pour justifier leur fin de non-recevoir à l’appel des deux présidents des Chambres, LFI s’échine à dénoncer la participation du Rassemblement national (RN) et de Reconquête (le parti d’Eric Zemmour). Des excuses qui ne valent pas un sou pour le député européen Raphaël Glucksmann, qui assume, dit-il à L’Express, de “ne pas choisir les manifestations auxquelles (il se rend) en fonction de ce que décide Marine Le Pen”.Je ne choisis pas les manifestations auquel je me rends en fonction de ce que décide Marine Le PenRaphaël Glucksmann, député européen et co-président de Place Publique Même son de cloche du côté de la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier, qui a par ailleurs déclaré “ne laisser aucune ambiguïté sur le fait que la présence du RN dans ce cortège” pose un problème. Et de se réjouir de marcher “avec la Nupes” pour “combattre l’intolérance, et dénoncer l’antisémitisme”.Plus isolée que jamais en ce jour “d’union nationale”, La France Insoumise a organisé le matin même son propre rassemblement “contre tous les combats antiracistes” près de l’emplacement de l’ancien Vel d’Hiv. N’ayant duré qu’une cinquantaine de minutes, l’épisode fut expéditif, autant que l’accueil glacial. Des pancartes “Touche pas à la mémoire”, “Touche pas au Vel d’Hiv”, noyées dans des voix criant “collabos”, attendaient les cadres insoumis qui, à coups d’interventions à la radio, de plateaux télévisés et de tweets, s’enorgueillissent de ce boycott décrété par les instances du mouvement.Des alliés timorésUn nouveau pas de côté d’autant plus remarqué que leurs alliés de la Nupes ont tous répondu présents. Banderole en mains, Marine Tondelier (Les Ecologistes), Olivier Faure (Parti socialiste) et Fabien Roussel (Parti communiste) ont défilé côte à côte ce dimanche, loin derrière le cortège de tête couronné par Yaël Braun-Pivet, Gérard Larcher, Élisabeth Borne, Nicolas Sarkozy, et François Hollande. Eux-mêmes suivis de près par un banc de premiers ministres, allant de Jean-Marc Ayrault à Jean Castex, en passant par Manuel Valls, ou encore Édouard Philippe. Bernard Cazeneuve, qui a lancé en mars dernier son mouvement “Conventions” en vue de bâtir une alternative face à la gauche “de toutes les outrances” – comprendre, La France Insoumise – était également de la déambulation.Mais alors que le boycott des Insoumis suscite l’indignation d’une majorité de la classe politique, les alliés de Jean-Luc Mélenchon (et anciens alliés, Olivier Faure ayant prononcé le 18 octobre dernier un moratoire à la participation du PS à la Nupes) se sont montrés relativement timorés dans leurs critiques. “Bien qu’il soit évident que certains se complaisent dans une forme d’ambiguïté, je ne me perdrais pas à dire que les Insoumis sont antisémites”, semble marcher sur des œufs le secrétaire général du PS Olivier Faure. À L’Express, celui-ci explique que les positions de LFI ne sont “pas son affaire”, dans la mesure où “l’alliance de la Nupes n’existe tout simplement plus”.L’absence de Manuel Bompard et de ses troupes ? “C’est un choix évidemment regrettable”, élude de son côté le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel. Et l’ancien candidat des jours heureux de sourire : “Le monde présent à cette marche donne tort aux absents”. Et pour cause, selon les chiffres donnés par la préfecture dimanche soir, 105 000 personnes ont marché les unes devant les autres, les unes à côté des autres, du Palais Bourbon au Palais du Luxembourg. Parmi lesquelles, plusieurs individus pour le moins hostiles à la présence des patrons de la gauche.Une présence loin de faire l’unanimité”Vous êtes la serpillière du Hamas”, crie un marcheur en direction des trois leaders de la Nupes présents. Une référence directe aux positions pour le moins ambiguës de plusieurs cadres de la gauche française depuis l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre dernier. Il faut dire que si “Fabien Roussel a affiché une ligne complètement différente de celle de Jean-Luc Mélenchon, certains membres du PCF continuent par exemple de défiler aux côtés des Insoumis dans les rassemblements pro palestiniens”, constate le politologue Jean-Yves Camus qui a assisté depuis le bas de son immeuble à la manifestation pour le “cessez-le-feu” à Gaza qui s’est tenue samedi 11 novembre à Paris.Au moment de leur arrivée sur place, Fabien Roussel, Marine Tondelier et Olivier Faure ont été notamment hués par plusieurs manifestants. Une réaction “incompréhensible” pour Clément Mugnier, jeune socialiste venu de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). “Il s’agit d’une mobilisation d’union nationale, où l’intégralité de la gauche républicaine (PS-EELV-PCF, NDLR) est présente. Ceux qui nous invectivent se trompent de cible”, fait valoir cet ancien élu divers gauche. Et pour cause, il n’est jamais plaisant d’être renvoyé dos à dos avec ceux que l’on désigne comme “les héritiers de Pétain”.
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Publish date : 2023-11-13 06:31:33
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