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Pourquoi Greta Thunberg va tuer l’écologie, par Antoine Buéno

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L’activiste climatique Greta Thunberg s’est encore illustrée le week-end dernier. Lors d’un rassemblement pour la lutte contre le changement climatique à Amsterdam, elle a réaffirmé ses positions anti-israéliennes en référence à la guerre actuellement menée par Tsahal contre le Hamas. Un homme a alors fait irruption sur scène pour lui prendre le micro des mains et déclarer “je suis venu à une manifestation pour le climat, pas à une manifestation politique”. Il a bien sûr été évacué de la scène manu militari sous les huées de la foule. A lui seul, cet incident illustre à merveille les dérives d’un écologisme qui risque de coûter très cher à la planète…On l’aura compris, il n’est pas question de se prononcer ici sur la cause palestinienne, comme l’a fait Greta Thunberg, mais de fustiger le mélange des genres. La lutte contre le réchauffement climatique n’a rien à voir avec les événements israéliens. Ce mélange des genres n’a malheureusement rien d’un épiphénomène. Greta Thunberg n’est pas la seule à s’y adonner. Au contraire, il est symptomatique de la dérive écologiste, on le retrouve aujourd’hui partout dans le discours de l’écologisme dominant et dans toutes les bouches de ses apôtres les plus médiatiques. Selon eux, pour lutter contre la dégradation de la planète, il faut lutter contre les inégalités sociales, contre le patriarcat, contre le néocolonialisme, contre le racisme, contre le capitalisme… En un mot, l’écologisme veut faire de l’écologie un mouvement intersectionnel, une voiture-balai de la justice mondiale rassemblant toutes les luttes sous sa bannière.Message brouilléCe discours est extrêmement pernicieux. Car, en s’ancrant dans une certaine réalité, il procède à une généralisation in fine très dangereuse pour l’environnement. Effectivement, il y a des points de rencontre indéniables entre l’écologie et certaines luttes sociales. Ainsi, il est difficile de concevoir une transition environnementale qui fasse fi de son impact social. L’épisode des gilets jaunes l’a cruellement rappelé. Pas de mesures écologiques sans redistribution visant à soutenir les ménages, les personnes, les entreprises les plus lourdement impactés par ces mesures. De même, accélérer la transition démographique au Sud pour alléger l’empreinte environnementale de l’humanité passe par la défense des droits des femmes : droit à la contraception pour toutes celles qui le souhaitent et droit à l’instruction pour toutes les petites filles du monde. Ainsi peut-on dire : droits de la planète, droit des femmes, même combat !Mais ces points de rencontre ponctuels entre écologie et lutte sociale ne peuvent conduire à amalgamer l’écologie avec toute lutte sociale. C’est pourtant le pas allégrement franchi par l’écologisme intersectionnel. Un saut quantique qui dénature totalement le combat environnemental et en affaiblit considérablement la portée. Premièrement, il brouille le message. Pour quoi se bat-on ? Deuxièmement, il le nivelle, ramenant le combat pour la planète au rang des autres. Troisièmement, il l’arrime à un camp politique, celui de la gauche globalement, de l’extrême gauche en particulier. Car c’est l’extrême gauche qui est intersectionnelle. Ce qui fait de cet écologisme un anticapitalisme.Très mauvaise stratégie pour la planète, tout cela. D’abord parce qu’au lieu de rassembler, cette approche est par nature clivante. Ensuite, parce qu’elle détourne des vrais objectifs environnementaux. On ne peut pas faire croire que libérer Gaza décarbonera le monde… Enfin, encore plus fondamentalement, l’anticapitalisme ne peut pas accoucher d’une transition écologique digne de ce nom. En effet, il n’y aura pas de transition sans le marché. Ce dernier est la seule force, via la mécanique des prix, capable de faire changer les comportements des consommateurs et des producteurs d’un bout à l’autre du globe. Définitivement, la transition, ce n’est pas le Grand Soir. Et tant que l’écologisme intersectionnel continuera de triompher, ce sera au détriment de la planète.*Antoine Buéno est essayiste et conseiller développement durable au Sénat. Il vient de publier Faut-il une dictature verte ? (Flammarion).



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Publish date : 2023-11-13 15:13:28

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Tags :L’Express

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