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Pourquoi les séries télé sont obsédées par le passé

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La machine à remonter le temps existe, et elle marche avec une télécommande. Jeter un coup d’œil aux plateformes de streaming suffit pour être saisi d’un troublant constat : plus que jamais, la télévision semble obsédée par le passé. Ce 16 novembre, Netflix plonge dans les années 1990 avec les premiers épisodes de l’ultime saison de The Crown. Deux semaines plus tôt, la plateforme avait opté pour une reconstitution de la Seconde Guerre mondiale à l’occasion de la sortie d’All the Light We Cannot See, adaptation sirupeuse du prix Pulitzer de 2015. Le géant du streaming n’est pas le seul à avoir une addiction pour la nostalgie : à la mi-octobre, Apple TV optait pour les années 1960 avec sa série Lessons in Chemistry. Moins d’un mois plus tard, la plateforme sortait The Buccaneers, version pop très libre d’un roman d’Edith Wharton se déroulant en 1870, tandis que la saison 2 de The Gilded Age, se déroulant à la même période, est diffusée depuis le 30 octobre sur OCS. La tendance est aux crinolines, aux corsets, et aux accessoires rétros. La pléthorique production sérielle de ces dernières années est résolument tournée en arrière.Ce réflexe créatif n’est certes pas nouveau. “Les adaptations de la littérature anglaise en costume existent depuis longtemps, par dizaines. Elles sont devenues un genre à elles seules, presque banal et revu”, observe Ioanis Deroide, agrégé d’histoire et enseignant, auteur de L’Angleterre en séries. Dernièrement, Dickens et Austen ont néanmoins cédé la place à des séries venues des quatre coins du monde : Alchemy of Souls fait le bonheur des amateurs de drama coréens sur Netflix, comme la turque Minuit au Pera Palace. “L’éclairage et la bande-son, qui pouvaient facilement faire paraître datées des séries étrangères au monde anglo-saxon ont été remplacés par des standards internationaux, poursuit Ioanis Deroide. L’essor du numérique et les moyens financiers des plateformes ont permis d’uniformiser les codes internationaux.”Tendance réconfortanteDevenues accessibles, les séries historiques ont aussi l’avantage d’être familières. “Elles racontent une histoire déjà connue et sont confortables pour le spectateur, analyse Gary Edgerton, spécialiste de la télévision américaine et professeur à l’université Butler, dans l’Indiana. La nostalgie est une stratégie très efficace, déployée à profusion dans le divertissement depuis près d’un demi-siècle”. A une époque où – embouteillages des plateformes obligent – un projet approuvé par un studio peut n’être diffusé que plusieurs années après, raconter le passé devient moins risqué que l’époque contemporaine. “Les Américains d’aujourd’hui sont désenchantés sur l’état du monde et de leur pays. Ils éprouvent d’autant plus le désir de se replonger dans un passé rêvé, où, selon eux, tout allait mieux”, poursuit Gary Edgerton. Après avoir regardé la série contemporaine Yellowstone, mettant en scène un Kevin Costner grimé en cow-boy des temps modernes, les spectateurs outre-Atlantique se sont plongés dans ses spin-off historiques 1883 et 1923. “Ces histoires jouent sur une mythologie américaine très traditionnelle, un peu réactionnaire, reprend le spécialiste. Elles sont très régressives.”A l’inverse, elles peuvent aussi être l’occasion de rendre l’histoire plus belle qu’elle n’a été. Dans la romance historique La Chronique des Bridgerton, Netflix imagine une Angleterre à l’époque de la Régence où la couleur de peau n’est pas un obstacle pour naître aristocrate. Le passé devient un idéal où s’échapper. Quel sera votre prochain doudou historique ?



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Author : Alexandra Saviana

Publish date : 2023-11-13 15:00:00

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Tags :L’Express

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