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Royaume-Uni : comment une marche pro-palestinienne tourne à la crise politique

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C’est une crise politique qui menace l’autorité du Premier ministre Rishi Sunak et place la ministre de l’Intérieur Suella Braverman sur la sellette. Une marche pro-palestinienne prévue samedi 11 novembre à Londres et autorisée par la police contre l’avis du gouvernement tourne à la polémique politique au Royaume-Uni.Le gouvernement conservateur de Rishi Sunak affiche clairement son hostilité à cette manifestation, organisée par plusieurs associations pour réclamer un cessez-le-feu à Gaza. Celle-ci se tient le week-end où le Royaume-Uni commémore l’armistice de la Première Guerre mondiale et les soldats morts dans divers conflits depuis 1914. Le Premier ministre britannique a affirmé à plusieurs reprises qu’il jugeait la marche “irrespectueuse”, mettant aussi en avant les risques de violences en marge de l’évènement.Mais en dépit de la pression, la police n’a pas interdit la manifestation. Mardi, le chef de la police londonienne, Sir Mark Rowley, a déclaré qu’il n’y avait pas de raisons suffisantes pour interdire la marche pro-palestinienne en vertu de l’article 13 de la loi sur l’ordre public de 1986. Après avoir convoqué Mark Rowley, Rishi Sunak avait averti mercredi qu’il le tiendrait responsable en cas de débordements. Le dernier groupe à se voir imposer une interdiction lors de l’une de ses manifestations prévues était la Ligue de défense anglaise, d’extrême droite, rappelle le Guardian.”Deux poids, deux mesures”Dans un pays où l’indépendance de la police est un principe cardinal, la ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, coutumière des propos controversés, a provoqué une nouvelle vague d’indignation jeudi en mettant en cause dans une tribune l’impartialité des forces de l’ordre.Cette tenante d’une ligne très conservatrice, qui avait déjà qualifié les manifestations pro-palestiniennes de “marches de la haine”, a dénoncé un “deux poids, deux mesures”. “Les manifestants de droite et nationalistes qui commettent des agressions se heurtent à juste titre à une réponse sévère, mais les foules pro-palestiniennes affichant un comportement presque identique sont largement ignorées, même lorsqu’elles enfreignent clairement la loi”, a-t-elle estimé dans ce texte publié dans le journal The Times.Selon la ministre de l’Intérieur, les marches n’étaient pas “simplement un appel à l’aide pour Gaza”, a-t-elle écrit, mais “une affirmation de la primauté de certains groupes – en particulier les islamistes – du type de ceux que nous sommes plus habitués à voir en Irlande du Nord”.Suella Braverman, aux ambitions politiques affirmées, est l’une des figures de l’aile droite du parti conservateur au pouvoir depuis près de 14 ans, devenue très influente au sein de la majorité. Elle est considérée comme une candidate possible pour remplacer Rishi Sunak à la tête du parti s’il ne remporte pas les élections générales en 2024 – elle s’est déjà présentée à la direction du parti conservateur en 2023, sans succès – et pourrait être une opposante interne dangereuse si elle perdait son poste, indique le New York Times.Une ministre sur la sellette ?Tom Winsor, ancien chef de l’organe chargé de superviser l’action de la police, a jugé sur la BBC que ses propos étaient “sans précédent” et que la ministre “dépasse les limites”. Downing Street a reconnu jeudi à la mi-journée ne pas avoir approuvé la tribune comme le veut la règle. En effet, comme le précise le Guardian, le code ministériel stipule que les principaux communiqués de presse, les interviews et les apparitions médiatiques doivent être au préalable approuvés par le 10 Downing Street “pour garantir la coordination efficace des affaires du cabinet”.Si le porte-parole de Rishi Sunak a assuré qu’elle gardait sa confiance, cette annonce a relancé les spéculations sur un limogeage imminent de la ministre. Celle-ci avait déjà suscité l’indignation il y a quelques jours en affirmant que certains sans-abri vivaient dans la rue “par choix de mode de vie”.Nickie Aiken, la députée conservatrice de la circonscription du centre de Londres, a fustigé les propos de Suella Braverman. “La police ne devrait jamais s’impliquer dans la politique et les hommes politiques ne devraient jamais s’impliquer dans les opérations policières. La police doit exercer ses activités sans crainte ni faveur et déclarer le contraire constitue un précédent très dangereux”, a-t-elle déclaré au Guardian.”Suella Braverman est hors de contrôle””Cette manifestation ne devrait pas être arrêtée à moins qu’il n’existe des renseignements crédibles indiquant que la police décide qu’elle doit être arrêtée. […] Elle ne doit pas être stoppée par un caprice politique”, a-t-elle poursuivi.”Suella Braverman est hors de contrôle”, a fustigé la députée de l’opposition travailliste en charge des questions de sécurité, Yvette Cooper, sur X (ex-Twitter), critiquant sa “tentative dangereuse de saper le respect envers la police dans un moment sensible […] et d’enflammer les tensions communautaires”.Suella Braverman is out of control. Her article tonight is a highly irresponsible, dangerous attempt to undermine respect for police at a sensitive time, to rip up operational independence & to inflame community tensions. No other Home Secretary of any party would ever do this— Yvette Cooper (@YvetteCooperMP) November 8, 2023Elle s’est également interrogée devant les députés, comme le rapporte le Guardian : “Ce gouvernement croit-il encore à l’indépendance opérationnelle de la police, et comment peut-il le faire alors que la ministre de l’Intérieur est en poste ? Le Premier ministre a-t-il accepté le contenu de cet article ? Parce que soit il a approuvé cela, soit il est trop faible pour la limoger.”Le chef du parti social-démocrate et travailliste, Colum Eastwood, a de son côté appelé à la destitution de Suella Braverman de son poste, qualifiant ses commentaires “d’ignorance agressive”.Une forte hausse des actes antisémites et anti-musulmansDepuis l’attaque meurtrière du Hamas contre Israël le 7 octobre et les représailles massives israéliennes sur la bande de Gaza, plusieurs marches réunissant des dizaines de milliers de personnes ont eu lieu à Londres, globalement dans le calme, même si la police a arrêté 188 personnes. Une forte augmentation des actes antisémites et anti-musulmans a été constatée.Selon Adam Wagner, avocat et expert en droit des manifestations, interrogé par le New York Times, si la police avait tenté d’interdire la marche de samedi sans preuves suffisantes, elle aurait pu être contestée devant les tribunaux et aurait très probablement perdu.Cette crise politique tombe au plus mal alors que les Tories sont donnés perdants par les sondages dans la perspective des prochaines élections législatives attendues l’an prochain. Comme dans d’autres pays européens, le conflit entre Israël et le Hamas divise la classe politique britannique. Même au sein du parti travailliste, certains élus critiquent la position adoptée par le chef du parti, Keir Starmer, qu’ils jugent trop pro-israélienne. Plusieurs élus ont démissionné, dont un député qui a claqué la porte de l’équipe dirigeante.



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Publish date : 2023-11-10 12:43:25

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Tags :L’Express

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