Taylor Swift est bien plus qu’une artiste pop aux mélodies sucrées et aux chorégraphies léchées. C’est une redoutable guerrière. Alors que ses concerts sont pris d’assaut et que le long métrage consacré à sa tournée sorti dans des milliers de salles obscures aux Etats-Unis a fait plus d’entrées que le dernier Scorsese avec Brad Pitt et Robert De Niro, la chanteuse la plus populaire au monde est en train de mettre KO le fonds d’investissement Shamrock Capital. Comment ? Tout simplement en dévalorisant une partie du trésor de guerre que ces as de la finance avaient amassé en achetant à prix d’or les six premiers albums de la star. Un coup de maître inédit dans le business très lucratif de la musique où la bataille des droits de propriété fait et défait les fortunes.L’affaire remonte à 2019 lorsque Scooter Braun, le manager de Justin Bieber, associé au très puissant fonds Carlyle met la main sur le label Big Machine qui détient les droits d’une grande partie de son catalogue. Moins d’un an après, le manager peu scrupuleux, que la trentenaire a par ailleurs accusé de harcèlement, revend pour 300 millions de dollars les juteux droits à Shamrock Capital, une société d’investissement basée à Los Angeles. Mais Taylor Swift, conseillée par une armée d’avocats de haut vol, détecte une faille : le fonds ne détient les droits que sur les Masters des albums, c’est-à-dire les enregistrements initiaux.”L’artiste avait alors légalement la possibilité de re-enregistrer tous ses albums et d’en encaisser, seule, les fruits de la vente. Un tour de passe-passe juridique qu’elle a doublé d’une opération de communication rondement menée”, décortique Pierre Perot, avocat sénior et spécialiste des droits de propriété intellectuelle au cabinet August Debouzy. Un pari osé qui vise à dévaloriser les anciens enregistrements.En l’espace de deux ans, la trentenaire a réenregistré quatre de ses six derniers albums. Tous ont cartonné. L’album Fairless ressorti cette année s’est écoulé à 627 000 unités, soit trois fois plus que l’album initial. Mais le vrai carton est la réplique de l’album 1989 ressorti tout début novembre. En l’espace d’une semaine, les ventes se sont hissées à près de 1,7 million d’exemplaires aux Etats-Unis. C’est le meilleur lancement d’un album tout artiste confondu depuis 2015, d’après le Financial Times. Et comme il faut toujours retenir les leçons de ses erreurs, l’artiste américaine, aujourd’hui hébergée chez Universal Music, a signé un contrat où il est écrit noir sur blanc qu’elle conserve très précieusement les droits sur tous les Masters de ses futurs nouveaux enregistrements.
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Author : Béatrice Mathieu
Publish date : 2023-11-10 05:05:02
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