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Génocide en Palestine : l’art passe à l’action directe

Génocide en Palestine : l’art passe à l’action directe



L’art suit à distance et se demande comment agir, comme citoyen·ne, humain·ne certes, mais aussi plus spécifiquement comme les acteur·rices d’un certain monde et milieu.

À cette autre échelle, le conflit signifiait, il y a quelques jours encore, des initiatives plutôt timides, ou peut-être tout simplement désemparées : des lettres ouvertes, des pétitions, pourtant déjà loin d’être sans impact. Il y a deux semaines, nous nous faisions l’écho, entre ces colonnes, du licenciement du rédacteur en chef d’Artforum, la plus prestigieuse des publications artistiques. David Velasco, à sa tête depuis six ans, avait dû quitter le navire amiral suite à la publication d’une lettre qui appelait au cessez-le-feu et affirmait le soutien des signataires à la libération palestinienne.

L’insupportable silence

En France également, la scène culturelle française avait, durant ces jours-là, commencé à faire circuler une lettre ouverte. D’abord dans une confidentialité relative, sans encore faire apparaître les noms des signataires et s’entourant des conseils d’un avocat. Cette lettre de soutien au peuple palestinien était rendue publique le 7 novembre par une publication dans Le Club de Médiapart. Les quelques 7000 artistes et travailleur·euses de l’art exprimaient leur inquiétude mais surtout, dénonçaient “l’insupportable silence, voire complicité de nos politiques”. La tribune, qui rassemblait encore des signatures après publication via un lien GoogleDoc, était cependant retirée quelques jours après.

Dans ce climat d’une liberté d’expression muselée, d’une propagande débridée sur les réseaux sociaux – le premier conflit à l’ère de l’Intelligence Artificielle ? – l’art passait à l’action directe. La rue, et non les médias, restait ou redevenait l’endroit où se faire entendre. Une nouvelle phase était enclenchée. Le 9 novembre à New York, une centaine de journalistes, regroupé·es sous de nom de Writers Bloc [l’alliance des écrivains] pénétraient dans les bureaux du New York Times pour en occuper le lobby. Durant l’heure que dura l’action, ils et elles avaient notamment distribué aux passant·es un exemplaire factice du journal, The New York War Crimes [le New York Crimes de Guerre] tout en lisant au mégaphone les noms des milliers de palestinien·nes tué·es à Gaza par les frappes d’Israël – dont 36 journalistes.

Action Guggenheim 

Puis, samedi dernier en fin d’après-midi, le Guggenheim Museum à New York était le théâtre d’une autre action. Au cœur de sa rampe, huit artistes et travailleur·euses culturel·les masqué·es y déployaient huit bannières tissées. Ensemble, celles-ci formaient deux images de palestinien·nes pleurant leurs enfants mort·es, avec au centre, l’icône du son coupé. Depuis une décennie, le Guggenheim aura en effet été l’épicentre des protestations et actions menées dans l’espace IRL par le monde de l’art ou ces 99 % qu’on entend rarement – cela commençait durant Occupy Wall Street. Violences économiques dans les années 2010, violences nécropolitiques aujourd’hui : les causes changent, les acteur·ices demeurent.

Édito initialement paru dans la newsletter Scènes du 14 novembre. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !



Source link : https://www.lesinrocks.com/arts-et-scenes/genocide-en-palestine-lart-passe-a-laction-directe-600635-14-11-2023/

Author : Ingrid Luquet-Gad

Publish date : 2023-11-14 10:29:30

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