D’abord film social, Gueules noires s’ouvre sur le recrutement de jeunes Marocains prêts à tout pour travailler dans les difficiles conditions des mines du nord de la France. La photographie est plutôt belle, la mine semble réaliste, le protocole que suivent les travailleurs avant de descendre est détaillé, convainquant.
Le groupe est alors formé de sept personnages, tous clichés (le jeune raciste, le chef qui veut sauver ses hommes, l’Italien au fort accent, le gros rigolo…) et dont le détail de la caricature est proportionnel à leur temps d’apparition à l’écran. L’ascenseur s’enfonce dans la mine, et ce qui était au mieux un film maladroit en germe, s’apprête à fleurir en parfait nanar.
Tendu comme un épisode de Scooby-Doo
Supposément horrifique, la seconde partie du film consiste en l’enfermement de l’équipe dans une partie profonde de la mine, accompagnée d’un professeur venu faire des recherches (Jean-Hugues Anglade) qui se révélera spécialiste de la civilisation dont provient le monstre. De ce champ des possibles qui s’ouvre avec cette culture entière, il n’en sera rien, si non de pauvres indices pour faire avancer la maigre enquête relative à un mystérieux tombeau. Et alors que les premiers meurtres commencent à révéler quels personnages étaient secondaires, le film prend le virage de l’aventure : lecture d’alphabets inconnus sur les murs, mini-énigmes pour ouvrir des pièces, première rencontre frontale avec la bête.
Mathieu Turi aimerait s’inscrire dans la lignée d’Alien et d’Indiana Jones, mais le design du monstre et la lecture sans difficulté de plusieurs lignes de symboles anciens prêtent plutôt à rire, tant tout le sépare de ses références d’origine. Gueules noires suit alors son programme très prévisible, et se conclut dans un final aussi gênant que paradoxal : à mesure que les derniers survivants essaient de remonter à la surface dans un long tunnel vertical, ils défient les lois de la gravité et parviennent, en s’élevant peu à peu, à toucher le fond.
Gueules noires de Mathieu Turi avec Samuel Le Bihan, Amir El Kacem. En salle le 15 novembre
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Author : Nicolas Moreno
Publish date : 2023-11-14 11:31:29
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