*.*.*
close

Marche contre l’antisémitisme : le rendez-vous manqué d’Emmanuel Macron

logo




De confusion, il n’y en eut point. Ni même de récupération, contrairement à ce que pouvaient laisser penser les postures navrantes de La France insoumise ou la tentative des responsables du Rassemblement national de se refaire une image de marque républicaine en défilant le 12 novembre.On assista au contraire, entre les Invalides et la place Edmond-Rostand, depuis l’Assemblée nationale jusqu’au Sénat, à une marche digne, calme et puissante. Dans toute la France, on vit cette marée de visages pacifiques, graves, avancer derrière ces mots : “Pour la République, contre l’antisémitisme”. Rien de plus, rien de moins. Parfois s’échappait une Marseillaise, entonnée a cappella, et reprise par des groupes de manifestants. Des drapeaux tricolores émergeaient au-dessus de cette foule immense et compacte, aux côtés de petits panneaux, sur lesquels on pouvait lire “Je suis juif”, “Amour et respect”, “Juifs, on vous aime” ou encore “On avait dit plus jamais ça”.C’était le défilé – historique – du 12 novembre, auquel prirent part les deux organisateurs, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, les présidents des deux Chambres, deux anciens présidents de la République, des anciens Premiers ministres, des ministres, des élus de la nation, et derrière un long, très long cortège de 105 000 Français, juifs ou non juifs, tous rassemblés dans une communion républicaine, tous venus dire stop à ce poison qui brûle les veines de la France. Ce poison de l’antisémitisme, que décrit Albert Cohen, lorsque l’écrivain, à la fin de sa vie, se souvint du jour où, à l’âge de 10 ans, on le traita de youpin : “Tu peux filer, on t’a assez vu, tu es pas chez toi ici, c’est pas ton pays ici, tu as rien à faire chez nous, allez file, débarrasse voir un peu le plancher, va voir un peu à Jérusalem si j’y suis.” (1)”Ne composez jamais avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre”, prévenait le président Jacques Chirac, dans une adresse au Français prononcée le 11 mars 2007, au terme de son second mandat.On se souvient d’avoir vu le président François Mitterrand défiler dans la rue le 14 mai 1990, contre l’antisémitisme et contre le racisme, après la profanation du cimetière juif de Carpentras.Une occasion ratée de renfiler ses habits de marcheurOn se souvient d’avoir vu le président François Hollande défiler dans la rue le 11 janvier 2015, contre le terrorisme, après les attentats islamistes contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher.On ne se souviendra pas, hélas, d’avoir vu Emmanuel Macron défiler dans la rue le 12 novembre 2023, contre l’antisémitisme, après le triplement en moins d’un mois des actes antisémites en France. Une occasion manquée, un rendez-vous raté. Il était pourtant facile de se joindre aux Français, pas seulement par le cœur et par la pensée, pas seulement par les mots de cette lettre publiée dans Le Parisien la veille de cette marche, mais en renfilant ses habits de marcheur. Pour dénoncer ce qu’il a lui-même justement qualifié “d’insupportable résurgence d’un antisémitisme débridé”, sa place était dans la rue. “Il est beau d’aimer par le cœur et par la pensée”, écrivait il y a deux siècles Mme de Staël (2) : face à une pensée complexe, les gestes, eux, doivent rester simples.(1) Ô vous, frères humains, par Albert Cohen, 1972 (Folio).(2) De l’Allemagne, par Germaine de Staël, 1813 (Flammarion).



Source link : https://www.lexpress.fr/politique/marche-contre-lantisemitisme-le-rendez-vous-manque-demmanuel-macron-HAHW3RU4UNHPTN5DSGVG6WJY6A/

Author : Eric Chol

Publish date : 2023-11-14 09:02:21

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags :L’Express

..........................%%%...*...........................................$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$--------------------.....