L’objectif est clair : rassurer les investisseurs avant que l’entreprise ne s’écroule en bourse. Deuxième constructeur ferroviaire mondial, le groupe français Alstom vient d’annoncer ce mercredi 15 novembre un plan de réduction des coûts.Plombée par des difficultés commerciales et financières, l’entreprise de construction de trains et tramways va notamment tenter de remonter la valeur de son action en bourse, en chute libre depuis l’annonce de mauvais résultats économiques début octobre. Une opération de désendettement comprenant notamment la suppression de 1 500 emplois.Renflouer les caisses coûte que coûteLe plan présenté par Alstom pour se remettre en ordre de marche vise notamment à réduire plus de la moitié de sa dette actuelle : réunir plus de 2 milliards d’euros d’ici mars 2025, face à une dette de 3,4 milliards d’euros. Pour y parvenir, une des annonces les plus marquantes concerne la baisse de ses effectifs : le plan prévoit la suppression de 1 500 emplois. Ce rabotage concernerait uniquement les fonctions commerciales et administratives, ce qui représenterait 10 % des effectifs de celles-ci.Alstom prévoit également de se séparer de certains de ses actifs, c’est-à-dire de vendre une partie de ses biens (bâtiments, terrains, brevets ou autres) pour renflouer les caisses. Cette opération devrait permettre de réunir entre 500 millions et 1 milliard d’euros. L’entreprise évoque par ailleurs une possible augmentation de son capital pour lever des fonds, “en fonction des conditions du marché”, indique son PDG Henri Poupart-Lafarge.Des changements de stratégie et de directionAu-delà de réduire la voilure, le groupe souhaite changer de stratégie. Alstom annonce aussi à l’avenir vouloir se positionner sur des prises de commande de qualité, où la marge potentielle est plus importante. La multinationale prévoit donc de se concentrer sur des appels d’offres plus rémunérateurs, notamment dans le domaine des services. Le constructeur espère également améliorer la performance de ses opérations, en visant une réduction des délais de livraison.Enfin, la restructuration touche aussi le sommet du groupe. Le plan de désendettement prévoit ainsi de dissocier les fonctions de président du conseil d’administration de celui de directeur général à partir de juillet 2024. Le PDG Henri Poupart-Lafarge restera directeur général, mais cédera cette présidence à l’ancien directeur général de Safran, Philippe Petitcolin.Une crise qui s’accélère depuis début octobreUne annonce qui fait écho aux critiques sur la mauvaise gestion de l’entreprise, après l’annonce de mauvais résultats au début du mois. Le 4 octobre, Alstom révélait à ses investisseurs une consommation excessive de trésorerie. Son flux de trésorerie libre, c’est-à-dire l’argent que l’entreprise génère ou consomme et qui est réellement disponible, a plongé dans le rouge lors du premier semestre 2023-2024 de son exercice décalé. Avec un montant négatif, estimé à -1,1 milliard d’euros.Un indicateur de performance économique scruté de près par les investisseurs. Le lendemain, l’action plongeait de plus de 37 %. Une tendance accélérée par une dégradation de sa note par l’agence Moody’s, le 12 octobre, rapprochant encore l’entreprise de la catégorie spéculative. Alstom n’a pas remonté la pente depuis : ce mercredi midi, l’action de l’entreprise avait chuté de près de 19 % à la Bourse de Paris. Elle avait déjà été divisée par deux depuis le début de l’année, notamment suite à une baisse de 16 % de ses commandes au premier semestre par rapport à l’année précédente.Pour le PDG du groupe Henri Poupart-Lafarge, ce problème de trésorerie “constitue un appel clair au changement”, indique-t-il dans le communiqué de résultats. En attendant, Alstom a d’ores et déjà annoncé son intention de ne verser aucun dividende l’été prochain.
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Publish date : 2023-11-15 14:42:58
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