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Climat : moustiques, chaleur… Une étude prédit cinq fois plus de morts d’ici 25 ans

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C’est un véritable “compte à rebours sur la santé et le changement climatique”, comme le titre The Lancet. La revue scientifique britannique a publié, ce mercredi 15 novembre, la huitième version de son rapport de référence sur les conséquences du réchauffement climatique.En accès libre, cette étude mise à jour tous les ans combine le travail de 114 chercheurs issus des quatre coins du monde. Un document de référence sur le réchauffement climatique, qui présage à nouveau que “la santé de l’humanité est en grave danger” : cinq fois plus de personnes risquent de mourir sous l’effet de la chaleur extrême, si les températures augmentent de 2 °C d’ici 2050. Un scénario encore optimiste, alors que les émissions de gaz à effet de serre ont atteint des records l’année dernière, a alerté l’ONU ce mercredi qui appelle à réduire d’urgence la consommation de combustibles fossiles.Niveaux records de gaz à effet de serre en 2022Explosion du nombre de décès liés à la chaleur depuis 30 ansAu-delà de faire des projections dramatiques sur notre futur, cette huitième version du “compte à rebours” de The Lancet fait d’abord écho à notre présent. En effet, le rapport fait cette projection en se basant sur la multiplication récente des vagues de chaleurs dangereuses pour la santé. En 2022, les habitants du monde entier ont ainsi été exposés à une moyenne de 86 jours de températures potentiellement mortelles.Face à des étés toujours plus chaud, la mortalité chez les populations à risque a donc explosé depuis 30 ans. Comme le révèle ce rapport, le nombre de personnes de plus de 65 ans décédées à cause de la chaleur a bondi de 85 % entre 1991-2000 et 2013-2022. Ainsi, “les personnes âgées et les nourrissons sont désormais exposés à deux fois plus de jours de canicule par an qu’entre 1986 et 2005″, rapporte le quotidien américain New York Times dans un article dédié à l’étude. Un phénomène qui s’est encore observé en 2023, qui s’annonce comme l’année la plus chaude de l’histoire de l’humanité, selon l’Observatoire européen du climat.Graphique montrant le nombre de jours par an avec une température dangereuse pour la santé de 1997 à 2022 selon le rapport 2023 de The Lancet Countdown on health and climate change”Les effets observés actuellement pourraient n’être qu’un symptôme précoce d’un avenir très dangereux”, estime la directrice exécutive du rapport Marina Romanello. L’étude prévoit qu’un réchauffement de 2 °C d’ici 2100 provoquerait une surmortalité inévitable : le nombre de décès en lien avec la chaleur devrait augmenter de 370 % d’ici 2050, soit une multiplication par 4,7. Un scénario qui pourrait malgré tout s’aggraver, alors que les températures moyennes terrestres sont actuellement en voie d’atteindre 2,7 °C d’ici 2100.Un effet papillon dévastateur dans les pays pauvresD’autant plus que la chaleur fatale n’est qu’une des multiples menaces pour la santé humaine résultant de notre usage croissant des combustibles fossiles, selon cette étude. Le rapport présente en effet 47 indicateurs d’augmentation de la mortalité liés à la hausse globale des températures. La chaleur excessive provoque d’abord des sécheresses plus fréquentes, exposant des millions de personnes au risque de mourir de faim. Selon les projections du “compte à rebours” de The Lancet, environ 520 millions de personnes supplémentaires se retrouveraient en insécurité alimentaire modérée ou grave d’ici 2050.Autre conséquence importante : la prolifération de moustiques. Avec la chaleur, ceux-ci voyagent de plus en plus loin et transportent des maladies infectieuses dans de nouvelles zones. C’est notamment le cas en Jamaïque : le pays traverse une épidémie de dengue inédite, rappelle la chercheuse jamaïcaine et coautrice du rapport Georgiana Gordon-Strachan. La transmission de cette maladie pourrait d’ailleurs bondir de 36 % d’ici la moitié du siècle, toujours selon l’étude.Ces multiples impacts du changement climatique pèsent alors de plus en plus sur les systèmes de santé, qui peinant à y faire face. Plus d’un quart des villes étudiées par les chercheurs ont exprimé leur crainte de voir leurs établissements de santé débordés d’ici quelques années. Une double peine qui touche plus durement “les habitants des pays les plus pauvres”, précise Georgiana Gordon-Strachan : “souvent moins responsables des émissions de gaz à effet de serre”, ils ont pourtant “moins de capacités financières et techniques de s’adapter” aux conséquences du réchauffement climatique.Un “coût humain énorme” lié à l’inaction climatique”L’humanité est confrontée à un futur insupportable”, a jugé le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres en réponse à la publication du rapport de The Lancet. Les projections sinistres de cette étude annuelle ne semblent pourtant pas suffisantes pour convaincre les États, déplorent les auteurs du rapport.Le chercheur britannique et spécialiste des risques climatiques Dann Mitchell regrettait ainsi auprès de la fondation Science Media Center que les précédents avertissements sanitaires “catastrophiques” n’aient “pas réussi à convaincre les gouvernements de réduire suffisamment les émissions de carbone pour respecter le premier objectif de l’accord de Paris, soit +1,5 °C”. L’étude critique également les entreprises et banques qui subventionnent et investissent encore massivement dans les combustibles fossiles, alimentant le réchauffement planétaire. Malgré des appels toujours plus pressants à une action mondiale, les émissions de carbone liées à l’énergie ont atteint de nouveaux sommets l’an passé.À quelques semaines de la conférence internationale sur le climat (COP28) de Dubaï, les conclusions du rapport pourraient donc influencer les discussions internationales sur les mesures à adopter pour réduire les conséquences de la chaleur sur les vies humaines. Pour la première fois, une journée sera dédiée à la santé, le 3 décembre. Mais une partie des “années très précieuses” perdues ne pourront jamais être rattrapées, nuance la chercheuse Marina Romanello au New York Times : “Les pertes en vies humaines, les conséquences que subissent les gens, sont irréversibles”.



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Publish date : 2023-11-15 11:43:52

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Tags :L’Express

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