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Méningites : des niveaux “jamais atteints” en France

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C’est une alerte lancée, mardi 14 novembre, l’Institut Pasteur. Les méningites à méningocoques, potentiellement mortelles, ont connu un “rebond sans précédent” en France après l’arrêt des mesures sanitaires mises en place pendant le Covid-19.Grâce à la base de données du Centre national de référence des méningocoques, une équipe de scientifiques de l’Institut Pasteur a pu retracer l’évolution des cas de méningite à méningocoques en France entre 2015 et 2022. Les résultats ont été publiés dans la revue Journal of Infection and Public Health le 12 octobre 2023.Si 298 cas ont été enregistrés entre janvier et septembre 2019, 421 cas ont déjà été répertoriés entre janvier et septembre 2023, soit une augmentation de 36 %, “alors même que le pic hivernal n’a pas encore eu lieu”, a constaté mardi l’Institut Pasteur dans un communiqué. Des niveaux “jamais atteints” en France, souligne à l’AFP Muhamed-Kheir Taha, responsable du Centre national de référence des méningocoques.À cela, deux explications principales, selon l’institut de recherche : une diminution de l’immunité générale à la suite de la baisse de la circulation des souches, mais aussi la baisse de la vaccination, qui a chuté de 20 % pour la vaccination contre le méningocoque C lors du premier confinement par exemple.Un nombre de cas supérieur à l’avant-pandémieLors de l’épidémie de Covid-19, les gestes-barrière comme le port du masque et la distanciation sociale ont eu des conséquences positives sur les infections respiratoires, rappelle l’Institut Pasteur. Ce fut le cas pour la méningite à méningocoques qui a vu son nombre de contaminations chuter de plus de 75 % en 2020 et 2021. Mais le centre de référence s’est interrogé sur la suite, lorsque les mesures de protection s’assoupliraient.Les scientifiques qui ont étudié de près l’évolution de la maladie entre 2015 et 2022 ont observé une reprise rapide de l’activité des bactéries. “La méningite à méningocoques a connu un rebond sans précédent à l’automne 2022, avec aujourd’hui, à l’automne 2023, un nombre de cas supérieur à la période qui a précédé la pandémie de Covid-19”, résume dans un communiqué Samy Taha, chercheur dans l’unité Infections bactériennes invasives à l’Institut Pasteur et l’un des auteurs de l’étude.Si toutes les catégories d’âge sont concernées, il s’avère que les plus touchées par cette nouvelle vague de méningites sont les jeunes de 16 à 24 ans, précise dans le communiqué, Ala-Eddine Deghmane, co-auteur principal de l’étude et responsable adjoint du Centre national de référence des méningocoques à l’Institut Pasteur.Autrement dit, explique le célèbre acteur de la recherche biomédicale en France, les souches bactériennes de méningocoques aujourd’hui responsables de méningites ne sont plus les mêmes que celles qui circulaient avant la pandémie et elles ciblent plus de tranches d’âge différentes. “C’est un peu comme si, avec l’épidémie de Covid-19, l’ensemble du système avait été réinitialisé”, illustre Samy Taha.Une maladie imprévisible et foudroyanteLes méningites constituent une infection des enveloppes qui entourent le cerveau et la moelle épinière. Dans la plupart des cas, elles sont virales, mais peuvent aussi être d’origine bactérienne : c’est le cas des méningites à méningocoques. La transmission se fait de personne à personne par contact étroit et prolongé.Environ une personne sur dix dans la population générale – mais un adolescent sur trois – est porteuse de méningocoques sans qu’aucun symptôme de la maladie ne se déclare. Il arrive néanmoins qu’après avoir infecté les voies respiratoires, les méningocoques se propagent dans l’organisme via la circulation sanguine. Fièvre élevée, maux de tête violents, vomissements, raideur de la nuque, photosensibilité, taches rouges ou violacées (purpura), sont les principaux symptômes.Imprévisible et foudroyante, la maladie bactérienne peut engendrer la mort en moins de 24 heures, sans prise en charge rapide. Correctement traitée, la mortalité de la méningite bactérienne reste de 10 %. La méningite à méningocoques peut aussi laisser des séquelles plus ou moins lourdes : amputation, surdité, troubles cognitifs, difficultés d’apprentissage, etc.”Reconsidérer la stratégie vaccinale actuelle”Différents types d’enveloppes ou capsules entourent la bactérie. Dans le cas du méningocoque, la nature de ces enveloppes est désignée par des lettres. Aujourd’hui en France, seule la vaccination contre le méningocoque du groupe C est obligatoire, depuis 2018. La vaccination contre le méningocoque B est simplement recommandée chez les nourrissons, depuis 2022.Contrairement à certains pays comme la Grande-Bretagne, il n’existe pas encore de recommandations en population générale contre les groupes Y et W. Or, depuis la fin de la pandémie, ces dernières souches sont responsables de la plupart des méningites. “Nous pensons qu’il est temps de reconsidérer la stratégie vaccinale actuelle”, indique à l’AFP Muhamed-Kheir Taha.Les chercheurs, actuellement en lien avec la Haute autorité de santé (HAS), recommandent notamment d’élargir aux adolescents, principaux porteurs sains du méningocoque, le vaccin tétravalent ciblant les méningocoques de groupes A, C, Y et W.D’autant que la recrudescence de la méningite pourrait s’amplifier dans les prochains mois avec l’épidémie de grippe saisonnière qui crée un “contexte favorable au développement des bactéries méningocoques”, notamment en augmentant la circulation et l’exposition aux pathogènes respiratoires. Autre point de vigilance : les grands rassemblements propices aux contaminations et “à la propagation de la méningite à méningocoques en particulier”, précise l’Institut Pasteur.



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Publish date : 2023-11-15 10:46:10

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