Trois ans. Trois ans pour panser les plaies d’un Renault au bord du gouffre. Trois ans et une certitude : celle d’avoir trouvé un remède à la concurrence de Tesla et des constructeurs chinois. Fidèle à l’audace qui a fait la renommée de Renault, son directeur général Luca de Meo a choisi une voie que nul autre constructeur n’avait osé emprunter jusqu’à alors, celle de la scission. Objectif : faire émerger une entreprise dédiée corps et âme à l’électrique, Ampere.Débarrassés des lourdeurs de leur auguste maison-mère, les 11 000 salariés de cette nouvelle structure auront l’agilité d’un nouvel entrant, assure sa direction. Les compétences d’un constructeur historique en plus. C’est ainsi que le groupe au Losange espère être le premier à commercialiser des véhicules électriques au prix du thermique, le tout grâce à un temps de développement record, et en mettant l’accent sur la dimension logicielle d’une voiture pensée comme un smartphone sur roues – domaine dans lequel les Chinois excellent. Ce faisant, Renault espère couper l’herbe sous le pied de ses concurrents. Un effort qui requiert de l’argent frais. C’est en Bourse que le constructeur compte le trouver, en introduisant Ampere au premier semestre de 2024.Mais l’entreprise est risquée. Dans un contexte économique défavorable, il n’est pas garanti que la cotation d’Ampere lui permette d’atteindre le niveau de valorisation stratosphérique d’un “pure-player” comme Tesla. D’aucuns craignent qu’Ampere n’atteigne même pas celle de Renault, dont la valorisation plafonne depuis des années à environ 10 milliards d’euros.”Il n’est pas certain que le marché achète Ampere, redoute Bernard Jullien, maître de conférence à Bordeaux. Même Stellantis, qui fait pourtant tout pour séduire, reste sous-capitalisé. Par ailleurs, en termes d’animation des équipes, l’idée de dire que la virginité automobile constitue un avantage compétitif est un mauvais message adressé à des salariés qui travaillent à accumuler des compétences.” La direction de Renault se réserve le droit de repousser l’introduction en Bourse si les conditions ne sont pas réunies. Mettre en orbite Ampere, mais pas à n’importe quel prix. C’est son avenir en tant que compétiteur dans la voiture électrique que Renault joue. Et celui de la majorité de ses usines en France.
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Author : Julie Thoin-Bousquié
Publish date : 2023-11-15 16:12:46
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