“L’industrie est morte, Dunkerque est morte !”. Ce slogan, on l’a longtemps scandé sur cette terre sinistrée qui perdait ses habitants comme ses industries. Jusqu’à ce que, dans la décennie 2010, elle se tourne vers la transition écologique, sous l’impulsion notamment de son nouveau maire Patrice Vergriete (divers gauche). Sa conviction ? “Dans quinze ans, ce qui comptera dans l’industrie, ce sera la décarbonation !” Une nouvelle orientation qui commence à porter ses fruits.Pour rendre Dunkerque attractive et attirer les fleurons du XXIe siècle, encore fallait-il d’abord mettre en place les outils adéquats : fournir de l’électricité “verte”, disposer d’un réseau de chaleur et d’eau… L’édile s’y est attelé, accumulant de “petites victoires”*. La première ? L’implantation de l’irlandais Ecocem en 2016, avec son unité de production de ciment écologique. Et de “grandes victoires” aussi. Lorsque le gouvernement a lancé son chantier de réindustrialisation du pays, les regards se sont posés sur la cité flamande “parce qu’elle avait une longueur d’avance”, se réjouit Patrice Vergriete, entré au gouvernement, mais toujours président de la communauté urbaine de Dunkerque. Alors que la zone industrialo-portuaire reste la plus émettrice de France, la décarbonation des entreprises présentes est de fait engagée. Avec pour symbole ArcelorMittal. Le premier émetteur de gaz à effet de serre en France va remplacer le charbon par l’hydrogène et l’électricité afin de baisser de 40 % ses émissions de CO2. Coût du projet : 1,7 milliard d’euros – dont une partie apportée par l’Etat !Les retombées se font déjà sentir sur le marché du travail. “D’ici à 2030, nous créerons 20 000 emplois supplémentaires sur le territoire”, promet Patrice Vergriete. 2000 postes sont annoncés dans la méga-usine de batteries bas carbone du français Verkor ; 3000 chez celle du taïwanais ProLogium. Sans oublier ceux, indirects, liés à la construction des deux EPR et d’un parc éolien offshore. Ce dernier, prévu pour 2028, ne fait pourtant pas l’unanimité. “L’implantation de 46 éoliennes de 300 mètres de haut à 10 kilomètres de la côte, de surcroît dans une zone Natura 2000, est à la fois inappropriée et inutile, estime Florent Caulier, président de l’association Vent Debout 59. Inappropriée en raison des risques de pollution visuelle, des eaux et des nuisances sonores néfastes aux cétacés. Inutile alors que la centrale nucléaire de Gravelines voisine produit déjà la meilleure électricité verte au monde !”Un programme “éco-gagnant”Pas suffisant pour faire dévier de son cap Patrice Vergriete, qui veille toutefois à associer les habitants à cette transition, via notamment un ingénieux programme “éco-gagnant”. Le principe ? En faisant un geste pour la planète, on améliore son pouvoir d’achat. La preuve par l’exemple. L’instauration de la gratuité du service de bus s’est traduite par une hausse de 125 % du taux de fréquentation, tandis que les aides à l’acquisition d’un vélo neuf (500 000 euros versés depuis 2020) ont dynamisé toute une filière, des réparateurs aux vendeurs de bicyclettes.Celui qui vient d’être nommé ministre du Logement ne pouvait évidemment rester inactif sur ce dossier. “A côté des primes visant à améliorer l’isolation, nous proposons un accompagnement du diagnostic à l’achèvement des travaux pour permettre une rénovation complète”, assure l’intéressé. Et de promettre aussi 1 200 nouveaux logements dans le centre-ville, pour éviter l’étalement urbain, ainsi que par la plantation de 200 000 arbres d’ici à 2026 pour végétaliser une cité très minérale. Avec l’espoir, à terme, de faire rimer un peu mieux industrie et écologie.* Les élus d’opposition sollicités n’ont pas répondu aux sollicitations de L’Express.Un article du dossier spécial de L’Express “Villes”, publié dans l’hebdo du 16 novembre
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Author : Audrey Lévy
Publish date : 2023-11-16 09:31:00
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