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Rencontres de Saint-Denis : Macron et les limites du showman

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C’est toujours ce que redoute le plus un showman : des travées vides. Pourquoi mon public ne serait-il plus au rendez-vous ? Lundi soir, Emmanuel Macron apprend par une indiscrétion qu’Eric Ciotti ne veut pas honorer l’invitation à la nouvelle rencontre autour du président, vendredi. Le patron de LR ne l’a pas encore annoncé, mais c’est vrai. Du coup, le chef de l’Etat le fait appeler pour vérifier. Mardi matin, c’est le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, qui tente de dissuader Eric Ciotti de boycotter. En vain.Une salle hostile, ça se retourne ; une salle désertée, ça vous laisse sans voix. Emmanuel Macron adore les face-à-face dès lors qu’il en est la vedette : hier, le grand débat, en 2019, devant ces maires venus avec leurs questions pointues et repartis avec leurs réponses exhaustives (on se souvient de ses longues explications présidentielles sur le sort d’une maternité à Bernay dans l’Eure) ; aujourd’hui les rencontres de Saint-Denis avec les chefs de parti, qui gravitent forcément autour de lui.”Emmanuel Macron confond la politique avec sortir un lapin de son chapeau. Saint-Denis 1 était très réussi, mais il ne peut y avoir d’épisode 2 réussi”, observe un ancien ami. Pour le moment, les absents de l’acte 2, Manuel Bompard, Olivier Faure, Eric Ciotti, se voient plus que les présents – pour un peu, ils demanderaient à être remboursés pour le premier spectacle.Car tous s’étaient laissé un peu prendre par les talents de l’acteur. Tous ? Même Manuel Bompard (LFI) le concède du bout des lèvres : “C’est vraiment un séducteur. Un bonimenteur même. Il est capable de vendre une machine à laver à quelqu’un qui en a déjà deux.” Eric Ciotti (LR) le reconnait à son tour : “Le scénario n’était pas mal conçu. Nous étions les pions d’une stratégie.” Mais il n’a pas apprécié la com qui a suivi, une mise en scène signée de l’Elysée selon lui, la quasi-sanctification de Jordan Bardella.”Macron est une machine de guerre !”Les plus enthousiastes avaient été à deux doigts de se lever pour applaudir. Hervé Marseille, le président de l’UDI : “Emmanuel Macron est à l’aise sur presque tout, c’est une machine de guerre ! Ceux qui sont allés le chercher sur un sujet se rendent vite compte que ce n’est pas facile, autant on peut lancer des accusations devant des militants, autant lui l’inspecteur des finances vous démonte le truc en trois coups de cuillère et passe ensuite à un autre sujet.”D’autres ont remarqué son self-control, par exemple quand Olivier Faure s’est lancé dans l’éloge de Michel Rocard, oubliant un peu vite qu’il fut le Premier ministre de tous les 49.3, ou son stoïcisme quand Jordan Bardella lui a presque fait la leçon : “M. le président, je voulais vous dire, les Français considèrent que les gouvernements, pas seulement celui-là, manquent de chair. Vous devriez être très content qu’on existe et qu’on fasse ce qu’on fait, soyez heureux qu’on récupère ces gens qui croient que nous au moins pouvons changer les choses. Le jour où ils ne croiront même plus en nous…” Certains ont souri en voyant le président tour à tour assis, puis debout au moment de commenter des cartes militaires consacrées à l’Ukraine.Chapeau l’artiste ? Sauf que ce n’était pas tout à fait censé être un one-man-show et que les participants ne sont pas du genre à vouloir rester bouche bée. Eux aussi se veulent acteurs à part entière. Dans sa lettre justifiant sa non-participation, Eric Ciotti rappelle ainsi les mérites du contre-budget présenté le mois dernier par LR. Mais ce n’est pas cela qui rabibochera les uns et les autres, car l’opération est restée en travers de la gorge du premier cercle à l’Elysée : “On cherche chez Les Républicains une rationalité qu’ils ont perdue depuis longtemps ! Ils ont été capables de présenter la même semaine des amendements pour 150 milliards de dépenses supplémentaires et un contre-budget pour se parer des vertus du sérieux… La même semaine !” Fini de rire : juste avant, Eric Ciotti avait souhaité que soit dénoncée la convention fiscale avantageuse liant Paris et Doha. “C’était doublement bizarre, pointe ce proche d’Emmanuel Macron, c’est un texte voulu par Nicolas Sarkozy, et ce n’était pas forcément le moment idéal au moment où le Qatar est l’intermédiaire obligé pour la libération des otages retenus à Gaza.”Haro sur la star ou sur les participants ? Si le nouveau spectacle n’est pas à la hauteur, ce serait plus à cause des participants que de la vedette ? Ce serait oublier un peu vite la propension, décrite par une vieille connaissance, d’Emmanuel Macron à “entendre tout le monde, mais n’écouter personne”. “Pitoyablement monarchiste”, avance Manuel Bompard. Le roi est nu, le président n’a plus de lapin dans son chapeau.



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Author : Eric Mandonnet

Publish date : 2023-11-16 04:48:07

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Tags :L’Express

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