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Structures : “On ne voulait surtout pas faire un album de post-punk”

Structures : “On ne voulait surtout pas faire un album de post-punk”



On était en 2018 quand Structures s’est ramené avec Long Life, un premier EP brut et agité. Après coup, Pierre Seguin (chant, guitare) et Marvin Borges-Soares (chant, basse) ont essaimé des singles durant cinq années, laissant couler le temps nécessaire pour recoudre certaines plaies et mettre en boîte un album, tous les deux, à l’abri des regards. Sur A Place for My Hate, dont la sortie est prévue demain, cohabitent les contraires, la crise de nerfs et des expéditions inattendues, qui entérinent toutes les promesses formulées par le groupe depuis leurs débuts. Au fin fond d’un café à Amiens, sur la place du Beffroi, Pierre et Marvin racontent comment ils ont tout bricolé tout seuls, dans différents studios. Rencontre.

Pourquoi avez-vous mis autant de temps à sortir cet album ?
Pierre Seguin (chant, guitare) – On a pris le temps qu’il fallait, genre un an et demi. On a commencé à composer des trucs en 2021, avant d’enregistrer les bases de l’album au printemps 2022.
Marvin Borges-Soares (chant, basse) – On a tout fait seuls, que ce soit les prémixes, les enregistrements ou la production.
Pierre – En plus, on était en tournée en même temps.
Marvin – C’est pas un album qui a été fait en une semaine dans un studio. Le seul moment où l’enregistrement a duré, c’est quand on était chez Théo Gosselin, seuls dans sa maison en pleine forêt, pendant qu’il était parti aux États-Unis. Mais, le plus important, c’est-à-dire la production, rajouter des guitares, enregistrer des voix, ça a été fait au compte-goutte un peu partout en France.
Pierre – On a loué des studios au 106 à Rouen en septembre. J’ai retravaillé des morceaux à Amiens. Ensuite, on est allé à L’Echonova à Vannes vers février. En fait, on a travaillé au fil des saisons. L’album a évolué avec nous. 

Cet album paraît plus acéré et plus varié que vos singles. Il y a des morceaux comme Best Friends, qui tabassent en moins de trois minutes, et d’autres comme Cold Touch, plus souples.
Pierre – C’est ça. On ne voulait pas un album où toutes les chansons sont dans la même veine. Elles ont chacune une identité forte. On a besoin d’être surpris. En terme de son, on voulait qu’il reste agressif, malgré des moments downtempo.
Marvin – Il reste des esquisses du Structures de l’époque, comme tu disais sur Cold Touch, mais sinon l’album n’a rien à voir.

On entend des choses qu’on avait jamais entendu chez Structures, comme des chœurs ou du piano sur Sometimes. Ça m’a vraiment rappelé Type O Negative.
Pierre – Trop marrant, Martin (Rocchia, guitariste de Territory, Film Noir et Structures en concert, ndlr) nous dit la même chose. On écoute beaucoup Nine Inch Nails aussi et des choses qu’on s’était interdites d’utiliser comme Depeche Mode. Mais on kiffe, alors pourquoi s’en priver ? Ça nous emmène dans des directions surprenantes.

Qu’est-ce qui vous inspire chez Nine Inch Nails ?
Marvin – Trent Reznor, c’est mon idole. Il m’a aidé à me sentir mieux. Il a été très mal entouré et il s’est mis à travailler seulement avec quelques personnes. Ça ressemble beaucoup à ce qu’on a traversé avec Structures.
Pierre – En plus de ça, Reznor c’est un geek qui nous a énormément inspirés pour la production de l’album. 

L’une des plus belles chansons de l’album, c’est Home. Comment avez-vous construit ce morceau de huit minutes ?
Pierre – C’est le morceau qui nous a pris le plus de temps à composer. 
Marvin – Mais, en fait, c’était facile. Quand on le finissait, je me souviens, on faisait plein de lignes de guitares en mode shoegaze et on a tout gardé. 
Pierre – Ouais, mais la construction du morceau n’était pas si simple.
Marvin – C’est vrai. On se demandait s’il fallait garder la voix et la basse tout le début ou à partir de quand arrive le synthé pour pas s’ennuyer. 
Pierre – L’idée, c’était de faire arriver les choses progressivement pour qu’une ambiance s’installe. C’est un morceau très abouti.

Comment vous composez ?
Marvin – On écrit chacun de notre côté. Puis, on met tout en commun. C’est marrant, car, naturellement, on échange les rôles : toi, tu composes à la basse, alors que moi, je compose à la guitare.
Pierre – Oui, c’est drôle ! Ensuite, il faut trouver le bon truc, trouver l’émotion. Dans mes phases d’écriture, je me réveille en pleine nuit avec un truc en tête et je file l’enregistrer sur mon téléphone. J’essaie des mélodies à la guitare. Après, on passe par la phase yaourt, où on va poser une ligne de chants. Il y a des mots importants qui viennent. En général, les mots les plus clairs que tu sors, c’est ceux que tu dois garder.
Marvin – Quand tu crées une mélodie, tu sais ce qui va venir après.
Pierre – Tu sais forcément si tu vas être en colère ou amoureux. Il y a toujours cette dualité qui revient. 

La confrontation, c’est un peu le cœur de ce premier album ?
Pierre – Carrément. Il y a l’ombre et la lumière. L’amour et la haine. Et comment on passe de l’un à l’autre. Avec Marvin, on aime beaucoup le symbole de l’ouroboros, ce serpent qui se mord la queue. L’album parle des cycles, du temps qui passe, les années qui se répètent et les choses qui évoluent, mais qui, au fond, restent toujours les mêmes. On est content de faire ce premier album à la trentaine. Je pense qu’on a besoin de temps pour avoir des choses à dire et pour les exprimer. 
Marvin – La plupart des gens trouvent l’album hyper surprenant. On voulait pas faire un album de post-punk. Je me bats pour qu’on arrête de dire qu’on fait du post-punk. À la rigueur, mettez “groupe de rock”, ça nous définit mieux. Mais “post-punk”, c’est rattaché à toute la scène anglaise dont on a absolument rien à foutre. J’aime pas les groupes anglais. J’écoute que des trucs américains des années 1990, du hardcore, de l’EBM. Là, je me suis replongé à fond dans Black Rebel Motorcycle Club. Les compositions sont géniales, les guitares aussi. C’est tellement classe comme groupe.

Le côté vénère de l’album est accentué par la pochette, réalisée par Pierre. Que signifie cette vitre brisée en noir et blanc ?
Pierre – Je m’en étais pas rendu compte, mais je crois que c’est un hommage à Soulages, mon peintre préféré. Toute son œuvre, c’est de travailler l’obscurité et la lumière avec des textures de noir. Le noir vient attraper la lumière. C’est fou.
Marvin – Depuis le début, on savait que ce serait la pochette.
Pierre – On sait que c’est une vitre, on sait pas de quoi. Mais il y a un message. À un moment donné, les choses se brisent.
Marvin – Je trouve ça important de préciser que c’est un écran de téléphone cassé.

J’imagine que c’est aussi un moyen de dénoncer le côté anxiogène des réseaux sociaux. Comment vous gérez ça en tant que groupe ?
Marvin – C’est une pression monumentale parce que nous, en tant que groupe, on doit poster sans cesse du contenu sur les réseaux sociaux pour continuer à exister. Je trouve pas ça terrible.
Pierre – Le message, c’est que si ton téléphone se pète, laisse-le et va voir autre chose.

A Place for My Hate (Divorce/PIAS). Sortie le 17 novembre 2023. Concert le 16 novembre 2023 au Nouveau Casino, Paris.



Source link : https://www.lesinrocks.com/musique/structures-on-ne-voulait-surtout-pas-faire-un-album-de-post-punk-600917-16-11-2023/

Author : Juliette Poulain

Publish date : 2023-11-16 13:47:26

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