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“The Crown” : une dernière saison qui commence mal

“The Crown” : une dernière saison qui commence mal



La mort de la princesse Diana à l’âge de 36 ans fait partie des événements dont toutes celles et ceux qui étaient en âge de le comprendre se souviennent encore, quel que soit leur rapport aux royales habitudes britanniques. C’était une belle fin d’été, le 31 août 1997, quand la voiture de l’icône pop conduite par le chef de la sécurité de l’hôtel Ritz s’est crashée sous le tunnel de l’Alma à Paris, tuant sur le coup son compagnon Dodi Al-Fayed, la blessant bientôt mortellement.

The Crown devait en arriver à ce jour fatal, elle qui scrute depuis maintenant six saisons la vie d’une famille si particulière. La série s’y attelle en quatre épisodes qui forment la première partie de l’ultime saison – les six épisodes restants arrivent le 14 décembre – à travers les dernières semaines de Lady Diana. Et tout ça pour quoi ? Pour une déception assez nette, qui nous a pris par surprise.

Flash-backs

Le choix d’une structure en flash-backs est le premier qui nous a fait tiquer. En quelques scènes quasiment Emily in Paris-esques, le récit débute en suivant un Parisien des beaux quartiers qui va promener son chien, tard le soir, et finit par entendre un gros boum. Nous revenons huit semaines plus tôt et la fiction s’enclenche autour du summer of love vécu par la princesse avec Dodi Al-Fayed, l’héritier Harrods d’origine égyptienne, que la saison précédente avait brillamment présenté dans un épisode très clair sur les effets du racisme jusque dans les plus hautes sphères. 

Ici, nous sommes plutôt figé·es dans un roman-photo – après-midis sur le yatch, virée shopping – même si The Crown tente de se donner le beau rôle d’une série qui réfléchit aux effets de la célébrité et aux excès des paparazzis, culture alors en pleine expansion. Filmant son héroïne comme une bête traquée, elle ne lui donne pas pour autant un espace pour exister. Nous sommes devant une pauvre petite fille riche évanescente, constamment au bord de la naïveté. Lady Di n’est plus un personnage, tout juste une figure.

Son prétendant agit comme téléguidé par son milliardaire de père qui rêve de créer des liens avec la famille royale britannique à travers un beau mariage. Le falot Dodi n’a clairement pas la carrure, il n’est peut-être même pas si amoureux que cela, mais jusqu’à la nuit du drame, The Crown joue la carte du soap et de la romance à tout prix. Un goût soudain pour le premier degré qui ne cadre pas vraiment avec l’esprit plutôt austère et pince-sans-rire de la série depuis ses débuts en 2016. C’est le principal échec de Peter Morgan, qui semble tétanisé par son sujet, au point de vouloir cocher toutes les cases de la “bonne” fiction, sans trace de la cruauté qui aurait pu saisir la tragédie en cours.

Un début de saison raté

Il faudrait avoir un cœur de pierre pour ne pas être ému·e par le portrait que dresse la série des enfants de Diana, Harry et William, ainsi que du Prince Charles (aujourd’hui roi) dans leur rapport à cette femme qui ne trouve plus sa place là où elle voulait être. Quelques belles scènes viennent l’attester, y compris dans le dernier épisode, situé après le crash. Mais tout cela pèse assez peu au regard du raté global. Dans une vie de sériephile, il arrive de décrocher d’une série presque physiquement. Devenant étrangère à elle-même, elle nous rend étranger·ère à son destin. J’en suis là avec The Crown, en espérant que les six derniers épisodes renversent la tendance.

The Crown saison 6. Sur Netflix.



Source link : https://www.lesinrocks.com/series/the-crown-une-derniere-saison-qui-commence-mal-600869-16-11-2023/

Author : Olivier Joyard

Publish date : 2023-11-16 09:36:00

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