A priori, rien de glamour. Une usine Arkema de gaz fluorés, une raffinerie TotalEnergies d’où s’échappe un immense nuage de fumée, un vaste site de production appartenant à Solvay… La vallée de la chimie, au sud de la métropole lyonnaise, regroupe sur 14 communes des industries chimiques, dont une bonne partie de sites Seveso. C’est la cinquième zone la plus émettrice de CO2 en France.Peu engageant, et pourtant… Dans un pays marqué par la désindustrialisation, le Grand Lyon fait preuve d’un dynamisme remarquable. La “vallée” emploie 10 000 personnes dans la chimie, l’énergie et l’environnement, dont un quart centré sur la recherche et le développement. “Ces deux dernières années, les industriels ont encore recruté 2 000 personnes”, se félicite Bruno Bernard, président de la métropole de Lyon. L’écosystème attire même des groupes étrangers, comme le chimiste chinois Adisseo ou Elkem, un fabricant norvégien de matériaux avancés à base de silicium.Avec la santé, l’industrie chimique constitue l’un des deux points forts de l’économie lyonnaise. Les pouvoirs publics sont moteurs dans son développement. La mission Vallée de la chimie réunit tous les mois les acteurs industriels et académiques pour faire le point sur les projets. “Il y a une vraie animation de la part de la métropole”, apprécie Jean-Francis Spindler, directeur du centre de recherche Solvay à Saint-Fons et président de la plateforme d’innovation collaborative Axel’One. Dirigée par les écologistes depuis les élections municipales de 2020, l’intercommunalité finance l’innovation à travers un fonds d’amorçage de 80 millions d’euros auquel elle a apporté une trentaine de millions – le reste provient de la métropole de Saint-Etienne et de partenaires privés. “Notre objectif est de développer une industrie forte et diversifiée tout en réduisant les risques chimiques pour les habitants”, martèle Bruno Bernard.“Attractivité sélective”De fait, si la réindustrialisation prônée naguère par Gérard Collomb n’est pas remise en cause, la nouvelle majorité a posé des exigences accrues en matière de durabilité. Elle exclut les entreprises polluantes et met en avant une “attractivité sélective”. Ainsi, la zone d’activités de Sous-Gournay, réservée en priorité au recyclage et à la chimie biosourcée, sera déployée fin 2026 avec l’ambition de créer un millier d’emplois.Confrontée à la récente flambée des prix de l’énergie, la vallée de la chimie continue de se transformer. Plusieurs industriels dont TotalEnergies, Arkema et l’Ipfen ont installé 40 000 mètres carrés de panneaux solaires qui produisent l’équivalent de la consommation électrique de 1 600 foyers. Le fabricant de PVC Kem One a fait construire deux barges fluviales à moteur hybride pour relier ses sites de Fos-sur-Mer et de Saint-Fons, ce qui permet d’éviter 2 000 tonnes de CO2 par an. Arkema vient d’investir 50 millions d’euros dans un centre dédié aux batteries du futur.Les industriels savent qu’ils devront encore redoubler d’efforts pour résister à la concurrence asiatique tout en déroulant leur feuille de route environnementale. “Contre le risque climatique, il faut aller vite. Nous devons réaliser en trois ou quatre ans ce qui en prenait cinq”, plaide Jean-Francis Spindler. La vallée de la chimie se tourne donc vers les énergies du futur. EDF et Engie vont installer des électrolyseurs pour produire de l’hydrogène vert. Filiale de Michelin et Faurecia, le constructeur de pile à hydrogène Symbio compte fournir à Stellantis jusqu’à 10 000 véhicules à l’hydrogène par an en 2030. Preuve qu’ici, politiques, scientifiques et investisseurs savent s’entendre et obtenir des résultats probants.Un article du dossier spécial de L’Express “Villes”, publié dans l’hebdo du 16 novembre
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Author : Thomas Lestavel
Publish date : 2023-11-17 14:50:28
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