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Loi immigration : chez LR, un peu de calme avant le saut dans l’inconnu

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A sa sortie de l’ENA, Laurent Wauquiez a choisi d’intégrer le Conseil d’Etat plutôt que le corps diplomatique. Ce mardi 14 novembre, le candidat putatif des Républicains (LR) pour 2027 endosse pourtant le rôle de casque bleu. Le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes se mue en garant de l’unité de la droite, menacée de fractures autour du projet de loi immigration. L’homme commence sa journée par un rendez-vous matinal avec Bruno Retailleau. Le patron des sénateurs LR lui vante le durcissement du texte par la chambre haute, qui a adressé une copie musclée à l’Assemblée nationale. L’Aide médicale d’Etat y est supprimée, le regroupement familial durci et le versement des allocations familiales conditionné à cinq ans de résidence en France.Quelques heures plus tard, Laurent Wauquiez file à la réunion du groupe LR à l’Assemblée. Il est urgent de calmer le jeu. Le projet de loi Darmanin a envenimé les relations entre Bruno Retailleau et le patron des députés LR Olivier Marleix, qui souhaitait que le Sénat rejette le texte. L’élu du Lot Aurélien Pradié dénonce une “reculade” des sénateurs LR, coupables d’un compromis avec les centristes. L’ancien ministre joue l’apaisement. Il salue l’unité idéologique de son camp et appelle à ne pas antagoniser les deux chambres. “Il n’y a pas une feuille de papier entre nous à l’Assemblée et au Sénat sur l’immigration. Le Sénat a fait passer un tournant clair à ce texte, mais la question est ce qui va se passer à l’Assemblée”, explique-t-il.”Quel texte viendra dans l’hémicycle ?”Voilà la droite dotée d’un argumentaire. Elle applaudit le tour de vis de la droite sénatoriale, mais relativise sa portée politique. Le texte issu du Sénat sera en effet examiné à partir du 27 novembre en Commission des Lois de l’Assemblée. L’aile gauche de la majorité, qui y est bien représentée, promet de le déconstruire et d’envoyer une copie plus modérée en séance le 11 décembre. “Quel texte viendra dans l’hémicycle ?, s’interroge Olivier Marleix. Celui du Sénat ou un texte détricoté par la majorité et Sacha Houlié [NDLR : président Renaissance de la Commission des lois et ex-PS] ? Tout le sujet est là.”A court terme, ce brouillard sert la droite. Le président de LR Éric Ciotti et Olivier Marleix prennent soin de ne pas émettre d’avis définitif sur le texte de leurs collègues sénateurs et attendent la suite. Et puis, la droite défend à l’unisson sa proposition de loi constitutionnelle (PPLC) sur l’immigration, attendue le 7 décembre à l’Assemblée. Le texte permet de déroger au droit européen en matière migratoire et ouvre le champ du référendum à ce sujet. “Si la majorité s’oppose totalement à notre proposition et que le texte du Sénat est largement déconstruit, il n’y a aucune raison qu’on le vote”, juge Eric Ciotti.L’édifice bâti par LR est théorique… donc fragile. Nul ne peut prédire l’ampleur du remodelage du projet de loi immigration par la majorité. L’équation recèle plusieurs inconnues : que pèse arithmétiquement la frange de la majorité décidée à retravailler la loi en profondeur ? Quelles alliances de circonstances peuvent nouer gauche et Renaissance sur certains amendements ? Mystère. De l’intensité de la réécriture peuvent découler des dissensions internes à droite. Un cadre LR n’est pas loin de faire brûler un cierge au nom de “Saint-Houlié” : “Cela nous faciliterait la tâche que la majorité ramollisse le texte.” L’unité est à ce prix.”Une deuxième négociation s’ouvre”Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin mise en effet sur l’appui d’une quinzaine de députés LR pour emporter la mise. L’homme ne restera pas les bras croisés à l’Assemblée. Il échange avec des élus LR et sera attentif à ce que le texte ne soit pas dévitalisé par les troupes macronistes. “Après le Sénat, une deuxième négociation s’ouvre, davantage avec la majorité”, note un conseiller de l’exécutif. “Nous serons porteurs du compromis du Sénat à l’Assemblée”, assurait-on à Beauvau avant l’examen du texte par la chambre haute. Gérald Darmanin compte enfin s’appuyer sur l’inconstitutionnalité de la suppression de l’AME – un “cavalier législatif”, disposition sans rapport direct avec le texte – pour enterrer la mesure.La brume enveloppe le texte immigration. En témoigne le sort réservé à l’article 4 bis du texte, relatif à la régularisation des clandestins exerçant un métier en tension. Le dispositif adopté au Sénat durcit l’ex-article 3, chiffon rouge de la droite. Mais nul ne sait comment il sera modifié par la majorité à l’Assemblée. La droite ne parle d’ailleurs pas d’une seule voix sur la disposition sénatoriale. Bruno Retailleau vante un durcissement du droit existant, tandis qu’Olivier Marleix et Éric Ciotti affichent leur scepticisme. Ce flou ne sera pas éternel, il se dissipera dès le 27 novembre.



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Author : Paul Chaulet

Publish date : 2023-11-17 04:58:30

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Tags :L’Express

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