*.*.*
close

“Pluto” : le manga culte de Naoki Urasawa superbement adapté sur Netflix

“Pluto” : le manga culte de Naoki Urasawa superbement adapté sur Netflix



“Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?” s’interrogeait, en 1966, Philip K.Dick dans son roman emblématique, plus connu sous le titre de Blade Runner. Trente-sept ans plus tard, en 2003, Naoki Urasawa, mangaka de génie auteur des cultissimes Monster et 20th Century Boys, imaginait des androïdes vivant en (relative) harmonie avec les humain·es, non seulement capables de rêver, mais aussi d’aimer et de haïr, doué·es de sensibilité artistique, maniant la poésie, et buvant du thé pour s’accorder aux pratiques de leurs congénères biologiques. Seule distinction (de taille) : leur impossibilité de porter atteinte à la vie d’un·e humain·e, conformément à la première loi de la robotique établie par Isaac Asimov, en 1942.

Manga passionnant diffusé dans le magazine de prépublication Big Comic Original de 2003 à 2009, avant d’être compilé en 8 volumes, Pluto s’inscrit dans l’univers d’Astro le petit robot, shônen iconique d’Osamu Tezuka initié en 1952, qu’Urusawa, fidèle à son style, passe au filtre d’un techno-thriller haletant, reformulant l’éternelle interrogation du degré d’humanité qui habite la conscience artificielle. Sa récente adaptation en série sous pavillon Netflix s’impose comme l’un des anime incontournables de l’année, et l’une des créations originales les plus stimulantes du catalogue netflixien.

Une intrigue aux multiples visages

On y suit Gesicht, inspecteur d’Europol et robot ultra-sophistiqué, faisant partie des 7 androïdes les plus évolué·es au monde. Alors qu’une obscure série de meurtres secoue la planète, voyant des robots extrêmement puissants – ainsi qu’une poignée d’intellectuel·les investi·es dans la législation internationale sur la robotique – disparaître un à un, leurs corps (robotiques ou humains) retrouvés avec des cornes plantées dans le crâne, Gesicht devra s’allier à Astro et d’autres partenaires androïdes, pour la plupart vétérans de la 39e guerre d’Asie centrale, afin de démasquer l’intraçable meurtrier, dont on ignore s’il est humain ou robot.

Fascinante tout au long des 8 épisodes d’une cinquantaine de minutes qui la composent, Pluto dialectise à merveille les questionnements existentiels formulés par K.Dick ou Asimov, et sépare prudemment le grain de l’ivraie dès lors qu’il s’agit d’imaginer la cohabitation entre humain.es et androïdes, ne reculant devant aucune complexité, et cultivant brillamment les zones de gris. S’y creusent les soubassements théoriques d’une réflexion largement labourée par le champ science-fictionnel (mais toujours passionnante) et rendue matérialiste par notre époque contemporaine, et l’irruption dans notre quotidien d’intelligences artificielles toujours plus performantes.

Une animation sublime

En plus de quoi, Pluto jongle habilement avec les genres qui structurent son intrigue : le cyber-polar d’un côté, avec son inspecteur-robot usé par la vie, imper réglementaire sur les épaules ; et la fresque SF à grande échelle de l’autre, nous faisant voyager aux quatre coins d’une planète futuriste (parfaitement crédible), récemment sortie d’une guerre meurtrière ayant entraîné la disparition de dizaines de milliers de robots.

L’animation, sublime, est assurée par le studio Genco (à qui l’on doit notamment l’immense Millenium Actress de Satoshi Kon) et rend hommage au trait précis, et fourmillant de détails, d’Urasawa. L’argument massue pour se laisser tenter par la série ? À celleux qui hésitent, on est tenté de dire : Pluto deux fois qu’une.

Pluto, disponible sur Netflix.



Source link : https://www.lesinrocks.com/series/pluto-le-manga-culte-de-naoki-urasawa-superbement-adapte-sur-netflix-600576-17-11-2023/

Author : Léo Moser

Publish date : 2023-11-17 14:51:19

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags :Les Inrocks

..........................%%%...*...........................................$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$--------------------.....