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Au Palais de Tokyo, le “Vaisseau infini” de Dalila Dalléas Bouzar

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Un immense abri de textile posé au beau milieu d’un grand centre d’art contemporain parisien : l’initiative, à la fois spectaculaire et intimiste, accroche l’œil et se découvre autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. A sa source : un prix d’importance. Celui que, depuis 2009, l’organisation SAM Art Projects décerne chaque année à un artiste résidant en France, porteur d’un projet à l’étranger, hors des grandes places du marché de l’art, qui, une fois concrétisé, s’expose au Palais de Tokyo.Lauréate de l’édition 2021, représentée par la galerie Cécile Fakhoury, Dalila Dalléas Bouzar, qui est née à Oran en 1974, vit et travaille à Bordeaux. Pour élaborer ce projet démesuré, elle a puisé son inspiration sur le site de Tassili N’Ajjer, dans le désert du Sahara, au sud-est de l’Algérie. Ce gigantesque plateau rocheux abrite l’un des plus exceptionnels ensembles de gravures préhistoriques au monde. De quoi susciter la curiosité de l’artiste franco-algérienne qui s’intéresse à l’art rupestre depuis longtemps.Dalila Dalléas Bouzar (à g.) et les brodeuses Maram Bouzar, Selma Bouzar et Halima Benzita, à Tlemcen, en juin 2023.Au printemps 2022, elle a parcouru les lieux, réinterprété dans ses carnets ces peintures millénaires représentant des figures humaines ou animales, des symboles de végétaux ou encore des signes liés au genre et à la sexualité. Dalila Dalléas Bouzar a ensuite entrepris de faire broder ses dessins sur les 30 mètres de velours noir destinés à former une tente monumentale. C’est à Tlemcen, haut lieu du tissage algérien, que, sous sa direction, des brodeuses professionnelles et amatrices se sont attelées à la tapisserie. Un travail on ne peut plus complexe par sa dimension hors normes, qui a nécessité des heures et des heures de labeur, jusqu’à, parfois, défaire pour mieux refaire, car la créatrice a élaboré sur le vif son œuvre, chaque étape décidant de celle à venir.Opportunément intitulée Vaisseau infini et dressée au Palais de Tokyo jusqu’au 7 janvier, sous le commissariat de François Piron, cette structure originale, qu’elle a agrémentée de perles colorées, s’inscrit pleinement dans la démarche artistique de la plasticienne, qui questionne, notamment, la vision fantasmée de l’Orient, comme dans sa série Femmes d’Alger d’après Delacroix (2012-2018), ou l’histoire des dominations, avec sa revisite, en 2018, du Saint-Georges et le dragon de Raphaël. Dans les gravures ancestrales de Tassili N’Ajjer, qui remontent au néolithique, Dalila Dalléas Bouzar voit un “témoignage unique de l’histoire humaine et la représentation d’une utopie” : leur passé lointain renvoie, selon elle, à “un continuum qui nous transporte jusqu’à un futur infini, au-delà des questions dominantes constituant le passé récent de l’Algérie”.Dalila Dalléas Bouzar, “Vaisseau infini” (détail), 2023.Fruit d’un travail artisanal collectif, pensé comme “un espace méditatif, onirique, intime et ritualisé”, le pavillon de velours aux ornements délicats sollicite autant les yeux que les oreilles des visiteurs. Ils peuvent y pénétrer librement, mais aussi écouter les podcasts Vintage Arab réalisés par l’historienne Hajer Ben Boubaker ainsi que la création sonore de la DJ Paloma Colombe. Et peut-être même assister à une performance de l’artiste, exercice dont Dalila Dalléas Bouzar est familière, son processus créatif s’accompagnant souvent d’une mise en scène d’elle-même, aux frontières de la danse, du conte et du rituel.



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Author : Letizia Dannery

Publish date : 2023-11-18 13:00:00

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Tags :L’Express

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