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Industrie verte : quand la France s’inspire enfin des Etats-Unis, par Nicolas Bouzou

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Chacun devrait l’avoir compris : une stratégie de politique publique optimale doit aborder de front et d’un même geste les questions économiques, écologiques et sociales. L’amélioration des conditions de vie n’est pas possible sans croissance, sans productivité et sans innovation. La répartition de l’activité sur le territoire n’est pas concevable sans réindustrialisation – les services ont tendance à se concentrer dans les métropoles. La lutte contre les émissions de gaz à effet de serre émane de la décarbonation de nos processus de production. Haro sur les silos intellectuels et politiques, et sur la décroissance !Cette nécessité de traiter ces trois problématiques en même temps a été parfaitement comprise par l’administration Biden qui a conçu son désormais fameux IRA – Inflation Reduction Act – dans ce sens. Pour synthétiser, l’IRA consiste, pour sa partie la plus visible, en un vaste système de crédits d’impôt – une enveloppe de 400 milliards de dollars au total à dépenser sur dix ans – destiné à alléger le coût des investissements dans la décarbonation. Conjugué aux autres mesures en faveur de l’industrie, il aboutit à la montée en puissance fulgurante de la filière industrielle de l’économie verte, laquelle participe de la réindustrialisation ultra-rapide des Etats-Unis.Une copie de l’IRA américainLa première économie mondiale fait grandir son moteur productif. Ce pays, qui avait l’image d’un géant climatosceptique, surtout quand Donald Trump lui a fait quitter l’accord de Paris, devient, grâce à cette politique, l’un de ceux qui vont produire et exporter les technologies de décarbonation de la planète. Chapeau Biden, qui n’en tire par ailleurs guère de bénéfices dans les sondages. Injustice de la vie politique. Eh bien chapeau aussi à la France et à Bercy. Notre pays, au lieu de participer au concert des dirigeants européens unis dans la dénonciation de cette “concurrence déloyale”, est en train de se doter, dans le cadre de la loi de finances 2024, d’un outil similaire, dans sa conception et même, toutes proportions gardées, dans son ampleur budgétaire.Dans l’indifférence la plus totale – nous sommes toujours trop discrets quand nous faisons les choses bien -, notre économie aura à sa disposition à partir de janvier un crédit d’impôt pour l’industrie verte copié sur l’IRA américain. Ce dispositif permettra aux industriels de bénéficier d’un crédit d’impôt à hauteur de 20 à 45 % de leur investissement dans des technologies vertes. Ce n’est pas rien ! Ce soutien concerne tous les investissements nécessaires à la production de batteries, de panneaux solaires, d’éoliennes et de pompes à chaleur. Une telle baisse d’impôts va aider nos entreprises à innover dans cette filière verte et à exporter : bon pour l’économie, bon pour l’emploi, bon pour la planète et bon pour le moral.Le danger de la bureaucratiePour une fois, un pays Européen réagit par un acte politique à une initiative américaine, et c’est la France. Evidemment, se doter d’un tel dispositif n’est pas gratuit, raison pour laquelle, n’en déplaise à certains libéraux irréalistes, il est nécessaire de le cibler. Bercy prévoit un coût pour l’Etat de 500 millions d’euros en 2024, et une montée en charge jusqu’à 3,7 milliards d’euros lorsque la mesure tournera à plein régime. Vu l’enjeu, ces baisses d’impôts sont bien investies. Mieux en tout cas que les centaines d’aides dont peuvent bénéficier les PME pour leur transition écologique et qui n’ont absolument aucun impact, ni sur notre économie ni sur le climat. Ce qui peut être problématique avec ce crédit n’est pas son coût mais sa complexité. Que l’administration noie les entreprises sous des formulaires, des exigences administratives et des contrôles, et que les plus petites d’entre elles se découragent et laissent ce dispositif aux plus grandes, à l’image de ce que l’on voit avec le crédit d’impôt recherche, autre dispositif parfait sur le papier, voilà le danger.Voilà aussi la force américaine. Aux Etats-Unis, on soutient les entreprises et la charge de la preuve repose sur l’administration. En France, on “accorde” une aide aux entreprises et on met en place 10 000 garde-fous pour éviter des fraudes. Ne laissons pas cette excellente mesure devenir la victime du manque de confiance qui affecte notre société, et de la passion bureaucratique française. L’outil est magnifique. Faisons en sorte qu’il soit utilisé.Nicolas Bouzou est économiste et essayiste



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Author : Nicolas Bouzou

Publish date : 2023-11-18 08:00:00

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Tags :L’Express

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