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Face aux guerres et de plus en plus seule, l’Europe doit s’élargir… politiquement

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L’élargissement de l’Union européenne sera une question politique fondamentale des prochaines années. Envers les pays soumis aux ex-dictatures soviético-socialistes, l’Europe a un devoir historique et moral. Ces Européens tombés du mauvais côté du rideau de fer ont évidemment vocation à faire partie de ce club envié que constituent l’UE et le marché unique. Dix des anciens “pays de l’Est” l’ont rejoint en 2004 et 2007. Dans les Balkans occidentaux, Serbie, Monténégro, Albanie, Macédoine du Nord ont entamé depuis des années les négociations ­d’adhésion, et s’impatientent.Or le contexte n’est plus celui de 2004. Les Européens n’ont plus l’enthousiasme naïf des années 1990 et 2000, quand la chute de l’Union soviétique faisait croire à l’avènement d’une contamination démocratique dans un monde sans ennemi, débarrassé de la guerre froide. Le monde multipolaire d’aujourd’hui est menaçant. Même la France, longtemps opposée à l’élargissement de l’UE, a changé de position. En 2017, Emmanuel Macron avait été le seul à refuser l’ouverture des négociations avec l’Albanie et la Macédoine. En 2021, il s’était opposé à une adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie. Son initiative d’une Communauté politique européenne (CPE) incluant les Etats européens non membres de l’UE visait sans le dire à les faire patienter, voire à éviter leur adhésion. Depuis la guerre en Ukraine, le président français a changé d’avis, jusqu’à vouloir accélérer les négociations d’adhésion avec Kiev. Il a été suivi. La Commission européenne a donné un avis favorable au ­statut de candidat à la Géorgie, et recommandé les procédures d’admission pour l’Ukraine, la Bosnie-Herzégovine et la Moldavie, qui seront sans doute approuvées par les chefs d’Etat et de gouvernement mi-décembre.La solitude de l’EuropeDepuis le 24 février 2022, le monde a encore changé. Des guerres et des crises concomitantes donnent une nouvelle urgence à un élargissement plus poussé encore. La guerre d’invasion de l’Ukraine menée par Vladimir Poutine, le pogrom du 7 octobre 2023 commis par le Hamas islamiste et les représailles de l’armée israélienne à Gaza, le retournement des opinions mondiales contre le modèle démocratique occidental né après 1945, la perspective de l’élection américaine de novembre 2024 et d’un nouveau président qui pourrait remettre en cause le soutien des Etats-Unis à l’Ukraine et leur participation à l’Otan, l’affrontement sino-américain dont nous sommes condamnés à n’être que les spectateurs… L’étau se ­resserre. L’Europe prend conscience de sa solitude face aux grandes puissances amies que sont la Chine et la Russie, elles-mêmes chantres d’un Sud (plus ou moins) global de plus en plus hostile à l’Occident.C’est un défi crucial qui attend l’Europe, obligée à ne pas se diluer dans un élargissement devenu inéluctable. Si elle n’intègre pas ses alliés du continent dans une organisation qui pose comme principe d’adhésion le respect de l’Etat de droit, elle se condamne à être mise en minorité face à des grandes puissances qui cherchent à l’affaiblir. Si elle les accueille sans stratégie définie, elle risque de reproduire les erreurs commises lors de l’élargissement de 2004, qui a engendré des ressentiments et des ennemis de l’intérieur devenus opposés, comme Viktor Orban en Hongrie, aux valeurs de l’Union qu’ils avaient voulu rejoindre. Des experts ont publié un manifeste destiné à servir de base à la modification des traités européens. Mais l’UE devra aussi éviter de se perdre dans des réformes institutionnelles excessives qui exigeraient des référendums nationaux, lesquels, sur des sujets aussi complexes, incitent à sanctionner le dirigeant plus qu’à répondre à la question posée.Faudra-t-il une intégration à géométrie variable, comme le veut la France, ou ­indifférenciée, comme le souhaite l’Allemagne ? L’élargissement ne doit en tout cas pas être technocratique ou juridique. Le contexte international oblige l’UE à ­changer de nature. Pour les nouveaux comme pour les anciens, il ne s’agit plus seulement de participer à un grand marché ou de le rejoindre, mais de contribuer ensemble à un projet géopolitique, cette “autonomie stratégique”, impliquant une augmentation des budgets militaires. C’est le moment.



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Author : Marion Van Renterghem

Publish date : 2023-11-20 15:00:00

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