*.*.*
close

“Il va craquer” : pourquoi Darmanin (avec d’autres) doute d’Edouard Philippe pour 2027

"Il va craquer" : pourquoi Darmanin (avec d’autres) doute d’Edouard Philippe pour 2027




Est-ce parce qu’on arbore, dans son bureau, une épée de polytechnicien gravée à son nom, que l’on maîtrise l’art de la guerre ? A entendre et à lire Gérald Darmanin (jamais passé par l’X, mais propriétaire de l’objet depuis qu’il est venu en aide à l’association des anciens élèves), oui. Première règle : pas de trêve dominicale. Dimanche donc, c’est le jour choisi par le locataire de Beauvau pour lever un lièvre : Edouard Philippe, Edouard, son ami, “en a-t-il envie” ? Question posée benoîtement devant les lecteurs du Parisien. Pointe d’acidité glissée après une douceur : “Je trouve qu’Edouard Philippe est le mieux placé aujourd’hui [pour la présidentielle de 2027].” Enlacer puis piquer. Classicisme de l’offensive mais justesse du coup.Car le ministre de l’Intérieur exhibe ici l’interrogation qui emplit toutes les têtes dès que le nom d’Edouard Philippe pour succéder à Emmanuel Macron à l’Elysée en 2027 est avancé : l’ancien Premier ministre est-il ceinturé par la même retenue qu’Alain Juppé ? Le juppéisme – qui teinte le philippisme – est-il un immobilisme ?Bien sûr, le maire du Havre n’est pas l’ex-maire de Bordeaux : il n’a pas connu l’exil qui égratigne puis renforce l’orgueil, il n’a pas vécu dans l’ombre du gargantuesque Chirac. Et la vie politique a montré mille fois que de schéma il n’existe pas. Emmanuel Macron ne ressemble pas à François Hollande, qui ne ressemble pas à Nicolas Sarkozy, qui ne ressemble pas à Jacques Chirac. Mais Emmanuel Macron, comme François Hollande, comme Nicolas Sarkozy, comme Jacques Chirac ont semblé, tous, mus par une forme d’obsession. Et ce n’est certainement pas l’un d’eux qui aurait affirmé, comme Laurent Fabius : “L’envie, c’est pour le chocolat.” Darmanin, longtemps à l’école sarkozienne de la conquête virile, en conserve une foi dans la méthode. Vouloir c’est pouvoir.Alors, bien sûr, il contemple avec un peu d’effarement son aîné talentueux mais tellement plus calme. Pendant qu’à Beauvau “Gérald” vibrionne, “Edouard” affiche un stoïcisme troublant. Fragile ? “Edouard va craquer dès qu’un journaliste de BFM va lui mettre un micro sous le nez pour commenter je ne sais quelle polémique”, énonce sans une once d’hésitation un de ses camarades du temps de l’ENA. Retour aux sources, retour à Juppé. Comme lui, Edouard Philippe n’entend pas se muer en commentateur. Comme lui, il a une qualité et un défaut, qu’Antoine Rufenacht, son prédécesseur au Havre, résumait ainsi, avec la tendre et lucide malice qui était sienne : “Edouard est trop intelligent.” Comment imaginer alors céder aux sirènes de l’actualité et s’abîmer avec des sujets qu’il n’a pas choisis ? Comment supporter également la contradiction et la nécessité de faire campagne face à des compétiteurs peut-être moins talentueux ?C’est tout cela qui, même chez certains de ses proches, installe le doute. Il n’a pas échappé non plus à Emmanuel Macron et à son entourage que la vanité, parfois, étreignait son ancien Premier ministre. Cet été, avant le remaniement, le président, armé de cette conviction, réfléchit. Depuis qu’Edouard Philippe a quitté Matignon, Paris bruisse à chaque remaniement d’ampleur de la rumeur de son arrivée au Quai d’Orsay. Trajectoire trop juppéiste, et le ministre des Affaires étrangères, aujourd’hui, n’est plus qu’un diplomate, sous la coupe élyséenne. Non, pour l’appâter, il faudrait lui proposer un ministère où l’autonomie paraît encore immense, un ministère dont le locataire culmine haut dans l’ordre protocolaire ; et si ce scénario lui permettait en plus d’accentuer la rivalité entre deux prétendants à sa succession en 2027, c’est mieux. En ce sens, Bercy est tout indiqué. Occupé par Bruno Le Maire (nº 2 du gouvernement), avec lequel Edouard Philippe entretient des relations ambiguës et méfiantes, le puissant ministère de l’Economie correspond à la rectitude budgétaire et aux ambitions de ce dernier. Emmanuel Macron envoie un émissaire “tester” l’intéressé. Lors d’un déjeuner au tout début de l’été avec Benoît Ribadeau-Dumas – qui fut son directeur de cabinet à Matignon – et le fameux messager, le Havrais découvre la proposition.A partir de cet instant, deux versions de l’histoire existent. Du côté du courtisé, on jure que jamais n’a été envisagée une telle compromission. “Edouard a une stratégie, toute dédiée à labourer le terrain, écouter les gens… Qu’irait-il faire dans cette galère ?” questionne un des siens. Selon le même, Ribadeau-Dumas aurait également défendu ce point de vue :”Ne rien accepter, surtout pour ne rien faire.” Du côté d’Emmanuel Macron, on assure au contraire que l’ex-locataire de la Rue de Varenne était, cette fois, prêt à flancher. A condition, reconnaît-on, que le chef de l’Etat fasse l’honneur d’en parler lui-même à Edouard Philippe.Et puis quoi encore ! Quelques jours plus tard, c’est donc… Elisabeth Borne qui appelle Edouard Philippe pour lui proposer le ministère de… l’Education nationale. C’est dire si tout est conforme. Sans hésiter, il décline, comme L’Express l’a raconté, mais l’épisode laisse une trace dans les esprits des informés… Edouard Philippe est-il déterminé à se battre pour devenir en 2027 le candidat du bloc central ? “Seul lui le sait”, philosophent en un dicton commode ceux qui le connaissent bien et ne veulent ni le condamner avant l’heure ni pécher par naïveté. Se connaît-il lui-même ? Regarde-t-il avec indifférence, crainte ou envie ceux qui, comme Nicolas Sarkozy en son temps ou Gérald Darmanin aujourd’hui, paraissent prêts à toutes les agitations pour s’imposer ? Elisabeth Borne, trois jours avant la rentrée politique de son ministre de l’Intérieur à Tourcoing, hésite à s’y rendre. Doit-elle sacrifier son dimanche pour recadrer le turbulent ? Coup de fil à un ami. “Edouard, faut-il que j’y aille ?” Pas de temps pour un silence. “Bien sûr !” Edouard Philippe aussi sait piquer.



Source link : https://www.lexpress.fr/politique/il-va-craquer-pourquoi-darmanin-avec-dautres-doutent-dedouard-philippe-pour-2027-2M355CSKJFHTXOFDT3W243WI6M/

Author : Laureline Dupont

Publish date : 2023-11-20 13:25:22

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags :L’Express

..........................%%%...*...........................................$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$--------------------.....