Un week-end à faire pâlir les scénaristes de Netflix. Vendredi, à la surprise générale, le conseil d’administration d’OpenAI annonçait le licenciement de son patron Sam Altman sans s’épancher sur les détails si ce n’est son manque de franchise “dans ses communications avec le conseil, faisant entrave à sa capacité à remplir ses responsabilités”, et que l’instance n’avait donc plus “confiance dans sa capacité à diriger OpenAI”…Après deux jours de tumulte au sein du groupe, choqué par la rapidité et le manque de transparence de ce changement drastique, plusieurs médias américains relayaient qu’une partie des investisseurs, au premier lieu Microsoft, œuvraient pour faire revenir Sam Altman à la tête de l’organisation. Le génie de l’IA lui-même confirmait la tenue de négociations au sein des locaux d’OpenAI, souriait sur le fait qu’il s’agissait de la “première et dernière fois” qu’il arborait un badge “visiteur” au sein de l’organisation qu’il a lui-même co-fondé en 2015.first and last time i ever wear one of these pic.twitter.com/u3iKwyWj0a— Sam Altman (@sama) November 19, 2023Avant ce qui semble être la conclusion de ce feuilleton finalement expéditif. Ce lundi 20 novembre, Microsoft, qui a pourtant investi plus de 10 milliards de dollars dans OpenAI, a annoncé que le prodige de l’IA allait désormais poser ses cartons dans ses locaux, à la tête d’une “nouvelle équipe de recherche”. Il y retrouvera notamment Greg Brockman, lui aussi cofondateur d’OpenAI, qui avait fait le choix de quitter l’organisation en soutien à Altman.Altman au centre du jeuQu’est-il alors passé par la tête d’OpenAI pour se séparer de l’une des figures émergentes les plus influentes de l’intelligence artificielle ? Pour l’hebdomadaire britannique The Economist (libéral), ce bouleversement est le dernier épisode du conflit permanent entre deux camps en conflit dans le secteur, qu’ils catégorisent comme les “doomers” et les “boomers”. Les premiers craignent que “si elle n’est pas contrôlée, l’IA représente un risque existentiel pour l’humanité, et préconisent donc des réglementations plus strictes”. Les seconds, quant à eux, “minimisent les craintes d’une apocalypse de l’informatique et soulignent sa capacité à stimuler le progrès”.Sam Altman, lui, semblait nager avec habileté entre les deux camps, capable d’alerter sur les dangers que peut représenter l’IA, comme en mai dernier lorsque auditionné par le Congrès américain, il appelait à une plus grande régulation du secteur. “L’une de mes plus grandes peurs, c’est que nous, cette industrie, cette technologie, causions des dommages significatifs à la société”, s’inquiétait-il alors devant les sénateurs américains. Mais de l’autre côté, celui-ci semblait également pousser auprès d’OpenAI pour continuer à développer toujours plus rapidement l’IA du groupe.Un modèle complexeC’est bien la marche à suivre pour OpenAI qui semble avoir marqué sa scission avec Sam Altman. Avec au cœur des tensions, la question du modèle du groupe, complexe. Depuis sa création en 2015, l’entité OpenAI est une organisation à but non lucratif, revendiquant développer une intelligence artificielle éthique et positive pour l’humanité. Mais comme le rappelle CNN, en 2019, Altman et d’autres ont créé OpenAI LP, “une entité à but lucratif qui existe au sein de la structure de l’entreprise. Cette société à but lucratif a fait passer OpenAI d’une valeur nulle à une évaluation de 90 milliards de dollars en quelques années seulement – et Sam Altman est largement reconnu comme le maître d’œuvre de ce plan et la clef du succès de la société.”Qui dit entreprise à but lucratif, dit besoin de développer toujours plus vite ses activités et d’augmenter les profits. Et selon le New York Times (centre-gauche), c’est bien ce dernier aspect qui aurait poussé Ilya Sutskever, scientifique en chef chez OpenAI et membre du conseil d’administration, d’opter pour le licenciement de Sam Altman, craignant qu’il “ne se concentre trop sur le développement des activités d’OpenAI et n’accorde pas assez d’attention aux dangers de l’IA.”Une inquiétude qui semble se confirmer par le choix du nouveau dirigeant par intérim du groupe, Emmett Shear. Cofondateur de Twitch, qu’il a quitté en mars dernier, ce dernier n’a jamais caché ses craintes quant à une intelligence artificielle surdéveloppée et capable d’apprendre par elle-même.Pour OpenAI, une réputation bien endommagéeReste que la manière dont a opéré OpenAI pourrait bien avoir sérieusement entaché la réputation d’une entreprise à qui tout semblait sourire depuis le lancement de ChatGPT, en novembre 2022. Le média américain The Information rapportait ce dimanche qu’une douzaine d’employés d’OpenAI avaient déjà quitté l’organisation en soutien à Sam Altman, dont Mira Murati, la directrice technique emblématique du groupe, considérée comme l’une des créatrices les plus importantes de ChatGPT.Ceux-ci ont par ailleurs tous publié sur X (ex-Twitter) le même message ce lundi : “OpenAI is nothing without its people” (OpenAI n’est rien sans ses salariés), témoignant du conflit ouvert contre la direction de leur ancienne organisation.OpenAI is nothing without its people— Mira Murati (@miramurati) November 20, 2023En s’empressant d’embaucher Sam Altman, Greg Brockman et sûrement d’autres têtes pensantes d’OpenAI, Microsoft semble sauver les meubles d’une opération très coûteuse médiatiquement et qui aurait même pu faire plonger sa valeur en bourse. Mais dans un secteur ultra-concurrentiel, le géant de la tech pourrait également bien avoir récupéré l’une des figures montantes pour les prochaines années.
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Publish date : 2023-11-20 11:49:17
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