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Aux Etats-Unis, les fans de Trump galvanisés : “Il n’y a que lui pour sauver le pays”

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Jeannie est arrivée aux aurores. Cette jeune femme blonde a fait la queue sous un soleil de plomb pendant des heures pour être l’une des premières admises dans le stade près de Miami où se tient dans la soirée un meeting électoral de son candidat favori. “J’adore Donald Trump, déclare-t-elle avec fougue. Il défend l’Amérique, il nous défend. Après Dieu, il n’y a que lui pour sauver le pays.”Autour d’elle, en attendant leur idole, des milliers de supporters, dont une majorité de Latinos, déambulent sur le gazon synthétique du terrain de foot dans une atmosphère joyeuse. Aucun homme politique n’attire autant de monde ni ne suscite une telle adulation. A croire que l’on se trouve dans un rassemblement religieux plutôt qu’un meeting politique. Beaucoup arborent des tee-shirts et des casquettes avec des slogans à la gloire de l’ex-président, agitent des éventails à son effigie, d’autres se sont drapés dans d’immenses bannières décorées d’un “Trump 2024”. La grande attraction est de poser entre deux répliques en carton de Donald et Melania. Il y a également une longue queue pour acheter Notre voyage ensemble, un livre de photos sur ses années à la Maison-Blanche et se le faire dédicacer par Don Junior, son fils aîné.Curieusement, près de trois ans après son départ de la Maison-Blanche, rien n’a vraiment changé. On trouve dans les stands les mêmes slogans sur les tee-shirts : “Jésus est mon sauveur, Donald Trump est mon président”, “Donald Trump avait raison sur toute la ligne”, “Fuck Biden”. Malgré 91 chefs d’inculpation, deux impeachments, un premier mandat qui s’est achevé par une tentative de manipulation des élections et une insurrection au Capitole, Jeannie et ses partisans vouent toujours un culte à l’ancien président. Pour eux, déjà remontés à bloc contre le système qu’ils jugent pourri, les élites et les partis politiques, il est impossible qu’il ait tort. Etrangement, pour le défendre, ils emploient tous les mêmes arguments, au mot près. “Les inculpations, c’est des conneries, une chasse aux sorcières. Trump est honnête, il dit la vérité. Il est persécuté par un régime criminel car il ne fait pas partie de l’establishment”, s’insurge LaChelle, une cinquantenaire pétulante, spécialiste de médecine alternative. L’insurrection du 6 janvier qu’il a encouragée ? “Ça a été fomenté par la CIA. Les manifestants étaient des acteurs.” Pour Robert, chauffeur de taxi du sud de la Floride, “les procès n’ont qu’un but : le torpiller. Je suis surpris qu’ils ne l’aient pas encore assassiné.”Le public boit ses parolesSes multiples ennuis judiciaires semblent accroître encore leur ferveur. Lorsque finalement Donald Trump, avec plus d’une heure de retard, monte sur l’énorme podium, la foule l’accueille tel le Messie, debout, en chantant “USA, USA” et en tapant des pieds frénétiquement dans les gradins en métal, tout en immortalisant la scène sur les téléphones.Et pourtant, pendant près de quatre-vingt-dix minutes, il ressasse les mêmes mensonges, les mêmes griefs, la même vision apocalyptique de l’Amérique. La fraude électorale massive lui a coûté les élections en 2020, le pays est en déclin, envahi par les migrants, la drogue, le crime, menacé par la Chine et mené par un Biden corrompu… “On n’a jamais été aussi proche de la troisième guerre mondiale”, prophétise-t-il. Le public boit ses paroles. L’âge – il a 77 ans – n’a pas adouci sa rhétorique. Il attaque violemment Ron DeSantis, le gouverneur de Floride et son rival aux primaires, les migrants qu’il décrit comme un ramassis de fous sortis d’asiles psychiatriques et de repris de justice. Il se moque de “Joe le ripou” et l’imite en mimant une sorte de pantin déglingué. “Il serait incapable de monter les escaliers de ce podium”, assure-t-il parmi les rires. Mais est-ce l’heure tardive ou parce qu’il prêche des convaincus ? A la moitié du discours, les gradins commencent à se vider.S’il a choisi de se produire à Miami ce soir-là, c’est pour faire concurrence au débat télévisé qui rassemble ses rivaux républicains, dans la même ville, au même moment, à quelques kilomètres de là. Le meeting électoral se tient à Hialeah, une banlieue latino en plein essor peuplée de Cubains, de Vénézuéliens et de Nicaraguayens. Tous ont fui des dictatures de gauche. La popularité de Trump dans la communauté hispanique, jusqu’ici plutôt démocrate, ne cesse de croître. Selon un sondage Reuters/Ipsos, 36 % des Latinos sont prêts à voter pour lui contre 38 % pour Joe Biden, une tendance inquiétante pour ce dernier. Il faut dire que le favori aux primaires républicaines sait leur parler. Il tonne contre “les gauchistes-marxistes-socialistes-communistes” qui “sont en train de transformer les Etats-Unis en Cuba”. Il accuse l’administration d’essayer de mettre en prison ses opposants à la façon du régime cubain. “On veut Trump, on veut Trump”, scande la foule.Ses partisans voient son premier mandat comme une sorte de paradis perdu où tout allait bien, même si la réalité est un peu différente. “Il n’y avait pas de guerre, pas d’inflation, le prix du carburant était bas”, poursuit LaChelle, et il défendait “l’Amérique d’abord”. “Je ne vois pas pourquoi on envoie des millions à l’Ukraine ou à Israël. On a besoin de cet argent ici” : pour Alberto, un Vénézuélien arrivé, dit-il, légalement, “il a apporté plein de changements nécessaires, il a très bien géré le pays, l’immigration était sous contrôle à la frontière alors que maintenant, on a des millions de sans-papiers et de terroristes”. Eric Matheny, un avocat qui arbore un tee-shirt avec le slogan “Je suis antiavortement, pro-Dieu, proarmes et pro-Trump”, reconnaît qu’il n’est pas toujours d’accord avec l’ex-président. “Mais je préfère ses tweets vengeurs et une essence pas chère plutôt qu’un Biden creux et sénile. Et puis le monde était plus en sécurité quand il était au pouvoir. L’Amérique était forte et respectée. S’il revient, le Hamas et la Russie vont reculer.””L’Amérique retrouvera sa grandeur”Donald Trump, bien conscient de l’impopularité des guerres, a rajouté une section à son discours. Le Hamas et Vladimir Poutine n’auraient pas osé agir lorsqu’il était à la Maison-Blanche, mais ils profitent du fait que Biden est “faible”, martèle-t-il. “Pendant quatre ans, j’ai maintenu la sécurité de l’Amérique, d’Israël, de l’Ukraine.” Une fois réélu, clame-t-il, “on aura la paix partout dans le monde” et “l’Amérique retrouvera sa grandeur”. Il compte aussi révoquer les visas des étudiants sympathisants du Hamas, imposer de nouveau l’interdiction du territoire aux ressortissants de certains pays musulmans, et promet “la plus grosse opération de déportation de l’histoire de l’Amérique”, sous les vivats du public.Tous ses partisans n’ont aucun doute : il va l’emporter en novembre 2024, face à Joe Biden. Après tout, les médias de droite qu’ils regardent dépeignent ce dernier comme un vieillard gâteux à longueur de journée. “Bien sur qu’il va gagner puisqu’il n’a jamais perdu une élection”, affirme Rubin Young, un Noir enveloppé d’un grand drapeau à l’effigie du candidat. En attendant, le maire de Hialeah est venu faire une annonce à la tribune, aux côtés de l’ex-président : une avenue va être rebaptisée. Au nom de Trump.



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Author : Hélène Vissière

Publish date : 2023-11-21 06:15:00

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