“Ultra-libéral”, “anarcho-capitaliste”, “populiste”, “misogyne”, “vulgaire”… On a beaucoup glosé sur l’inclassable économiste argentin Javier Milei. Ce dimanche 20 novembre, les Argentins ont pourtant fait le choix de l’élire à la tête de la présidence de la République. Pour tenter de comprendre les raisons de cette victoire, et la faisabilité du programme que propose Javier Milei, L’Express a sollicité l’analyste politique spécialiste de l’Amérique latine au Center for Global Liberty and Prosperity du think tank libertarien le Cato Institute, Daniel Raisbeck.”Un libéral classique”. C’est ainsi que le spécialiste qualifie Javier Milei, au point de décrire tout au long de l’entretien, et de façon surprenante, une forme de cohérence intellectuelle. A rebours des analyses critiques du projet de dollarisation du pays porté par l’économiste argentin, Daniel Raisbeck explique que cela “reviendrait en fait à officialiser ce qui a déjà court dans le pays.” Entretien.L’Express : La victoire de Javier Milei vous surprend-elle ?Daniel Raisbeck : Je m’attendais à ce qu’il gagne les élections, mais peut-être pas avec une telle marge. L’une des raisons les plus évidentes est que Javier Milei s’est présenté contre le ministre de l’Économie Sergio Massa dans un climat économique extrêmement tendu. En Argentine, les prix ont grimpé de 140 % cette année, la monnaie nationale est complètement détruite – elle a perdu plus de 90 % de sa valeur par rapport au dollar en l’espace de quelques années. A cela s’ajoutent les prix fixes, les taux de change fixes, les taxes à l’exportation… Au-delà des facteurs économiques, Javier Milei s’est révélé être un formidable homme politique, capable de rendre intelligibles à la majorité des citoyens des idées libérales complexes. Enfin, je pense que le soutien de l’ancien président Mauricio Macri et de la candidate de centre-droit Patricia Bullrich (qui a été vaincue au premier tour) y sont pour beaucoup.Tout au long de cette campagne, Javier Milei a été présenté dans la presse comme le candidat “anti-système”, le “Trump de la pampa”, une “version argentine de Bolsonaro”. Qu’en pensez-vous ?Sans doute est-il anti-système en termes de “style”, mais c’est à peu près tout. Pour le reste, les comparaisons avec Donald Trump ou Jair Bolsonaro me semblent superficielles. Même si Javier Milei n’a jamais réfuté ces comparaisons, arguant d’une “affinité” concernant leur opposition commune à l’extrême gauche, elles n’en deviennent pas pour autant pertinentes.Donald Trump était un magnat de l’immobilier, Bolsonaro un ancien capitaine de l’armée. Milei est économiste. Sur le plan économique, Donald Trump est un nationaliste très attaché au protectionnisme. Il a mis en place des tarifs douaniers à l’encontre de la Chine et de l’Europe en particulier. Milei est un libéral classique qui souhaite que l’Argentine s’ouvre au reste du monde : l’une de ses principales propositions politiques est de se débarrasser de la banque centrale nationale et de la monnaie nationale !C’est aussi un libéral sur le plan social. Il a toujours défendu la définition du libéralisme inventée par l’économiste Alberto Benegas Lynch (NDLR : un professeur d’économie argentin) son mentor, selon laquelle le libéralisme classique consiste à respecter sans restriction les choix ou les projets de vie d’autrui et à défendre le droit à la vie, à la liberté et à la propriété. Aux États-Unis, on parlerait probablement de “libertarianisme”, mais je pense que sa ligne de pensée devrait être comprise selon l’interprétation européenne traditionnelle du “libéralisme”.Le programme de Donald Trump comportait aussi des propositions libérales, notamment en matière d’impôts et de protection sociale… N’y a-t-il pas un risque, comme pour Trump, que les orientations libérales de Javier Milei disparaissent une fois au pouvoir ?Ces propositions étaient les seules vraiment libérales dans le programme de Donald Trump. Ce qui a eu le plus d’impact, notamment pendant sa campagne, c’est sa rhétorique anti-immigration, son protectionnisme et sa guerre commerciale avec la Chine. De plus, les baisses d’impôts ne sont pas très efficaces s’il n’y a pas une réduction simultanée des dépenses publiques, ce que Trump n’a pas fait. A l’inverse, Javier Milei semble l’avoir compris.Beaucoup le présentent aussi comme un candidat d’extrême droite. Qu’en dites-vous ?Je pense qu’il est important de replacer le cas de Javier Milei dans le contexte historique de l’Argentine, qui a connu plus de 80 ans de péronisme, c’est-à-dire un mélange de politiques interventionnistes et étatistes (l’État travaillant en étroite collaboration avec les entreprises privées ou publiques et les syndicats). Javier Milei veut rompre avec cette philosophie politique et ramener l’Argentine au libéralisme classique, comme c’était le cas au XIXe siècle, avec la Constitution de 1853 connue sous le nom de “Constitution Alberdi” (NDLR : en référence à l’intellectuel Juan Bautista Alberdi qui en a jeté les bases). Alberdi soutenait que l’Argentine avait besoin d’une immigration libre, d’une industrie sans restriction, d’une liberté commerciale et d’un vaste réseau de chemins de fer. Analyser l’affaire Milei selon une grille de lecture extrême droite versus extrême gauche me semble inapproprié.Faut-il interpréter cette analogie entre “extrême droite” et “libéralisme” comme un manque de compréhension de ce qu’est le libéralisme ?Je pense qu’il y a beaucoup de malentendus à ce sujet. Si vous êtes de gauche, il y a de fortes chances que vous n’aimiez pas le programme économique de Milei. Peut-être que son programme est inhabituel dans le débat politique européen contemporain. En France, il y a certainement une tradition libérale héritée de Bastiat et de Tocqueville, entre autres. Mais je ne dirais pas qu’il y a une tendance libérale très forte dans la politique française actuelle. Ce qui s’en rapproche le plus, c’est probablement la ligne d’Emmanuel Macron, en particulier sur les retraites. Mais la ligne de Milei a plus de similitudes avec le fameux néolibéralisme anglo-saxon, en particulier la ligne économique d’une Margaret Thatcher.“Je ne vais pas m’excuser d’avoir un pénis. Je n’ai aucune raison d’avoir honte d’être un homme blanc blond aux yeux bleus”, a déclaré Milei lors d’une interview. Ce dernier a également dit qu’il n’y aurait pas de “marxisme culturel” dans son gouvernement et qu’il éliminerait le ministère de la Femme. Balayer le qualificatif d’extrême droite, n’est-ce pas aller un peu vite sur la misogynie que beaucoup dénoncent chez le personnage ?Je trouve remarquable qu’aujourd’hui, une déclaration de bon sens visant à ne pas s’excuser d’être né homme puisse être considérée comme “d’extrême droite”. En ce qui concerne les ministères, le libéralisme classique considère que le pouvoir de l’État doit être limité de manière à remplir certaines fonctions de base, telles que le maintien de l’État de droit avec un système judiciaire transparent et des forces de sécurité efficaces (qui respectent les libertés fondamentales). Par conséquent, la majeure partie de la bureaucratie qui a vu le jour dans les États occidentaux depuis le début du XXe siècle, et a fortiori au cours des 10 ou 15 dernières années, n’est pas vraiment nécessaire. Dans cette logique, l’existence de la plupart des entités gouvernementales actuelles est injustifiable. D’où la proposition de Milei de réduire le nombre de ministères argentins de 18 à 8 seulement.N’est-il pas incohérent de se dire libéral quand on est opposé à l’avortement, ou quand on propose de supprimer des ministères sans licencier de fonctionnaires ?En ce qui concerne la suppression des ministères sans licenciement, il y a effectivement une contradiction. Il est vrai qu’il est très difficile de licencier, car cela coûte très cher. Une façon de surmonter cette incohérence serait de relocaliser ces employés dans un ministère existant. Mais en ce qui concerne l’avortement, le fait est que les libéraux et les libertariens ne sont pas tous d’accord, du moins aux États-Unis, sur cette question. Certains sont tout à fait favorables, mais d’autres considèrent que la vie commence dès la conception. Or, d’après la définition du libéralisme à laquelle Milei se réfère et que j’ai citée plus haut, le libéralisme appelle à la protection de la vie. C’est un débat permanent pour les libéraux, et je ne pense pas qu’il suffise à déterminer si quelqu’un est libéral ou non.Son style excentrique et vulgaire ne devrait-il pas être pris en compte politiquement ?Nous avons déjà vu une version beaucoup plus modérée de Milei après le premier tour de scrutin en octobre. Il a dû adoucir son langage et son style de campagne afin de consolider l’alliance avec Bullrich et Macri et gagner des électeurs “centristes”, ce qu’il a fait avec succès. Le discours de victoire de Milei a également été très modéré. Je pense néanmoins qu’il faudra juger sa présidence en fonction de ses succès politiques (ou de leur absence) bien plus qu’en fonction de son style politique.“Non sans contradictions, son discours peut être inséré dans les nouveaux populismes de droite qui ont explosé après l’accession de Donald Trump à la présidence des États-Unis en 2016. Il s’agit d’une nouvelle Internationale dont Milei est un membre actif”, écrit le politologue Pablo Touzon dans un article publié sur le site de Chatham House. Qu’en pensez-vous ?En règle générale, j’évite d’utiliser le terme “populiste”, car il est devenu galvaudé. Peut-on imaginer un gouvernement populaire sans que les hommes politiques fassent appel à la masse des citoyens de leur pays pour soutenir leurs politiques ? Si nous devons vraiment utiliser ce terme, je pense que ce qui est populiste, c’est le kirchnerisme et le péronisme. Qu’y a-t-il de plus populiste que de vendre à son peuple des gains à court terme pour de la souffrance à long terme, puis de provoquer des niveaux d’inflation de 140 % et de dépenser, comme l’a fait Sergio Massa, des montants exorbitants avec l’argent des contribuables pour une campagne présidentielle ?Dans un article, vous avez écrit que “le phénomène Milei devrait être compris à la lumière de la propre histoire de l’Argentine, et non selon la politique contemporaine d’un pays voisin”. Une grande partie de l’Amérique du Sud est pourtant aux prises avec une importante crise financière, et la victoire de candidats radicaux s’est déjà vue dans certains de ces pays par le passé… N’y a-t-il pas un schéma récurrent en Amérique latine d’alternance entre les extrêmes ?Le seul autre pays d’Amérique latine ayant récemment connu des niveaux d’inflation à trois chiffres et une hyperinflation est le Venezuela. Or ce qui s’est produit politiquement dans ce pays est très différent du scénario argentin. Il n’y a pas eu d’élections vraiment libres et le régime responsable de l’inflation est toujours au pouvoir. En Argentine, malgré les politiques inflationnistes, les libertés civiles ont été maintenues – c’est ce qui leur a permis d’avoir des élections libres et équitables. C’est ainsi que Javier Milei a gagné : sur un rejet clair des politiques étatistes et inflationnistes. Ça n’a donc rien de comparable avec ce que nous avons connu ces dernières années en Amérique latine.Faut-il interpréter cette victoire comme un soutien aux idées de Javier Milei ou un rejet du péronisme ?C’est probablement une combinaison des deux. Il y a eu un rejet très clair du péronisme et des politiciens établis en général. Même Patricia Bullrich a échoué à se qualifier pour le second tour. Mais au vu de la campagne que Sergio Massa a menée pour décrédibiliser son projet politique, je pense que l’on peut interpréter sa victoire avec 55 % des voix comme une solide majorité acquise non seulement au personnage, mais aussi à ses idées.Parmi les mesures phares promises par Javier Milei figure la dollarisation. Celle-ci a été vivement critiquée, notamment par The Economist. Vous soutenez pourtant qu’il s’agit d’une bonne idée pour réduire l’inflation…Absolument. Il a déjà été prouvé que cela fonctionne dans trois autres pays d’Amérique latine qui sont déjà officiellement dollarisés : le Panama, l’Équateur et le Salvador. Dans ces trois pays, les niveaux d’inflation sont de loin les plus bas d’Amérique latine. Ces dernières années, le Venezuela s’est aussi officieusement dollarisé en autorisant plus librement ses citoyens à effectuer des transactions en dollars, et en très peu de temps, plus de la moitié des échanges ont été effectués en dollars américains. En réalité, c’est aussi le cas en Argentine dans une large mesure. Les Argentins possèdent déjà beaucoup de dollars, que ce soit à l’étranger ou “sous le matelas”, comme on dit.Ça n’a rien d’étonnant : lorsqu’une monnaie comme le Peso n’a plus aucune valeur, il est normal que les gens se tournent vers une monnaie saine pour protéger leurs économies. “Dollariser” l’Argentine reviendrait en fait à officialiser ce qui a déjà court dans le pays. Avec plusieurs avantages : de faibles taux d’intérêts (ou en tout cas beaucoup plus bas que dans les pays non dollarisés) ou encore l’absence de dévaluation de la monnaie, ce qui permettrait aux Argentins de maintenir leur pouvoir d’achat.L’économiste libéral argentin José Luis Espert affirme pourtant que la dollarisation serait “un saut dans l’inconnu car elle laisserait peu de place aux mesures de politique macroéconomique, comme la baisse de la demande intérieure par des chocs de dévaluation”.La dévaluation monétaire n’apporte qu’un soulagement à très court terme, voire aucun soulagement, car elle prive les gens de leur pouvoir d’achat. Sans parler du fait qu’elle implique généralement une hausse des taux d’intérêt pour empêcher la dévaluation de s’aggraver. Des taux d’intérêt élevés ont inévitablement un effet négatif sur la croissance économique.Pourquoi la dollarisation est-elle approuvée à plus de 90 % en Équateur après vingt ans ? Parce qu’avec la dollarisation, une défaillance du gouvernement n’affecte pas les citoyens ordinaires. Les Salvadoriens, qui ont connu une crise de la dette au début de l’année, l’ont également constaté. Les marchés des obligations ont prêté au gouvernement salvadorien à des taux bien supérieurs à 10 %, alors que le Salvadorien moyen peut obtenir un prêt hypothécaire sur 25 ans à 7 %. Cela n’aurait pas pu se produire sans la dollarisation. C’est pourquoi la dollarisation en Équateur, par exemple, est approuvée à plus de 90 % après une vingtaine d’années, et que personne ne souhaite vraiment revenir à une monnaie nationale.Selon The Economist, “les banques et les ménages argentins auraient besoin d’une injection de dollars pour redémarrer, ce que Javier Milei n’est pas en mesure de faire”.C’est une erreur. Les entreprises et les ménages argentins détiennent l’équivalent de plus de 50 % du PIB en dollars américains, que ce soit à l’étranger, dans des coffres-forts ou sous le matelas. Les dollars sont là. De plus, les processus de dollarisation créent un choc positif de confiance dans le système bancaire, de sorte que les gens commencent à déposer leurs dollars dans les banques. En ce qui concerne la monnaie en circulation, la dollarisation implique un processus au cours duquel le dollar circule en même temps que la monnaie nationale. En Équateur, le Sucre (NDLR : l’ancienne monnaie officielle de l’Équateur de 1884 à 2000) a circulé en même temps que le dollar pendant neuf mois en 2000, et les gens ont pu progressivement dollariser leur monnaie locale – les dépôts en dollars dépassant en peu de temps la valeur totale des Sucres en circulation. Au Salvador, il a fallu 24 mois pour que 90 % de la monnaie soit dollarisée dans le cadre d’un processus volontaire.Javier Milei propose également de réduire les prestations sociales et les dépenses de l’Etat. Cela ne risque-t-il pas de renforcer l’appauvrissement et de creuser le fossé entre riches et pauvres ?Si vous n’avez pas les moyens de payer ces dépenses, la situation sera encore plus problématique – surtout que, dans le contexte de l’inflation, financer l’aide sociale revient à imprimer de l’argent sans ressources réelles. Il est donc absolument nécessaire de réduire les dépenses. Le processus sera sans doute douloureux. Mais je ne vois pas d’autre solution pour corriger l’inflation, qui est la pire des taxes pour les citoyens les plus pauvres.Quel est l’intérêt de supprimer des ministères comme celui de la Santé ou de l’Éducation ?En Argentine, l’éducation est principalement gérée par les provinces de manière décentralisée – un peu comme aux États-Unis. Dans la pratique, cela pose la question de l’utilité du ministère de l’Education. Quant au ministère de la Santé, la proposition semble être de fusionner ses fonctions dans un autre grand ministère qui absorberait de nombreuses autres fonctions.Pour lutter contre la faillite de l’Etat, lui retirer toute utilité est-il la solution ?L’idée est de réduire la taille de l’État, en limitant son action à des fonctions de base comme la sécurité (qui est un enjeu important en Argentine) et la justice (au sein de laquelle il y a beaucoup de corruption à l’heure actuelle). Pour le reste, il s’agit de laisser le secteur privé prendre en charge de nombreux autres rôles que l’État avait l’habitude de monopoliser. Car si le secteur privé crée des emplois, cela signifie qu’il y aura plus de croissance économique. Et c’est de croissance que l’Argentine a besoin.Pour l’instant, le système de gouvernance que propose Javier Milei reste un mystère. C’est un novice en politique qui ne dispose d’aucune base, au contraire de Trump avec les Républicains ou de Bolsonaro avec l’armée. De plus, il risque d’être minoritaire au Congrès, avec peu de soutiens parmi les gouverneurs du système fédéral argentin, ainsi qu’au sein de la magistrature et des médias. En l’absence d’un soutien suffisant, peut-on s’attendre à un tournant autoritaire ?Milei ne pourra probablement pas mettre en œuvre l’ensemble de son programme car il devra passer par le Congrès – c’est pourquoi je pense qu’il devrait d’abord se concentrer sur la dollarisation. D’un autre côté, même si son parti n’est pas le plus important au Congrès, son alliance avec Patricia Bullrich et Mauricio Macri devrait former un bloc relativement solide à l’assemblée. Paradoxalement, je pense que Javier Milei aurait pâti de sa victoire au premier tour. Ayant à disputer un second tour, il a dû chercher des alliances pour consolider son soutien.Milei s’est présenté comme un nouveau venu au pouvoir, laissant entendre qu’il n’était là que pour “aider” l’Argentine. Le croyez-vous ?S’il prend au sérieux la philosophie libérale, cela ne me semble pas improbable. Bien sûr, le pouvoir corrompt souvent les politiciens, mais l’alliance avec Patricia Bullrich et Mauricio Macri – deux démocrates – me semble être un bon signe. J’aurais été plus inquiet si un candidat kirchneriste avait gagné, étant donné les scandales de corruption dans lesquels Cristina Fernandez de Kirchner et beaucoup de ses alliés ont été impliqués dans le passé, sans grandes conséquences.
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Author : Alix L’Hospital
Publish date : 2023-11-21 15:00:00
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