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Féminisme : cinq romans de science-fiction incontournables

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L’HUMANITE-FEMME, de Joanna Russ (1975)Sur la planète Lointemps, il n’y a plus d’hommes. Une épidémie les a tous tués. Mais les femmes, elles, ont survécu et sont parvenues à faire des enfants toutes seules. Venue de ce futur sans hommes, l’une d’entre elles arrive aux Etats-Unis dans les années 1970 et découvre l’hétéropatriarcat comme Usbek le persan découvrait la France de Louis XIV dans les Lettres persanes.Scientifique, lesbienne, militante féministe et auteure de science-fiction (rare : six romans seulement et des nouvelles…), Joanna Russ a lancé avec L’Humanité-Femme (déjà sorti en 1975 sous le titre L’Autre moitié de l’homme) un énorme pavé dans la mare d’un genre plutôt viril. La structure complexe du livre, qui fait intervenir d’autres personnages venus d’autres univers, permet à Joanna Russ d’aller au-delà de la satire facile, même si son humour caustique y fait merveille, et d’introduire une vraie réflexion sur la place de la femme dans nos sociétés. Fondateur en son temps, ce roman retrouve toute son actualité à l’heure des débats actuels autour du genre.Fondateur en son temps, ce roman de Joanna Russ retrouve toute son actualité à l’heure des débats actuels autour du genre.Traduit de l’anglais par Henry-Luc Planchat, Mnémos, 267 p, 20,50 €.LES DIEUX VERTS, de Nathalie Henneberg (1961)C’est moins son roman, au demeurant excellente fantasy, que son histoire qui vaut à Nathalie Henneberg de se retrouver dans cette liste. Née en Georgie en 1910 et morte en 1977 à Paris, elle a été de 1937 à 1959, date du décès de son époux Charles, la femme discrète d’un auteur de science-fiction dont les “space opéras” comme La Naissance des dieux ou Le Chant des astronautes mettaient en avant des super héros dans des contextes mythologiques. A la mort de Charles, Nathalie reprend le flambeau et publie des livres signés de leurs deux noms, puis de son nom seul, donnant en 1964 son chef-d’œuvre, La Plaie. Il paraît aujourd’hui certain que tous les livres de Charles ont été écrits par elle et que leurs éditeurs ont conseillé au couple de ne garder que cette étiquette virile. La même mésaventure est arrivée à Anne Golon, créatrice de la série Angelique, contrainte pour raisons éditoriales d’accoler au sien le nom de son mari Serge.Callidor, 288 p, 21 €.LA MAIN GAUCHE DE LA NUIT, de Ursula Le Guin (1969)Un diplomate terrien, Genly Aï, se retrouve en mission sur une planète, Gethen, dont les habitants sont asexués sauf quand, une fois par mois, une “poussée hormonale” les amène à devenir soit homme soit femme. Contraint de voyager avec l’un de ses habitants, Genly va découvrir à travers cette société sans genres un autre type de rapports. On ne peut transformer l’autre que si l’on accepte d’abord d’être transformé par lui, nous dit en substance Ursula Le Guin. Loin de tout militantisme direct, à l’inverse de Russ, elle nous invite à aller voir au-delà des différences pour redécouvrir une certaine essence de l’amour. La subtilité de l’écriture, la finesse des caractères et le souffle épique qui parcourent le monde glacial de Gethen font de ce roman devenu un classique l’un des plus grands chefs-d’œuvre de son auteure.Traduit de l’anglais par Jean Bailhache, Le Livre de poche, 333 p, 8,90 €.LA SERVANTE ECARLATE, de Margaret Atwood (1985)Gilead est le pire cauchemar des femmes. Dans ce monde très religieux, elles n’ont droit qu’à servir les hommes et leur offrir des enfants, devenus très rares à cause de la pollution. L’une d’elles, Defred (nom qui marque son appartenance à son maître), raconte sa vie de servante et ses relations à son propriétaire et à l’épouse de celui-ci. Peinture glaçante d’un monde purement patriarcal, cette dystopie vendue à huit millions d’exemplaires depuis sa sortie s’est imposée comme une réponse à Aldous Huxley (Le Meilleur des mondes) et à George Orwell (1984). Rapidement, Atwood élargit son propos féministe à la dénonciation globale des systèmes de pouvoir. Un film de Volker Schlöndorff puis une série qui, passée une première saison passionnante, s’épuise à répéter les mêmes figures, ont redonné célébrité à ce roman auquel son auteure a donné une suite, Les Testaments en 2019.Peinture glaçante d’un monde purement patriarcal, cette dystopie de Margaret Atwood s’est vendue à huit millions d’exemplaires.Traduit de l’anglais par Michèle Albaret-Maatsch, Pavillons poche, 544 p, 12, 50 €.POLLEN, de Joëlle Wintrebert (2002)Sur la planète Pollen, les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Et c’est voulu : les enfants naissant dans des cuves, on s’arrange pour qu’il y ait toujours deux femmes pour un homme. Les garçons sont ensuite exclus des instances de gouvernement, servent d’objets sexuels et ne sont représentés que par des conseillers sans réel pouvoir. Les hommes violents sont, eux, exilés sur une planète, Bouclier, où ils vivent de façon “traditionnelle” et assurent la défense de Pollen.Avec malice, Joëlle Wintrebert renverse les rapports entre sexes. Mais elle ne s’en tient pas à la satire. Car la révolte gronde et, fut-ce pour de bonnes raisons, une société ne peut vivre en marginalisant un tiers de sa population. La fable change alors de sens et, de féministe, devient universelle. Un tour de force qui renvoie dos à dos tous les sexismes, par l’une des cheffes de file de l’imaginaire français.Les poches du diable, 320 p, 9 €.



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Publish date : 2023-11-22 15:00:00

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