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La santé particulièrement touchée par la désinformation : l’alerte de la Fondation Descartes

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Consommer du citron congelé permet de combattre le diabète et certaines tumeurs. Confrontés à cette affirmation, plus de la moitié des 4 000 participants à une vaste étude menée par la Fondation Descartes, ont répondu… qu’ils ne savaient pas si elle était vraie ou fausse. Largement relayée sur les réseaux sociaux, elle est bien entendu totalement farfelue. Un résultat qui souligne le manque de recul d’une partie de la population face aux informations erronées en matière de santé. “Le jour où elles tomberont malades, ces personnes risqueront d’être happées par ce genre de croyances”, avertit Laurent Cordonier, sociologue et directeur de la recherche de la Fondation Descartes.Le Covid a montré à quel point la désinformation pouvait s’avérer délétère. Durant la crise sanitaire, les polémiques sur les traitements et les vaccins avaient largement fragmenté notre société. Mais il s’agissait d’une situation exceptionnelle, dans un contexte anxiogène. Qu’en est-il aujourd’hui ? A quel point les fake news médicales continuent-elles de nous empoisonner ? “C’est une question essentielle, car les fausses informations, quelles qu’elles soient, polarisent le débat public et fragilisent nos démocraties. Quand cela touche aux questions médicales, cela entraîne aussi des risques pour la santé”, poursuit Laurent Cordonier.Pour en savoir plus, la Fondation Descartes, née en 2019 pour s’opposer aux fake news, a conduit une grande enquête, dévoilée en exclusivité par L’Express. A première vue, les résultats semblent rassurants. Pour s’informer sur la santé, les Français indiquent faire d’abord confiance aux soignants, aux scientifiques et aux organismes publics (Organisation mondiale de la santé et autorités sanitaires). Ils assurent aussi recourir en priorité aux discussions avec leur médecin et aux informations des médias généralistes, et ne seraient que 25 % à utiliser les réseaux sociaux. “Il est probable que, tous canaux confondus, les désinformations ne représentent pour une majorité de Français qu’une très faible part de l’ensemble des contenus informationnels consultés quotidiennement”, analyse Laurent Cordonier.Des croyances non conformes à la science.Les idées erronées sur les vaccins sont très répanduesPourtant, même une petite quantité de fausses informations peut se révéler toxique. Dans une étude menée au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, les participants ont été exposés à cinq infox issues des réseaux sociaux sur les vaccins anti-Covid. Dans la foulée, leur intention vaccinale s’en était trouvée amoindrie. Or le travail de la Fondation Descartes montre une forte pénétration des croyances médicales fantaisistes dans notre pays. Ainsi, les idées erronées sur les vaccins sont très répandues (30 % des personnes interrogées pensent que les effets secondaires des injections contre le Covid ont tué 25 000 personnes en Europe, par exemple), tout comme celles sur l’alimentation (50 % croient que le chocolat noir peut soigner la dépression, et 46,2 % que les régimes détox sont utiles), ou sur les causes des cancers (le stress jouerait selon 75,9 % d’entre elles, comme les événements traumatiques pour 58 %, et les ondes électromagnétiques pour 54,4 %).Plus on s’informe sur la santé sur les réseaux sociaux, moins on a un bon niveau de connaissance.Autre symptôme troublant, la popularité des croyances au paranormal ou issues de la mouvance New Age, mais aussi des thérapies alternatives, auxquelles 80 % des Français disent recourir. Au point, pour 12 % d’entre eux, d’avoir déjà renoncé à un traitement médical au profit de ces pratiques à l’efficacité non démontrée, ou, pour 21 %, d’avoir refusé un vaccin pourtant recommandé par un médecin.Le succès du New Age et du paranormal.Pourquoi certains se laissent-ils ainsi convaincre ? Plusieurs facteurs semblent jouer, selon les analyses menées par la Fondation Descartes. Ainsi, un mode de pensée intuitif, où l’on se fie à sa première impression plutôt que de prendre le temps de réfléchir, semble prédisposer à croire les fausses informations. La religiosité, le manque de confiance en la science, la sensibilité aux croyances complotistes, de mauvaises expériences médicales et une moins bonne compréhension de la méthode scientifique entrent en ligne de compte. “Nos analyses montrent aussi que plus les personnes s’informent sur les réseaux sociaux, plus leurs connaissances en santé sont mauvaises, toutes choses égales par ailleurs”, constate Laurent Cordonier, qui appelle à une meilleure régulation de ces sites.”Combattre la désinformation, c’est vider l’océan à la petite cuillère”Une question qui sera abordée lors d’un colloque ouvert au public sur la désinformation en santé organisé par la Fondation le 30 novembre dans les locaux de l’Académie nationale de médecine à Paris*. Le récent règlement européen sur les services numériques (Digital Services Act) vise certes à responsabiliser les plateformes pour lutter contre les contenus illégaux en ligne. “Mais combattre la désinformation, c’est un peu vider l’océan à la petite cuillère. Il serait aussi nécessaire de promouvoir une information de qualité, dans les médias traditionnels comme sur les réseaux”, poursuit Laurent Cordonier. Parmi les pistes de réflexion portées par la Fondation : une meilleure spécialisation des journalistes, et la possibilité de faire émerger un écosystème d’influenceurs santé vertueux en ligne.Les soins alternatifs, une pratique courante.Il s’agirait ainsi de mettre en relation les médecins et chercheurs déjà présents sur les réseaux, puis qu’eux-mêmes se rapprochent d’autres influenceurs, pour les aider à améliorer la fiabilité de leurs informations et de leurs conseils. “Comme gage de leur bonne foi, les gestionnaires des plateformes pourraient favoriser la visibilité de ces créateurs de contenus. Techniquement, cela ne leur coûterait rien. S’ils refusent de crainte de perdre en audience, ce serait la preuve que leur business model repose sur la désinformation”, insiste Laurent Cordonier. Le combat ne fait que commencer.* Programme et inscriptions : www.fondationdescartes.org



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Author : Stéphanie Benz

Publish date : 2023-11-22 15:45:00

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Tags :L’Express

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