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“La Vénus d’argent” d’Héléna Klotz n’assume pas ses revendications

“La Vénus d’argent” d’Héléna Klotz n’assume pas ses revendications



Devant la vitrine d’un magasin de costumes de luxe, la silhouette d’une motarde se détache. Par jeu de transparence, son reflet se confond avec celui d’un mannequin sans visage puis brise la vitre pour s’emparer du précieux vêtement. C’est par cette séquence belliqueuse et étrangement sensuelle qu’Héléna Klotz choisit d’ouvrir son deuxième long métrage après l’enténébré Âge atomique.

Un personnage prometteur…

Un casse comme une intrusion dans la fiction pour un personnage, Jeanne Francoeur (la chanteuse Claire Pommet connu sous le nom de Pomme, convaincante), tout entier aimanté par un besoin irrépressible d’en sortir : sortir d’un milieu populaire (un père gendarme), sortir d’un genre féminin (Jeanne se bande les seins et se définit comme neutre), et de tout ce qui fait foi au pays de la règle et de la norme.

La façon par laquelle la cinéaste s’emploie à dépeindre son héros-héroïne, nourri par l’héritage de ces jeunes parvenus issus du roman d’apprentissage, habité par un imaginaire venu du comics (le costume et le blouson de cuir que porte Jeanne sont comme des capes alliées et protectrices), le rende fascinant à regarder, geek androgyne au corps frêle, génie des mathématiques, comme une version française d’une Lisbeth Salander (héroïne du best-seller Millenium).

… mais finalement trop superficiel

La Venus d’argent, film travaillé par la question de la mutation et du rafistolage (on se recoud la poitrine pour éponger le sang, on agrafe les ourlets d’un pantalon trop long, on coupe ou l’on cache tout ce qui dépasse), se trouve pourtant paralysé par un désir de tout assembler, de tout regrouper dans une même image. Ainsi, à ce récit d’initiation, s’ajoute le portrait glacial et cynique du monde de la finance, porte de sortie rêvée pour Jeanne, que la cinéaste expose, sans véritable recul, comme un décor baroque à la cinégénie captivante.

Maladresse aussi dans la manière dont le film tente de lier la non-binarité de Jeanne, traitée comme un maigre outil scénaristique à valeur théorique, à son itinéraire de transfuge de classe, ainsi qu’aux résidus d’une histoire d’amour entachée par la violence d’un viol. De ses belles ambitions, La Vénus d’argent, ne laisse alors que l’effleurement et la confusion de ses intentions.

La Vénus d’argent d’Héléna Klotz, avec Claire Pommet, Nils Schneider et Sofiane Zermani. En salles le 22 novembre 2023.



Source link : https://www.lesinrocks.com/cinema/la-venus-dargent-dhelena-klotz-nassume-pas-ses-revendications-601615-21-11-2023/

Author : Marilou Duponchel

Publish date : 2023-11-21 14:01:17

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