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Pourquoi il faut (re)lire “Traces”, l’autobiographie inclassable de Niki de Saint Phalle

Pourquoi il faut (re)lire “Traces”, l’autobiographie inclassable de Niki de Saint Phalle



Publié dans la nouvelle collection Hors-Série L’Imaginaire, Traces est un texte autobiographique inclassable : articulant souvenirs, dessins, réflexions, photos de famille, poésies, Niki de Saint Phalle (1930- 2002) analyse ce qui a fait d’elle la femme qu’elle est devenue. “Pour écrire son histoire, il lui faut un dispositif à sa disposition”, remarque la critique d’art Élisabeth Lebovici dans sa préface. 

Car Traces, publié pour la première fois en 1999, est plus une construction qu’une confession. La plasticienne confronte ses souvenirs à ceux de ses frères, étudie une histoire familiale faite d’allers-retours entre la France et les États-Unis, y décelant l’origine de sa propre incertitude identitaire. Elle retrace son enfance, évoque l’inceste que lui a fait subir son père, et fait surgir des scènes étonnamment violentes, nées d’une éducation rigide dans un foyer dysfonctionnel. “Chez nous, la violence était cachée ; seules comptaient les apparences.”

Peindre en tirant à la carabine

Tout ceci est appréhendé en regard de sa pratique artistique et son engagement féministe, depuis la création de ses Nanas, personnages emblématiques, à sa façon de peindre en tirant à la carabine. “J’ai toujours été une sauvage, une rebelle.” C’est aussi en relation avec ce passé qu’elle analyse sa relation avec son mari Jean Tinguely : “Nous sommes devenus les Enfants Terribles de l’Art. Nous étions des Bonnie and Clyde. Chacun encourageait la folie de l’autre.” 

Le plus émouvant est sans doute l’insertion dans ces pages de phrases manuscrites. L’écriture de Saint Phalle est ronde comme ses dessins et semble dévoiler tout un pan d’une personnalité où “l’enfant et l’artiste sont indissociables” : “J’ai senti que les angles droits et les lignes droites étaient aussi menaçants qu’Hitler. Seules les lignes courbes m’apaisaient.” 

Traces. Une autobiographie 1930-1949, de Niki de Saint Phalle. Préfaces d’Elisabeth Lebovici et de Catherine Meurisse (dessin), éd. Gallimard coll. Hors-série L’Imaginaire, 192 pages, 20 €. En librairie.



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Author : Sylvie Tanette

Publish date : 2023-11-21 14:12:42

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