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Management : ces quatre travers qui empoisonnent la vie des cadres

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“Le rôle d’un patron, c’est de prendre l’angoisse et de donner de l’énergie. Souvent c’est l’inverse, il vous refile son angoisse et vous pompe votre énergie.” Ce constat, sévère, n’est pas celui d’un salarié au bord de la crise de nerfs, mais provient de Xavier Huillard, l’actuel PDG de Vinci. Venu livrer une master class de management lors du colloque des 70 ans de L’Express le 18 octobre dernier, le patron du géant du BTP n’a qu’une seule ligne de conduite : partir du terrain. “Lors du Covid, nous n’avons pas fait des modes d’emploi de 200 pages qui donnaient par le menu comment organiser nos chantiers, nos concessions portuaires et aéroportuaires, nous avons fait confiance au gens de terrain, car eux savent beaucoup mieux que nous qui sommes un peu éloignés du terrain.”En une phrase, Xavier Huillard a trouvé l’antidote à deux styles de gouvernance qui empoisonnent nos organisations : le micromanagement, perçu comme le premier signe d’un environnement de travail toxique par 73 % des employés (enquête Monster août 2023), et l’excès de procédures, phénomène qui selon le philosophe Pierre-Olivier Monteil “multiplie les situations dans lesquelles nous nous trouvons embrigadés dans des conduites sans âme, que nous menons à bien pour l’unique raison qu’elles sont obligatoires et sans avoir toujours la conviction qu’elles sont appropriées” (Ethique de la pratique ordinaire, Pocket, 2021).Christopher Guérin, directeur général du fabricant de câble Nexans, a sa façon à lui de simplifier les process : “gouverner plutôt que diriger”. “Diriger conduit indubitablement à multiplier les niveaux de top management, c’est-à-dire à distribuer des galons, ce qui rend l’organisation complexe, peu agile, et coupe le haut de l’échelle de ses premiers échelons” (Pour aller dans le bon sens, le Cherche Midi, 2023). Le quinquagénaire a ainsi pris la décision de supprimer deux niveaux hiérarchiques sous le comité exécutif, poussant 40 dirigeants vers la sortie : “Le comité exécutif n’a jamais été aussi proche du terrain.”Le manque de confiance, un frein majeur à la performanceS’il faut bien un minimum de règles pour régir la vie en entreprise, le trop-plein nuit à l’action. Marine Balansard, directrice générale du cabinet de conseil Ariseal, en a fait l’expérience lors de son passage dans une grande banque : “Juste après l’affaire Kerviel, nous avons été ensevelis sous une avalanche de normes et de nouvelles procédures qui finalement nous empêchaient de travailler. C’était une réponse à la perte de confiance de la banque en ses opérateurs, mais la direction devait-elle vraiment envoyer le message à toutes les équipes qu’elle ne croyait plus en elles ? Je ne le crois pas.”D’autant qu’une culture de la confiance est un booster de performance au sein des entreprises. En témoignent les travaux menés en 2016 par le neuroscientifique américain Paul Zak : “Par rapport aux personnes travaillant dans des entreprises à faible confiance, celles qui évoluent dans des structures où celle-ci est forte ont 74 % de stress et 13 % de jours de maladie en moins, 106 % d’énergie, 50 % de productivité et 76 % d’engagement en plus.” Tout cela implique toutefois de repenser le rapport à l’échec. Et de mettre fin par la même occasion au troisième poison du management : l’insécurité psychologique. “Si vous voulez mobiliser l’intelligence collective, il faut d’abord assurer une sécurité émotionnelle aux collaborateurs, c’est-à-dire leur donner le sentiment qu’ils ont un devoir d’expérimentation et donc un droit à l’erreur”, plaide Xavier Huillard.L’insécurité psychologique est elle-même à la source d’un quatrième fléau, rarement évoqué : le manager fuyant, soit l’anti-control freak. Celui-là, bien que très bon technicien, ne décide de rien, préférant laisser pourrir les situations par peur de l’erreur. Au grand dam de ses équipes, qui sont déboussolées. “Ces managers-là n’affrontent pas les difficultés, pensant à tort qu’ils ne seront pas sanctionnés par leur hiérarchie”, décrit Marine Balansard, qui prévient : “Ne pas décider, c’est déjà une décision, dont il faudra à un moment ou l’autre rendre compte.” La solution ? “Cesser cette manie française de nommer les meilleurs experts à des postes de manager. Il y a bien d’autres façons de promouvoir les gens. Le management est un boulot à part entière.”



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Author : Laurent Berbon

Publish date : 2023-11-23 04:00:00

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