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Quand les patrons allemands envient la France : “Ces gens savent ce dont les entreprises ont besoin”

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Chez nos voisins allemands, le terme “Krankreich” (France malade) relève désormais de l’anachronisme. En septembre, le célèbre magazine allemand Der Spiegel complimentait la politique économique française, pointant l’inversion des dynamiques entre l’Allemagne et la France. Auprès de L’Express, le journaliste Michael Sauga, du Spiegel, nous enjoignait même à “regarde [r] les données, Macron a fait la bonne chose pour l’économie française”. Le 21 novembre (après avoir, en juillet 2023, également salué les “succès cachés de la France”) le non moins prestigieux The Economist s’est proposé d’expliquer “pourquoi les patrons allemands font “l’éloge” de la France”. “Les patrons allemands, frustrés par la coalition tripartite dysfonctionnelle au pouvoir, portent un regard admiratif sur le gouvernement français, qui donne la priorité aux affaires, courtise les dirigeants et promeut offensivement la France comme un lieu d’investissement et d’innovation”, décrit le journal.Les raisons de cet engouement ne tiennent pas seulement aux dysfonctionnements auxquels nos voisins sont confrontés. Certes, l’économie allemande est plombée par une nette chute de la consommation intérieure, tandis que son industrie souffre de prix de l’énergie trop élevés et d’exportations moins dynamiques vers la Chine et les Etats-Unis – là où la France, moins dépendante du gaz russe et des exportations chinoises, s’en sort mieux.Si les patrons allemands lorgnent l’Hexagone, c’est avant tout parce qu’ils considèrent que “les Français ont transformé leur façon de traiter avec les investisseurs et les entrepreneurs, souligne The Economist. Souvent critiqué pour son dirigisme, le pays semble avoir trouvé le moyen d’utiliser ses structures institutionnelles centralisées non pas pour contrôler les choses mais pour soutenir les entreprises du secteur privé, attirer les investisseurs et nourrir les entrepreneurs.”Difficile de contredire le magazine sur ce dernier point, alors qu’Emmanuel Macron multiplie cette semaine les événements autour de l’économie, notamment concernant l’export et l’investissement, avec l’ambition sous-jacente de rappeler son indéfectible soutien aux entreprises. Comment passer à côté, aussi, de l’opération Choose France – grand raout annuel mis en place par le même Emmanuel Macron, dont le but est de souligner l’importance des investissements internationaux et l’innovation en France ? La sixième édition s’est déroulée cet été au château de Versailles. “En tant que patronne d’une entreprise du Mittelstand de taille moyenne [NDLR : en Allemagne, le Mittelstand désigne un vaste réseau de petites et moyennes entreprise, souvent présenté comme la force de l’économie du pays], Mme Giesen [la directrice générale de Pfeiffer Vacuum, un fabricant allemand de pompes à vide] était ravie d’être assise à côté d’Elon Musk, le patron de Tesla, et de Lakshmi Mittal, un magnat de l’acier”, rapporte The Economist.”Ces gens savent ce dont les entreprises ont besoin”Les résultats sont là : en 2022, pour la quatrième année consécutive, la France a attiré plus de projets d’investissements directs étrangers (1 250) que tout autre pays de l’UE, d’après le cabinet de conseil EY. Davantage, donc, que le Royaume-Uni (moins de 1 000) et l’Allemagne (un peu plus de 750). Sur un autre plan, après la sortie du Royaume-Uni de l’UE, l’Ile-de-France a aussi attiré plus de 7 000 banquiers, analystes et autres employés des services financiers.L’autre pari payant, à lire The Economist, ce sont les clins d’œil du président au monde des affaires et sa tendance à placer des personnes qui en sont issues au gouvernement. Si, en France, ce penchant fait régulièrement l’objet de critiques, l’appréciation qui en est faite est différente en Allemagne, où presque aucun membre du Parlement ou haut fonctionnaire n’est issu du monde de l’entreprise. “Ces gens savent ce dont les entreprises ont besoin, commente The Economist, et les investissements qu’elles contribuent à attirer peuvent être politiquement utiles lorsque de nouvelles usines embauchent du personnel dans la “ceinture de rouille” française et d’autres régions qui ont tendance à voter pour les extrêmes.””Plus généralement, souligne le journal, la France réinvente discrètement la nature de la planification industrielle dirigiste.” Traduction : la tradition pompidolienne, qui voulait que l’Etat commande et les fonctionnaires exécutent, est révolue, même si le gouvernement en reste le chef d’orchestre – en témoigne la mise en place du plan France 2030, qui vise à investir 54 milliards d’euros dans les technologies futures et vertes. Pour illustrer son constat, le journal prend pour exemple Verkor, la start-up qui construit actuellement une usine de batteries d’une valeur de 2 milliards d’euros à Dunkerque, alors que la France ambitionne de faire des Hauts-de-France un “Silicon Valley” de la batterie.Dans l’ensemble, dans ce nouveau dirigisme qui n’en est plus un, l’Etat ne cherche plus à agir à la place des investisseurs privés et des entrepreneurs mais à les aider à agir. Cette ambition a tout pour séduire les patrons allemands. Et The Economist de citer Sven Janssen, investisseur allemand en capital-risque : “La France est désormais meilleure que l’Allemagne pour soutenir l’économie de marché grâce aux politiques publiques.” Le genre de compliment qui donne envie de lire plus souvent la presse étrangère.



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Author : Alix L’Hospital

Publish date : 2023-11-23 08:26:35

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Tags :L’Express

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