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Flambée de maladies respiratoires en Chine : faut-il craindre un nouveau Covid-19 ?

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Comme un air de Retour vers le futur en Chine. Le temps de quelques heures, le pays semble être revenu quatre ans plus tôt, fin 2019, lorsque des cas de pneumonie d’origine inconnue surgissent subitement dans les hôpitaux de Wuhan. Quelques semaines plus tard, le monde apprendra l’émergence d’un nouveau virus baptisé Sars-CoV-2, avant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère cette maladie, le Covid-19, comme une pandémie. Le monde, lui, se confine et les morts se comptent aujourd’hui par millions. Echaudée et critiquée pour son manque de réactivité en 2019, l’organisation sanitaire onusienne a donc décidé de réagir vite et fort quand elle a appris une hausse des cas de maladies respiratoires en Chine ces dernières semaines. De quoi raviver de mauvais souvenirs. Mais que sait-on réellement ?Tout d’abord, la première alerte ne date pas d’hier, mais du 12 octobre dernier. Ce jour-là, des pédiatres chinois évoquent dans le Global Times (un journal affilié au Parti communiste chinois) une augmentation des cas d’infections à Mycoplasma pneumoniae, une bactérie présente partout dans le monde et responsable de cas de pneumonie chez l’enfant et le jeune adulte. L’information passe relativement inaperçue, et les semaines passent. Le 13 novembre devant la presse, les autorités chinoises reviennent sur cette hausse des maladies respiratoires, qu’ils attribuent à l’abandon cette année des restrictions sanitaires anti-Covid et à la circulation d’agents pathogènes connus. Nouvel élément, mardi 21 novembre. Des médias officiels chinois et le système de surveillance mondial des maladies ProMED rapportent des cas de pneumonies chez des enfants dans le nord du pays. C’est à ce moment-là que le monde prend réellement connaissance de cette information. Dès le lendemain, le mercredi 22 novembre, l’OMS demande aux autorités chinoises des informations plus détaillées “sur une augmentation des maladies respiratoires et des foyers de pneumonie signalés chez les enfants”.Jusqu’ici relativement silencieuse, la Chine répond dans les 24 heures, conformément à la règle en vigueur. Jeudi soir 23 novembre, l’OMS indique que Pékin n’avait détecté aucun pathogène nouveau. “Les autorités chinoises ont indiqué qu’aucun pathogène nouveau ou inhabituel n’avait été détecté, pas plus que des signes cliniques inhabituels, y compris à Pékin et Liaoning, mais seulement la hausse générale du nombre de cas de maladies respiratoires dues à des pathogènes connus”, a déclaré l’organisation dans un communiqué. Elle recommande à la population de respecter “des mesures visant à réduire le risque de maladie respiratoire”. Déjà préconisées durant la pandémie de Covid-19 et durant les épidémies en général, celles-ci comprennent la vaccination, la distanciation avec les malades, l’isolement en cas de symptômes, des tests et soins en cas de nécessité ainsi que le port du masque.Services pédiatriques sous pressionLes épidémiologistes du pays l’assurent : à l’approche du premier hiver depuis la levée des restrictions zéro Covid, les niveaux naturels d’immunité contre plusieurs pathogènes (grippe, virus de la bronchiolite, Covid-19 et Mycoplasma pneumoniae) pourraient être inférieurs à la normale, entraînant une augmentation des infections. Une information confirmée il y a dix jours par Wang Quanyi, le directeur adjoint du centre de prévention épidémique de la ville de Pékin au Global Times : “Une recrudescence de Mycoplasma pneumoniae a été détectée depuis trois mois, mais la circulation de cette bactérie est en phase déclinante”. Une argumentation confirmée par la vague de froid qui frappe actuellement le nord de la Chine, et notamment Pékin, avec des températures négatives. La ville “entre dans une saison à forte incidence de maladies respiratoires infectieuses”, a rappelé mercredi à la presse Wang Quanyi. Si aucun chiffre n’a été officiellement divulgué sur le nombre de patients concernés, le média officiel Global Times fait état d’une augmentation “de 30 à 50 %” de la fréquentation du service pédiatrique de l’hôpital de l’Aviation, à Pékin, par rapport à la même période les années précédentes. D’autres villes, comme Tianjin ou Shenyang, respectivement éloignées de 150 et 700 kilomètres de Pékin, auraient des services pédiatriques “sous haute pression”.Contacté par L’Express, Hervé Fleury, professeur émérite au CNRS et à l’université de Bordeaux et auteur de Virus émergents et ré-émergents (Elsevier Masson), estime qu’il n’y a “rien d’inquiétant” à ce stade, et rappelle qu’il “s’agit du premier hiver après la fin du confinement Sars-CoV-2 en Chine, cela pourrait favoriser la circulation des virus hivernaux dans la population générale”. Rappelons que plusieurs pays occidentaux, dont la France, ont connu d’importantes vagues d’infections virales respiratoires au cours du premier hiver après la levée des restrictions liées au Covid. Pour les jeunes enfants en particulier, les confinements ont retardé l’âge auquel ils ont été exposés pour la première fois aux microbes ou virus habituels. Le virologue français se veut donc rassurant : “Il ne s’agirait pas d’une nouvelle virose émergente comme le Sars-CoV-2 fin 2019”. Et de nuancer : “Ces réponses semblent pertinentes et rassurantes mais il faudra surveiller les données de laboratoire sur l’identification des virus et bactéries impliquées”. Car le goût des autorités de Pékin pour le secret appelle nécessairement à la prudence. L’OMS avait en effet reproché aux autorités chinoises leur manque de transparence lors de l’enquête sur les origines du Covid-19. Cette enquête n’a toujours pas abouti à une conclusion définitive.Enfin, la bactérie Mycoplasma pneumoniae est bien connue, elle sévit de manière périodique tous les 3 à 7 ans, selon les périodes et les régions. Après avoir disparu des radars avec la pandémie de Covid en raison des restrictions sanitaires, elle a fait son retour dans de nombreux pays depuis le début de l’année. Et les chercheurs constatent une “accélération”. En France, plusieurs cas ont été signalés récemment, notamment en Île-de-France et dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, chez des enfants âgés de 5 à 10 ans.



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Author : Yohan Blavignat

Publish date : 2023-11-24 08:55:03

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Tags :L’Express

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