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“Blue Eye Samurai” est-il le meilleur anime de l’année ?

“Blue Eye Samurai” est-il le meilleur anime de l’année ?



“Japon, 1633, époque Edo. L’archipel ferme ses frontières au monde entier. Les enfants de sang mêlé, qu’à moitié japonais, sont considérés comme impurs, moins qu’humains, monstrueux. C’est alors qu’apparaît une légende. Celle d’un épéiste. D’un sabre. D’une vengeance…”.

Voilà pour la toile de fond de Blue Eye Samurai, série d’animation débarquée à pas feutrés sur Netflix début novembre, dans le tintement métallique d’un sabre fendant l’air, avant d’affoler les compteurs de la plateforme, et de subjuguer les rétines de ses abonné·es. 

Films de sabre et japonisme pop

Blue Eye Samurai raconte les tribulations de Mizu, jeune femme et épéiste émérite, dont les yeux bleus trahissent le métissage de son sang. Afin de mener à bien une quête de vengeance hissée en raison de vivre, elle se fait passer pour un homme, et plus exactement un rōnin (un samouraï sans maître), masquant les attributs de sa féminité, maniant le sabre comme personne. Dans un Japon féodal éternellement enneigé, elle traque sans relâche l’homme occidental qui a violé sa mère, dans le but de lui ôter la vie. 

Si ce pitch en rappelle d’autres, c’est que les créateur·ices américain·es de la série, Amber Noizumi et Michael Green, ont parfaitement digéré l’éventail d’influences ayant présidé à la fabrication de Blue Eye Samurai : du film de sabre patrimonial japonais, placé sous l’égide d’Akira Kurosawa, au film d’arts martiaux chinois (on pense à Tigre et Dragon d’Ang Lee), non sans quelques détours par les recyclages cinéphages d’un certain Tarantino, la série partageant avec Kill Bill son japonisme pop, exalté et exaltant. 

À quoi s’ajoute une couche de modernité, avec son héroïne dégenrée, ses femmes fortes et ses hommes à l’honneur spécieux, presque invariablement pleutres. Mais aussi une violence frontale (membres sectionnés et effusions de sang sont au programme), et un goût certain pour la nudité (on y visite de nombreux bordels), qui apparente parfois la série à une sorte de Game of Thrones du Japon féodal, et la catégorise de manière un brin volontariste par endroits, du côté des séries animées labellisées “pour adultes”.

Éloge de l’ombre

Redoutablement bien écrite, précisant avec brio personnages et enjeux, Blue Eye Samurai fascine plus encore par la qualité de son animation (sublime), sa mise en scène tantôt échevelée tantôt éthérée, et son sens prodigieux du découpage. Dans Éloge de l’ombre, essai célèbre paru en 1933 au Japon, l’écrivain Jun’ichirō Tanizaki s’attachait à définir la conception japonaise du beau à travers la description méticuleuse des particularismes architecturaux, esthétiques, culinaires et poétiques japonais, en opposition aux normes occidentales. S’y développait un éloge de l’ombre et du brumeux à la lumière, la frugalité à l’opulence.

Amber Noizumi et Michael Green font leur la doctrine de Tanizaki, cultivant à merveille le clair-obscur, ou plus exactement “l’incertaine clarté que sécrètent chandelles ou lampes à huile, ce battement du pouls de la nuit que sont les clignotements de la flamme”. Car si les scènes de duels et de baston, superbement animées, constituent l’écorce de la série, c’est plus encore dans ses interstices et ses accalmies que Blue Eye Samurai subjugue, restituant avec précision, et cette part d’ombre qui les constitue, les protocoles et us japonais : de la cérémonie du thé à un spectacle de bunraku (le théâtre de marionnettes japonais), en passant par la conception d’une soupe miso, délicieusement fumante. 

Réussite éclatante, Blue Eye Samurai est une belle surprise du catalogue Netflix, et sans aucun doute, l’anime de l’année.

Blue Eye Samurai, disponible sur Netflix



Source link : https://www.lesinrocks.com/series/blue-eye-samurai-est-il-le-meilleur-anime-de-lannee-602085-24-11-2023/

Author : Léo Moser

Publish date : 2023-11-24 15:36:29

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Tags :Les Inrocks

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