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“Conann”, “Orlando”, “Le temps d’aimer”… Voici les films de la semaine

“Conann”, “Orlando”, “Le temps d’aimer”… Voici les films de la semaine



Le temps d’aimer de Katell Quillévéré

Réparer les vivants (2016) était le titre de l’avant-dernier long métrage de la cinéaste. C’est ici le même dessein qui se profile pour ces grand·es blessé·es, ces éclopé·es aux cœurs amochés, marqué·es par des stigmates (le crâne rasé de Madeleine, la jambe malade de François, la couleur de peau de Jimmy, le déficit d’amour de Daniel…) et regardé·es comme d’émouvantes raretés. Des marginaux et marginales qui, le temps d’un film, auront un peu guéri.

La critique de Marilou Duponchel

Conann de Bertrand Mandico

Le film empruntant aussi bien à l’Orphée de Jean Cocteau qu’à l’heroic fantasy, il opère ses déplacements d’âges et de lieux avec des dispositifs renouvelés. Le conte segmenté et enténébré grouille, bouillonne, dégueule de ses propres mutations sauvages et cruelles. Et au milieu de tout, une imperturbable icône démoniaque, demi-déesse cynocéphale, enserre toutes les atrocités. Appareil en main, elle ne cesse de photographier les mort·es. C’est la beauté du pacte faustien selon Bertrand Mandico, son prix à payer : passer d’un monde à l’autre ne se fait pas sans dégâts, pour Conann comme pour nous. Il faut la mettre sous les feux des projecteurs, la barbarie est partout.

La critique d’Arnaud Hallet

Orlando, ma biographie politique de Paul B. Preciado

Le film est par-dessus tout traversé par une énergie insurrectionnelle sublime. Son projet politique est dissident : décorréler l’organe sexuel du genre, pouvoir par exemple avoir, comme le dit l’une des personnes, un “pénis féminin” pour finalement aboutir à une “abolition de la différence sexuelle à la naissance”. On y découvre un Paul B. Preciado qu’on ne connaissait pas encore, farceur donc, mais surtout cinéaste, créateur d’images à la puissance révolutionnaire folle.

La critique de Bruno Deruisseau

Les filles vont bien d’Itsaso Arana

Itsaso Arana peint la féminité et le déroulement d’un tournage comme une expérience collective qui réconcilie, panse les blessures en même temps qu’elle documente l’existence (ce foudroyant monologue lancé face caméra par l’actrice Bárbara Lennie qui déclare à son futur enfant : “Les films sont des lettres pour l’avenir”). Les filles vont bien, c’est une lettre en même temps que le pari de faire des films autrement.

La critique de Ludovic Béot

Perfect Days de Wim Wenders

Le film de Wenders n’est jamais aussi gracieux et émouvant que lorsqu’il s’attache à décrire rigoureusement cette matière de l’ordinaire, de l’Arte povera mis en images. Qu’elles soient contraintes (le travail, faire le ménage) ou de l’ordre de la distraction (lire un livre, aller au restaurant), ces petites tâches successives sont​​​ filmées avec la même sobriété, n’énonçant aucune discontinuité entre ces différents gestes.

La critique de Ludovic Béot

Augure de Baloji

Ce délitement du récit fabuleux et le glissement de sa matière vers le féminin sont ce qui passionne en premier lieu dans Augure, œuvre foisonnante, insaisissable, sur le mystique comme mode de vie et de contrôle – du corps des femmes notamment. S’y déploie un Congo fantasmagorique, écrasé sous le poids des traditions occultes et du patriarcat qui les entretient, où doivent évoluer plusieurs personnages considérés par les leurs comme zabolos, des “attaches” du diable.

La critique de Jérémie Oro

Cesária Évora, la diva aux pieds nus d’Ana Sofia Fonseca

Aux moult archives sont mêlés des témoignages de proches que l’on ne voit guère à l’écran, gloire étant rendue à la chanteuse, à sa maison de Mindelo et aux paysages cap-verdiens. Ayant exporté la morna aux quatre coins du monde, sa voix était aussi capable de répartie et d’humour grinçants. S’impose ici l’accomplissement d’une femme noire dont le tardif succès ne put lui faire oublier la précarité et un pesant patriarcat blanc.

La critique de Sophie Rosemont

Édouard Louis ou la Transformation de François Caillat

Le propos de ce portrait filmé est de (re)tracer une fois de plus les contours d’une métamorphose sociale qui a vu Eddy devenir Édouard. L’exercice n’a rien d’un ego trip complaisant. Au contraire : Louis revient sur les lieux de sa jeunesse, comme autant d’étapes de son éducation intellectuelle, avec une sincérité, une douceur et une tristesse aussi que viennent conjurer ses prises de parole face caméra, fulgurantes d’intelligence et de retournement de pensée.

La critique d’Emily Barnett



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Author : Robin Vaz

Publish date : 2023-11-28 16:14:31

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