Il fallait s’y attendre. L’inflation, la hausse des taux d’intérêt, et un contexte géopolitique toujours très tendu ont plombé les financements dans la tech européenne en 2023. Quelque 41 milliards d’euros (45 milliards de dollars) ont été injectés dans le secteur, d’après le dernier état des lieux réalisé par le fonds d’investissement Atomico, publié ce mardi 28 novembre. C’est presque deux fois moins que l’année précédente, à 81 milliards d’euros, bien loin du cap des 100 milliards atteints en 2021, et même en deçà des estimations initiales (51 milliards de dollars, soit 46,5 milliards d’euros). Voilà pour le verre à moitié vide. D’un autre côté, moins alarmiste, ce montant représente tout de même la troisième meilleure performance de l’histoire de la tech européenne derrière ces deux années folles dopées à l’argent magique. Puis, cette correction aurait peut-être été plus importante sans l’intérêt massif porté à l’intelligence artificielle générative depuis le lancement de ChatGPT, il y a maintenant près d’un an, le 30 novembre 2022.”L’IA est le domaine majeur de financement à l’amorçage (Seed), et a progressé plus rapidement que tout autre domaine, alors que de plus en plus d’entreprises s’appuient sur les avancées en matière de LLM (grand modèle de langage)”, note ainsi Atomico. Ce qui laisse espérer, en raison des différentes étapes croissantes de financement des jeunes pousses (seed, série A, B, C…), de nouveaux investissements encore plus conséquents en 2024 ainsi qu’en 2025. Mais sans attendre, des tours de table plutôt notables ont déjà eu lieu. “Onze entreprises de l’IA ont réussi à lever 100 millions de dollars ou plus cette année, malgré la baisse globale des niveaux de financement. Cela indique que l’appétit des investisseurs pour financer le secteur reste fort en dépit d’un environnement macroéconomique mouvementé”, poursuit Atomico. Parmi elles, la start-up allemande Aleph Alpha (500 millions d’euros) ou bien la pépite française Mistral (105 millions d’euros). Au total, sur sept nouvelles sociétés atteignant une valorisation supérieure à un milliard de dollars sur le continent – les fameuses licornes – quatre traitent spécifiquement d’IA : DeepL, Helsing, Synthesia et Quantexa.Comme l’ont récemment déploré les ministres français et allemand de l’Économie, ces premières mises placées sur l’IA restent néanmoins bien maigres comparées à celles de la Chine ou des États-Unis (jusqu’à 50 milliards de dollars d’investissements privés outre-Atlantique). D’ailleurs, même au sein de la tech européenne, l’intelligence artificielle demeure assez loin en volume de la “greentech”, qui accapare 27 % de tous les capitaux investis. Verkor, en France, a notamment explosé tous les compteurs avec une levée de fonds d’environ 850 millions d’euros pour la confection de batteries électriques.Mais il y a fort à parier que les sommes devraient s’envoler dans les années à venir. Le continent s’impose en effet comme “un leader mondial en matière de talent en IA, indique Atomico, chiffres à l’appui. Au cours de la dernière décennie, l’Europe a connu une croissance de 10 fois le nombre de personnes travaillant dans des rôles liés à l’IA et revendique une population résidente plus importante (120 000) de professionnels en IA hautement qualifiés que les États-Unis (108 000)”. La France, place forte de l’investissement tech dans l’Union européenne (plus de 7 milliards d’euros) – un cheveu devant l’Allemagne -, en accueillerait déjà 18 000 sur son sol, d’après Atomico. De très bon augure, en vue d’une remontada.
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Author : Maxime Recoquillé
Publish date : 2023-11-28 05:00:00
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