À Montparnasse, le cinéma Bretagne, deux écrans à son actif, avait ouvert en 1961 et abritait notamment la plus grande salle sur la rive gauche (et la troisième parisienne après le Grand Rex et l’UGC Normandie). Il ferme durant la période du Covid, mais, un espoir (éphémère) renaît : le Bretagne est cédé aux cinémas Pathé Gaumont en 2021. Seulement, entre une baisse drastique de la fréquentation et l’absence de modernisation du complexe, il ferme définitivement le 14 novembre 2023, après une dernière projection de The Marvels.
Sur la plus belle avenue du monde, le Gaumont Champs-Élysées Marignan ouvre en 1933 avec La Dame de chez Maxim’s d’Alexandre Korda (séance à laquelle assistèrent, entre autres, Louis Lumière, Françoise Rosay ou encore Coco Chanel). La même mauvaise nouvelle est annoncée : sa fermeture est prévue pour le 3 décembre prochain, mettant ainsi un terme à 90 ans d’activité.
Dans Le Film français, le motif avancé sonne familier : Pathé Cinémas, locataire des murs du complexe de 1 600 places, affirme que “le Gaumont Champs-Élysées ne répond plus aux critères de qualité que nous souhaitons pour nos spectateurs, et malgré tous nos efforts et les nombreux projets étudiés depuis de longues années avec nos bailleurs, aucun projet de remise aux normes et de modernisation n’a pu aboutir”.
De nouvelles pratiques chez les spectateur·rices ?
Si le magazine Elle pointe un changement dans les habitudes des cinéphiles, qui à Paris, semblent préférer les groupes UGC ou Mk2, connus pour une programmation plus éclectique, d’autres raisons semblent expliquer le phénomène dans son ensemble. Le secteur des Champs-Élysées par exemple, a vu son nombre de cinémas chuter de 20 à 5 complexes : ne restent désormais que l’UGC Normandie, le Lincoln, le Publicis, le Balzac et le Mac Mahon, soient des salles qui “résistent notamment grâce aux avant-premières et à la programmation de festivals”, et avec une identité forte dans leurs choix de programmation.
Ce n’est donc clairement pas la désertion des publics qui serait à l’origine de ces fermetures parisiennes, mais une profonde mutation. Dans le Figaro, Michel Gomez, délégué de la Mission Cinéma à la marie de Paris, promet toutefois “qu’il n’y a pas d’autres fermetures prévues”. Mieux, trois cinémas ouvriront dans la capitale en 2024 : “Le Pathé Palace à Opéra sera le plus merveilleux cinéma de la capitale, les spectateurs iront dans les salles en montant vers le ciel”, tandis que la Géode s’apprête à réouvrir du côté de la Villette et que le chantier de modernisation de la magnifique salle de la Pagode avance à bon train.
Les multiplexes semblent donc redoubler de compétitivité pour attirer le public, principalement en modernisant leurs salles pour offrir une expérience “premium”. C’est, par exemple, le choix du Pathé Parnasse (18,5 € le ticket pour des fauteuils larges et inclinables, moins de sièges et plus de places, une projection laser dernier cri) ou de la nouvelle salle du Grand Rex (qui a réduit son nombre de sièges pour les remplacer par des fauteuils en cuir inclinables, projection laser et bar haut de gamme à proximité).
Mais le délégué de la Mission Cinéma rappelle également qu’après la pandémie, ce sont “les salles de patrimoine comme celles du Quartier latin [qui] ont mieux résisté que les multiplexes”. Dans une récente enquête sur le cinéma de patrimoine publiée par le CNC, il en ressort par exemple que près de 90 % des Français regardent des films de patrimoine. Ce type de salles aux programmations éditorialisées continuent d’attirer un large public : le patrimoine a vendu 2,9 millions de tickets de cinéma en 2022, soit un résultat supérieur de 2 % à la moyenne pré-Covid de 2017-2019.
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Author : Nicolas Moreno
Publish date : 2023-11-30 10:00:46
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