Le fil de nos actualités ne le dément pas : les violences pénalement condamnables sont en très grande majorité une affaire d’hommes, le statut des femmes se résumant à celui de la victime. Les statistiques l’attestent : tandis qu’elles représentent par exemple 81 % des décès au sein du couple en 2021, elles ne représentent qu’environ 10 % des personnes condamnées par la justice et moins de 4 % de la population carcérale.
Alors pourquoi est-il capital de penser la violence des femmes ? Comme le résume Juliette Prouteau, chroniqueuse judiciaire et créatrice de Femmes coupables, en épilogue de son podcast : “Interroger la violence des femmes ne revient en aucun cas à minimiser les violences qu’elles subissent.
La violence des femmes doit être pensée en tant que phénomène marginal au regard de la violence masculine, et c’est bien cet aspect marginal qui justifie que l’on doive s’y intéresser, parce que pour appréhender tous les enjeux contemporains liés à la place de la femme dans nos sociétés, il est fondamental de revenir s’interroger sur la capacité de violence des femmes.”
De Véronique Courjault à Violette Nozière
Passée sous nos radars à sa sortie au début de l’été, cette série produite par la RTBF a été mise en lumière par le prix du podcast francophone lors de la dernière édition du Paris Podcast Festival. Le fil rouge des huit épisodes passionnants de Femmes coupables est de reconnaître aux femmes la capacité d’être violentes et d’accorder aux autrices de ces violences la même place que celle octroyée aux criminels masculins, tout en saisissant avec intelligence les particularismes liés à la violence féminine et surtout à la façon dont elle a été jugée de 1789 à nos jours.
De Véronique Courjault, condamnée pour un triple infanticide, à Anna Göldi, dernière femme exécutée pour sorcellerie en Suisse, en passant par les procès de la terroriste djihadiste Inès Madani, de la tortionnaire nazie Irma Grese, de Violette Nozière, condamnée pour parricide, de Marie-Antoinette à qui l’on coupa la tête ou de Monique Olivier, l’ex-femme du tueur en série Fourniret, Femmes coupables raconte huit trajectoires de femmes jugées dans une société patriarcale, qui ont bien souvent plus été condamnées en tant que mère, épouse ou fille que pour les crimes qu’elles avaient commis.
Le podcast belge jongle entre ces différents types de discours avec un remarquable art du montage
Comptes rendus d’audience, archives, entretiens avec des expert·es, récits et analyses : le podcast belge jongle entre ces différents types de discours avec un remarquable art du montage. Sans sensationnalisme excessif, mais avec rigueur et lucidité, Juliette Prouteau répond au cas par cas à son énoncé constitutif : que juge-t-on quand on juge une femme ? On espère ardemment une seconde saison.
Femmes coupables de Juliette Prouteau, réalisé par Anna Buy, préparé par Margot Page. Sur RTBF.
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Author : Bruno Deruisseau
Publish date : 2023-12-01 08:00:00
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“Femmes coupables”, un remarquable podcast sur la violence féminine
