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Elliott Erwitt, le plus français des photographes américains, est mort

Elliott Erwitt, le plus français des photographes américains, est mort



Il photographiait les chiens comme des personnes et les personnes avec un sens chirurgical de la composition. Un chihuahua, Khrouchtchev et Nixon, Hollywood, Marilyn, les rues de Paris et de New York, l’Europe de l’Est”… Sa curiosité semblait sans faille, son terrain de jeux sans limite. Elliott Erwitt, le plus français des photographes américains, l’homme des deux rives de l’Atlantique, magicien et clown du noir et blanc s’est éteint chez lui à Brooklyn le 29 novembre 2023 à 95 ans.

Né à Paris en 1928 de parents russes juifs orthodoxes qui avaient fui la révolution de 1917, Elio Romano Ervitz grandit en Italie avant un nouveau passage par la France puis le grand bond vers les États-Unis, poussé par la guerre qui s’annonce. Ne parlant pas anglais, il affirmait que sa timidité l’avait poussé vers la photographie, d’abord en dilettante, puis avec une intensité ascendante à partir de ses 16 ans.

De New York à L.A, de L.A à New York

De New York, la famille s’établit à Los Angeles où il étudie la photographie au Los Angeles City College et à la New School for Social Research. Il retourne en Europe dans les années 1950 puis s’engage dans l’armée comme assistant-photographe. Il enchaîne affectation et voyages en Europe, puis se pose à New York. Son travail ne laissera pas indifférent trois figures tutélaires de la scène photographique new yorkaise : Edward Steichen, Roy Stryker – qui dirigea la fameuse campagne photographique de la Farm Security Administration (FSA) – et Robert Capa. C’est sur son invitation qu’il rejoint à 26 ans, l’agence Magnum où va passer dans les décennies suivantes l’élite du photojournalisme.

Cette structure coopérative qui laisse la place aux récits longs et aux cheminements du photographe avec un minimum de pression va bien à Erwitt, sa figure légendaire et co-fondateur Henri Cartier-Bresson devient un ami, le polyglotte Elliott (il parle 4 langues) se voit proposer de nombreux reportages en Europe pour Life, Look, Holiday, ou encore Life World Library. Les commandes ne sont pas moins nombreuses aux États-Unis, entre célébrations plus ou moins appuyées de l’American Way of Life, portraits d’acteur·rices (grâce au réalisateur Billy Wilder), street photography élégante, le tout entrecoupé de campagnes de publicité, sans oublier son obsession des chiens, en fil conducteur.

Esprit facétieux, cette référence de la photographie humaniste professait qu’il “pensait très peu” et que la photographie était “un métier d’homme paresseux” qui ne requérait que “de modestes capacités”. Sa moisson d’images iconiques et les 20 livres qu’il laisse derrière lui contredisent ces saillies gentiment provocatrices de celui dont Henri Cartier-Bresson, qui pesait ses mots, pouvait dire: “Elliott a accompli un miracle à mes yeux, en travaillant sur une chaîne de campagnes commerciales et en offrant toujours un bouquet de photos volées avec une saveur, un sourire de son moi le plus profond”. 



Source link : https://www.lesinrocks.com/arts-et-scenes/elliott-erwitt-le-plus-francais-des-photographes-americains-est-mort-602998-01-12-2023/

Author : Elsa Pereira

Publish date : 2023-12-01 16:29:54

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Tags :Les Inrocks

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