Elisabeth Borne est arrivée à Mayotte, le département le plus pauvre de France et confronté à de multiples crises, ce vendredi 8 décembre. Accompagnée par deux ministres, Aurélien Rousseau (Santé) et Philippe Vigier (Outre-mer), la Première ministre a été accueillie par des chants traditionnels et des colliers de fleurs à l’aéroport de Petite-Terre où, dès son arrivée, elle a évoqué la pénurie d’eau, à laquelle les habitants n’ont accès qu’un jour sur trois.Si cette crise a motivé, au départ, son déplacement à Mayotte, cet archipel de l’Océan indien de 310 000 habitants, où Marine Le Pen a réuni près de 60 % des suffrages à la dernière présidentielle, est aussi secoué depuis plusieurs semaines par des affrontements entre villages, qui ont conduit à l’envoi de renforts en gendarmes.Après la visite d’une usine de dessalement qui doit être agrandie, Elisabeth Borne a assisté à une distribution d’eau en bouteilles. Une mesure qui, comme la prise en charge des factures ou les aides aux entreprises, va se poursuivre “aussi longtemps que nécessaire”. “Vous êtes bienvenue à Mayotte mais il y a un mais. Avant on vivait librement maintenant on est en prison” avec l’insécurité, l’a interpellée une élue locale. “Liberté égale à quoi chez nous ? La prison. Egalité égale à quoi chez nous ? La tuerie malheureusement” et “la fraternité égale à quoi chez nous ? La soif”, a-t-elle développé.”On voit bien que la crise de l’eau se rajoute à toutes les crises qui existent”, lui a répondu cheffe du gouvernement. L’archipel est confronté à sa pire sécheresse depuis 1997, aggravée par un manque d’infrastructures et d’investissements. Concernant l’insécurité, “la violence que vous vivez ce n’est pas normal”, a reconnu la Première ministre. La lutte contre l’immigration irrégulière et l’insécurité sont des “priorités absolues”, explique-t-on à Matignon. Elisabeth Borne doit d’ailleurs notamment annoncer un renforcement des moyens du plan Shikandra de lutte contre l’immigration irrégulière.Annonces sur la santéMatignon l’assure toutefois : “la politique du gouvernement à l’égard de Mayotte” doit aussi porter une “vision d’ensemble pour son développement” en matière d’écoles, de santé de logement. Elisabeth Borne doit ainsi ensuite visiter un bidonville qui doit prochainement être démantelé à Koungou. Elle y annoncera la création d’une opération d’intérêt national sur trois communes pour aider au relogement de ses habitants. Ce sujet fait débat sur l’île. Le député LR Mansour Kamardine considère ainsi que de nouvelles constructions entraîneront “un appel d’air” à l’immigration. La moitié de la population ne possède pas la nationalité française, selon l’Insee, même si un tiers des étrangers sont nés sur l’île. Et environ 30 % des logements sont de l’habitat insalubre.Au conseil départemental, Elisabeth Borne doit aussi signer une “convention financière” par laquelle l’Etat apportera 100 millions d’euros en 2024 à la petite enfance, dont les dépenses explosent avec la croissance démographique. Puis elle se rendra à l’unique hôpital de Mayotte, qui manque cruellement de soignants, pour y annoncer son extension ainsi que de nouvelles offres de formations pour attirer les infirmiers.Reste à savoir si toutes ces mesures seront à la hauteur des attentes des habitants. Cette visite d’une douzaine d’heures à Mayotte, la première d’un chef de gouvernement depuis Manuel Valls en 2015, coïncide avec le début de l’examen à l’Assemblée, lundi, du très sensible projet de loi immigration sur lequel Gérald Darmanin est en première ligne. Le ministre de l’Intérieur sera le même jour à Nice et Menton pour parler de l’immigration irrégulière. Il était venu dans l’archipel en juin pour défendre l’opération policière controversée Wuambushu de lutte contre l’habitat insalubre (les bidonvilles), la criminalité et l’immigration illégale.
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Publish date : 2023-12-08 09:10:29
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